PHILOSOPHIE
I. INTRODUCTION - Sources
ACCUEIL - AUTEUR - PHILOSOPHIE - THÉOLOGIE
Socrate - Introduction - Philosophie du Vivant - Philosophie morale - Philosophie première - Philosophie de la communauté


Deux principes m’ont servis de “fil conducteur” pour cet exposé (très) synthétique de (saine) Philosophie destiné à toute âme désireuse de Sagesse naturelle et, en particulier, aux croyants . . . ce pourquoi, nous citerons, ici ou là, des documents relevant de la foi chrétienne:

Une ascension en montagne se fait avec d’autant plus d’aisance que le sac à dos est plus léger! J’ai choisi de donner une synthèse ‘ complète’, cohérente et directe, qui permettra à l’âme d’atteindre une vraie sagesse naturelle. Cette synthèse se fera sans aucune digression culturelle sauf la courbe en cloche de la philosophie grecque (Aristote est la source principale de cette sagesse… St Thomas d’Aquin a commenté et développé-approfondi Aristote ... M.D.Philippe O.P. est un Maître incontesté de cette Sagesse en ce XXème siècle.) Il est remarquable que la Sagesse naturelle atteigne son “acmé substantiel” avant l’Ere chrétienne (cf. Socrate-Platon-Aristote). “Mise sous le boisseau” pendant plus d’un millénaire; redécouverte, elle sera finalement enseignée par mode d’autorité par les théologiens (scolastique décadente), car considérée comme un simple instrument de la réflexion théologique... d’où la “révolution cartésienne” --- justifiée, pour redonner son autonomie à la philosophie --- mais, partant d’un a priori ‘idéaliste’ ( ‘je pense, donc je suis’, typique pour un mathématicien!), cette ‘révolution’ aura pour fruits ultimes les athéismes! ... de la révolte contre la tutelle exercée par la théologie, à la révolte contre Dieu. Hélas!
Des Athéismes : Les facultés spirituelles par où l’homme est à l’Image de Dieu sont défigurées : (a) l’intelligence métaphysique est niée (Kant), d’où une exaltation des connaissances scientifiques, dites positivistes (seul ce qui est mesurable existe) (Comte); (b) la volonté est déroutée, pervertie, par l’exaltation d’une pseudo-liberté (Sartre), qui prétend mettre la personne humaine au-delà du bien et du mal. En conséquence, l’homme n’est plus qu’un être psychique (conditionné par le ‘sens’, ce qui le met en-deça du bien et du mal) (Freud), un être sociologique (partie d’un tout ... la personne est réduite à l’individu, membre d’une communauté ... l’homme travailleur) (Marx), un être physiologique (à la recherche d’un milieu de vie qui lui convienne ... évolutionnisme) (Huxley,Rousseau). L’homme pourra se déifier (idéalisme extrême - Brunschvicg) ou vouloir supprimer toute trace du Créateur (Nietzsche) !

