Grande richesse
et complexité du vivant-homme: opérations végétatives, opérations
sensibles de connaissance (les sensations) et d’appétits
(les passions), opérations spirituelles: celles des
facultés de mémoire-intelligence et de volonté.
Unité de vie de ce vivant-homme; mais, unité-harmonie
plus ou moins grande dans l’exercice de ses ‘puissances’ et
facultés. Sans oublier que le corps du vivant-homme
( ou tout autre vivant), d’une grande richesse de structure
physiologique-biologique, est inséré dans l’espace-temps,
est soumis aux interactions fondamentales de l’Univers
physique (gravitation, électro-magnétiques,
nucléaires forte et faible ... domaine
d’exploration) et est formé d’éléments chimiques-organiques
en équilibre complexe, variable (équilibre