“L’oiseau a besoin pour voler de ses deux ailes” (Jean Cassien, Conférences, IVe s.)à savoir de la grâce et de la nature. Tout mépris de la saine Philosophie n’est pas un bon signe: “ On sait l’importance que l’Eglise attache au pouvoir qu’a l’intelligence humaine de démontrer, avec certitude, l’existence d’un Dieu personnel … -“La Sainte Eglise, notre Mère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de l’intelligence à partir des choses créées : ‘Depuis la création du monde, Ses perfections invisibles se laissent voir à l’intelligence, par Ses oeuvres, Son éternelle puissance et Sa divinité ...’(Rm.1.20)” (Vat.I, D.F.) -... L’intelligence, toutefois, n’arrivera à s’exercer ainsi, avec justesse et sûreté, que si elle a été formée comme il convient; c’est-à-dire si elle a été pénétrée de cette Philosophie saine… Cette philosophie reçue et communément admise dans l’Eglise défend l’authentique et exacte valeur de la connaissance humaine, les principes inébranlables de la Métaphysique… enfin la capacité d’arriver à une vérité certaine et immuable… Que le chrétien, philosophe ou théologien, n’embrasse donc pas avec précipitation et légèreté toutes les nouveautés du jour, mais qu’avec grand soin, il pèse ces pensées, les mette en une juste balance, crainte de perdre la vérité qu’il possède ou de la contaminer, avec de grands dommages et de grands risques, pour la foi elle-même…” (Pie XII, Enc. Humani Generis).
Jean-Paul II affirme : “La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité.”(Enc.Fides et Ratio, introduction).--- “Il faut espérer que cette grande tradition philosophico-théologique trouvera aujourd’hui et à l’avenir des personnes qui la continueront et qui la cultiveront pour le bien de l’Eglise et de l’Humanité.”(id,74) --- “Tandis que je ne me lasse pas de proclamer l’urgence d’une Nouvelle Evangélisation, je fais appel aux philosophes pour qu’ils sachent approfondir les dimensions du vrai et du beau, auxquels donne accès la Parole de Dieu”(id.103) --- “Je désire rappeler avec force que l’étude de la philosophie revêt un caractère fondamental et qu’on ne peut l’éliminer de la structure des études théologiques et de la formation des candidats au sacerdoce.”(id.62) --- “La Métaphysique se présente comme une médiation privilégiée dans la recherche théologique (cf.Nicée ... consubstantiel).”

Dans notre monde (Occidental en particulier) hyper-intellectualisé, Dieu attend – normalement – notre coopération pour purifier et éclairer notre vie spirituelle naturelle: “Tout ce qui se peut faire par l’industrie et par le conseil humain, Dieu ne le fait, ni ne le dit, encore qu’il traite longtemps très familièrement avec l’âme.” (Jean de la Croix, M.C. II.22).


REFLEXIONS FONDAMENTALES SITUANT LA DEMARCHE PHILOSOPHIQUE

Oeuvre de connaissance ... OEUVRE DE L’INTELLIGENCE ... vie de l’esprit ...
Cette oeuvre est portée par le DESIR de connaître et l’AMOUR de la VERITE ... intelligence et volonté coopèrent intimement :

AMOUR : complaisance
envers la fin qui attire
DESIR : cheminement
patience, persévérance
JOIE : intérieure, spirituelle,
fruit de la fin “possédée”

Aristote affirme : “Tous les hommes désirent naturellement savoir” (Métaphysique,A1) et ce désir implique admiration-étonnement en face de ce que l’on découvre-expérimente, ‘voit’, ‘touche’, ... d’où les interrogations de notre intelligence : l’interrogation est signe-source de la vie de l’intelligence; elle fortifie le désir et le désir lui-même suscite l’interrogation (c’est la démarche même du scientifique).

Quelques interrogations - types :

  • Ne suis-je qu’un système physico-chimico-physiologique, ou bien y a-t-il en moi quelque principe spirituel qui échappe à la connaissance scientifique ? Quelle est la structure ‘organique’ du vivant-homme ?
  • Qu’est-ce que la personne humaine ? Ne suis-je qu’un existant fini, limité, voué à la mort, au néant ? Y a-t-il une Personne qui soit son “exister” ? Que puis-je connaître de sa manière de vivre, d’agir ?
  • Quel est le vrai bonheur de l’homme : amour d’amitié, création artistique, contemplation, exercice de la justice et de la miséricorde ? Qu’est-ce que la responsabilité, la liberté ? Ne suis-je qu’un individu finalisé par le système “économico-banco-industriel “ ?
  • Jean-Paul II : “Qui suis-je ? D’où viens-je et où vais-je ? Pourquoi la présence du mal ? qu’y aura-t-il après cette vie ? “ (F.R.1).

En présence de telle réalité - ayant tout particulièrement une grande ‘ richesse intérieure’- cinq questions-types peuvent se poser :

  • Qu’est-elle ? ... sa(ses) détermination(s) ... . En quoi, de quoi est-elle ? ...fondement...
  • D’où vient-elle ? De quoi est-elle source? ... ‘jeu’ des causes-effets dans le devenir ...
  • En vue de quoi, pourquoi est-elle ? ... sa finalité ... . Sur le modéle de quoi ?

Ces interrogations sont reliées aux cinq causes formelle - matérielle - efficiente - finale - exemplaire (resp.).
Le fondement-source de la connaissance philosophique est l’expérience. L’intelligence interroge cette réalité que nous expérimentons; elle accepte la médiation des sens; elle se laisse enseigner par “ce qui est ”; d’où le réalisme foncier de la connaissance philosophique. Seule cette attitude permet de rejoindre l’Autre et les autres, et donc d’épanouir notre dimenion affective, de coeur. Si l’intelligence rejette la médiation des sens et s’enferme dans son auto-réflexion, elle s’exalte elle-même, ne peut plus rejoindre l’autre, et défigure l’homme, la personne humaine. Si elle se finalise dans l’exercice du pouvoir-puissance que lui donne la technologie, elle peut aller jusqu’à réaliser la destruction du milieu de vie propre à l’homme.
C’est l’attitude même du scientifique qui, par ces sens de surcroît que sont les instruments techniques, se laisse enseigner par ce ‘qu’il expérimente’. Mais, l’expérience philosophique se distingue essentiellement de l’expérience-expérimentation scientifique axée sur le ‘mesurable’. D’autres modalités d’expériences existent : expériences utilitaires de l’artisan, du technicien, de l’ingénieur; expériences pratiques du chirurgien, du guide de montagne, du marin, etc; expériences affectives sensibles, ‘spirituelles’. . . .

L’humilité de l’intelligence, qui accepte de se laisser enseigner par l’expérience - celle qui implique la médiation des sens - et par ceux qui savent - Aristote “Le maître de ceux qui savent”(Dante) et les maîtres-guides en sagesse -, est l’attitude-source permettant d’entrer et de progresser en la Sagesse naturelle. Ce cheminement demande entre maître et disciple de se faire dans un climat d’amitié : “Les philosophes antiques considéraient l’amitié comme l’un des contextes les plus adéquats pour bien philosopher “(Jean-Paul II, F.R.) ... cependant l’amour de la vérité ne peut être trahi par l’amitié : “Platon et la vérité, je les aime tous les deux, mais la vérité plus encore” nous dit Aristote (cf.Ethique à Nicomaque).
Hélas! Cet amour et ce désir de la vérité sont mis sous le boisseau au profit de la rentabilité immédiate, efficace, par notre culture toujours plus artificielle, “non ouverte à la contemplation”. La connaissance est dangereusement orientée vers l’acquisition de pouvoirs!


DIVERSES PARTIES STRUCTURENT LA PHILOSOPHIE
, DONT L’UNITÉ EST ANALOGIQUE (analogue à celle du Corps Vivant) :

(a) Philosophie de la nature regardant l’Univers physique et notre insertion dans cet Univers (fondée sur les sensibles propres ... et dont le développement est très modeste). (b) Philosophie du vivant traitant d’une manière complète et exhaustive du vivant-homme ... ne convient-il pas de se connaître pour orienter et finaliser notre vie? (c) Philosophie première ou Métaphysique découvrant l’Etre premier au terme d’une analyse profonde de “ce qui est”, et assurant la défense-justification de cette Sagesse naturelle. (d) Philosophie humaine morale permettant de découvrir la finalité propre de la personne humaine ...vertus, responsabilité, amitié, contemplation... elle implique la connnaissance-saisie de ce qu’est l’homme comme vivant . (d’) Philosophie de la communauté ( ou politique ) considérant les diverses communautés et leurs formes de gouvernement ... la personne, en effet, est membre de multiples communautés, elle est conditionnée par ces communautés. (e) Philosophie du ‘faire’ analysant les activités créatrices (artistique, technique,...) de l’homo faber.

La Philosophie ne se présente pas comme un ‘édifice linéaire’, d’où la nécessité d’en faire le tour plusieurs fois et de respecter la diversité organique de ces parties. La Philosophie première, de soi autonome, exige un solide habitus philosophique, qui s’acquiert au cours de l’étude des autres parties; la Philosophie humaine morale exige l’étude préalable de la Philosophie du vivant; la Philosophie de la communauté ne peut s’isoler de la Philosophie humaine morale . Une profonde harmonie doit exister entre ces diverses parties ... chacune à sa place ... ni rejet d’une partie, ni exaltation exclusive d’une partie au détriment des autres.
Les cinq causes sont partout présentes, mais leur équilibre est variable. La cause finale est dominante en Philosophie morale ; la cause formelle est dominante en Philosophie première, dans la saisie de la substance, et la cause finale est inséparable de la saisie de l’acte; la cause efficiente est dominante en Philosophie du vivant (le vivant est celui qui se meut); la cause exemplaire en Philosophie du faire, de l’activité artistique; la cause matérielle unie aux causes formelle et efficiente en Philosophie de la nature (les ‘éléments fondamentaux, l’espace et le temps).

La Philosophie se distingue :

  • de la Théologie : l’une s’élabore à la lumière de l’intelligence, l’autre à la lumière de la foi; l’une a l’expérience à sa source, l’autre l’autorité de la Parole de Dieu, de la Révélation.
  • des Sciences : l’une cherche les principes premiers et les causes propres (non ‘immergés’ dans le devenir), les ‘pourquoi’; l’autre les causes secondes (liées au devenir, au mesurable) et les lois, les ‘comment’.
  • de la Psychologie (sens moderne) et de la Sociologie: ces dernières ne considèrent que les conditionnements ‘du sens’ et communautaire (resp.) de la Personne humaine; la Philosophie humaine morale et la Philosophie de la commnunauté doivent donner leur ‘âme’ à ces sciences.
  • de l’Histoire : la Philosophie-Sagesse est au-delà du temps; elle ne s’inscrit dans le temps que par ses éclosions, sa croissance et son approfondissement. Connaître la diversité des opinions des ‘philosophes’ au cours de l’Histoire de la civilisation humaine n’est pas faire oeuvre de philosophe !
  • de la Logique, ‘organon’-instrument de la philosophie : celle-ci clarifie, de l’intérieur, le cheminement de l’intelligence dans l’exercice de ses opérations.


Addenda: La courbe en cloche de la philosophie grecque
   

   
Les présocratiques : présentation ‘sommaire’ de leurs pensées :

Les “physiciens”: Le devenir - tout changement, au niveau des réalités physiques, matérielles et palpables - est universel: a) cela (les déterminations) change; b) ce devenir n’est pas chaotique ( il y a une certaine continuité: ce devenir ) ... Existence d’un “substrat” (quelque chose de sous-jacent, permanent) et d’un ordre (donc : intelligibilité). Naissance de la philosophie de la nature ... médiation des sensibles propres - connaissance qualitative de la nature ... Thalès (eau); Anaximandre (“infini”); Anaximène (air). La physique moderne - dès Galilée et la loi de la chute des corps - est fondée sur le mesurable, sur les sensibles communs, et nous donne une connaissance, fondamentalement, quantitative de la nature.
Pythagore: Toute chose physique a sa “figure”, sa ‘géométrie’ ; toute figure implique une ‘dimension numérique’(cf. le théorème de Pythagore) ... les nombres sont les substances des choses. Spéculation mathématique: le nombre est réifié, considéré comme plus existentiel que ce qui se touche ou se voit; toute chose est sublimée dans sa dimension quantitative abstraite (… cf.physique mathématique du XIXe siècle). Intelligence séduite par ses “enfants”, les idées abstraites, rejet de l’expérience.
Héraclite: le devenir saisi à tout niveau (physique, psychique), mais érigé en absolu ... les contraires sont “un” (“bien et mal sont tout un”), ‘inintelligibilité’ du devenir.
Parménide: l’être saisi univoquement et conceptuellement ... blocage de l’être-existentiel et du concept d’être … le concept monolithique d’être ... d’où la négation, le rejet du devenir (voir les arguments subtils de Zénon d’Elée).
Héraclite/Parménide: les pré-métaphysiciens ... ils s’élèvent au-delà du sensible ... les frères ennemis ... Héraclite ‘oublie’ l’ordre qui imprègne le devenir ... Parménide ‘oublie’ que le devenir est!
Empédocle: …la physique des quatre éléments : terre (froid-sec), eau ( froid-humide ), air (chaud-humide), feu (chaud-sec)
Anaxagore: …la physique des “homéomères”: toute partie contient des germes de toute partie… Saisie remarquable de ‘Dieu’ - ‘Noùs’ - comme Intelligence organisatrice de toutes choses : “ Le ‘Noùs’est infini, autonome, et ne se mélange à rien; il est seul lui-même et par lui-même ... Tout ce qui a une âme, le plus grand comme le plus petit, est sous le pouvoir du ‘Noùs’ ... De quelle façon tout doit être et de quelle façon tout a été et n’est pas maintenant, de quelle façon tout est, c’est le ‘Noùs’ qui l’a mis en ordre ... “
Leucippe-Démocrite: théorie “atomique” ... les mouvements des atomes expliquent tout ... ‘pré-matérialisme’ ... mais, non fermé à une grande sagesse : “ Rechercher les biens de l’âme, c’est rechercher des biens divins; se contenter des biens du corps, c’est se contenter de biens humains ... la beauté du corps est un avantage digne des animaux, si l’intelligence ne la relève ... Pour l’homme, il convient de faire plus grand cas de l’âme que du corps; car l’excellence de l’âme corrige la faiblesse du corps; mais, le force corporelle, sans la raison, est absolument incapable d’améliorer l’âme ... L’amitié d’un seul homme raisonnable vaut mieux que celle de tous les gens déraisonnables ensemble ... Trouver un ami dans le bonheur, c’est facile; mais, dans le malheur, c’est extrêmement difficile ...”

N.B. L’athéisme comme tel - négation de toute divinité, de toute ‘puissance’ dépassant-dominant l’homme - n’existe pas dans l’Antiquité ... L’athéisme permet à l’homme de s’exalter “tout seul”! A l’extrême opposé de l’athéisme se situe le fidéisme : tout ce qui regarde l’homme (même naturel) est mis sous le manteau de la foi ! ... Le fidéisme a engendré l’athéisme !

Notre intelligence (la benjamine) a besoin: (a) d’humilité pour se soumettre aux faits, aux données de l’expérience, pour accepter la médiation des sens; (b) de confiance en elle-même, de croire à sa dignité -noblesse, qui lui permet de dépasser “le sens”, d’aller au-delà du sensible grâce au tremplin de l’expérience. L’intelligence ne doit ni s’exalter (orgueil) ni s’avilir (refus de dépasser le “sens”).

SOCRATE - PLATON - ARISTOTE ... ce sommet est préparé par les sophistes ‘suscitant’ Socrate et s’achève par les ‘moralistes’ ‘morts’ à toute métaphysique :

Les sophistes (Gorgias, Protagoras,…): Diverses écoles aux opinions contradictoires à Athènes ... Conséquence: les “intelligences” ne croient plus ni à la science ni à la vérité : amour et désir de la vérité sont ‘en sommeil’ ... seuls les beaux discours ordonnés à la gloire humaine et au profit (aujourd’hui, on déifie le système économico-banco-industriel et sa croissance illimitée portée par la ‘pub’) sont valables.

Socrate: Educateur de la jeunesse, n’accepte pas cette démission de l’intelligence ... cependant, il concède que la connaissance de la nature est vaine; par sa “maïeutique”, il dégonfle la vanité-sottise des sophistes: il interroge - “naïvement”, mais avec intelligence - sur les termes utilisés dès le point de départ des “discours”; il montre les contradictions, les incohérences. D’où la “chasse aux définitions” centrée essentiellement dans le domaine moral ; il redonne le goût et le désir de la vie intellectuelle ordonnée à la quête de la vérité. Il croît avec force à la valeur de l’intelligence et à la bonté de l’homme : connaître la vertu suffit pour être vertueux ! Naissance de la philosophie morale : connais-toi toi-même.

Platon:
1) Disciple de Socrate ... chasse aux définitions ... “les idées réifiées”, c’est-à-dire considérées comme la réalité ultime et parfaite; le “monde des idées” ... “Que nul n’entre ici, s’il n’est géomètre”: l’univers mathématique est un univers platonicien ... le problème de l’un et du multiple. ... Idéalisme absolu : ses petits-fils, ‘Descartes’, Leibniz, Spinoza, Kant,… tous mathématiciens ou séduits par cet univers hors de tout bien et de tout mal. Naissance d’une réflexion métaphysique ... Dignité de la personne, âme immortelle, existence d’un Etre premier.
2) Orienté par éducation et par tempérament vers le Bien de la Cité: le philosophe-roi de la Cité; les vertus du citoyen et du chef. Naissance de la philosophie de la communauté.
3) Première synthèse, à peu près complète, de la philosophie – mais rejet de la philosophie de la nature (influence de Socrate) et retour, in fine, à la philosophie de la nature (influence d’Aristote).
Repère: Socrate: ~469-399; Platon: ~428-347; Aristote: ~384-322; Rencontres: 407: Platon - Socrate, 365: Platon - Aristote.
ARISTOTE : le “maître de ceux qui savent” (Dante dixit) :
1) Philosophie fondée sur l’expérience, oeuvre de l’intelligence ... lumière naturelle médiatisée par la connaissance sensible, soumission aux faits ... désir de connaître et amour de la vérité ... s’achevant dans la contemplation de l’Etre premier et l’exercice vrai de l’amour d’amitié ...“noblesse - dignité” de l’intelligence et de la personne humaine. La philosophie est une sagesse.
2) Unité analogique (non linéaire) de la philosophie: diversité des parties ... philosophie de la nature qu’Aristote intègre; du vivant (oeuvre originale d’Aristote); première (=métaphysique); morale; politique; de l’art (activité du faire, oeuvre originale d’Aristote) ... et un “organon”-instrument : la logique. Ces parties sont harmonisées entre elles ... la philosophie première, tête et coeur de la philosophie.

Après l’acmé (sommet-pic élevé), chute au niveau pratique, moral, avec rejet de la métaphysique : le désir et l’amour de la vérité s’évanouissent!
Epicure: le bonheur consiste dans un judicieux équilibre des plaisirs.
Marc-Aurèle, Epictète: le bonheur consiste dans l’exercice des vertus morales finalisées en elles-mêmes!
Pyrrhon (scepticisme): l’intelligence demeure immergée dans l’opinion… pas de vérité certaine.


Jésus à Sintica (cf. in Valtorta) : “ Tu ne dois pas aspirer à te dépouiller de tout ce que tu sais (culture grecque), mais tu dois choisir dans tout ce que tu connais, ce qui est une partie de l’Intelligence éternelle, conquis par des esprits d’une valeur indéniable.”
Curé de Nazareth : “Il est nécessaire de voir en tout homme, fait à l’Image de Dieu ... juif, chrétien, musulman, et même incroyant ... quelque chose du ‘Visage de Dieu’ ... La Sagesse naturelle (la Loi naturelle) est une base nécessaire pour s’écouter, se respecter, créer un climat de Paix. “ (Lausanne, 11.09.04)

ADDENDA:

Ce que l’Europe (le terme apparaît pour la première fois chez Hésiode et Hérodote) doit à la Grèce :
L’Europe existe grâce aux victoires que les Grecs ont remportées sur les Perses à Marathon (490) et à Salamine (480) ...
* la Sagesse naturelle ... les Sciences expérimentales ... les Mathématiques ... l’Astronomie ... la Logique et la Réthorique ...
* l’Enseignement ... l’Ecole (l’Académie, le Lycée) ... l’Education même physique ...
* la Démocratie (Athènes et Périclès ... les Constitutions d’Athènes) ... souci de la liberté du citoyen, de ‘l’égalité ‘ .... les Assemblées du Peuple ...
* le Théâtre ... la Littérature .... l’Architecture ... la Sculpture...
L’Empire d’Alexandre le Grand s’étendait de l’Inde jusqu’en Egypte (la ville ... d’Alexandrie) ... Aristote fût son précepteur.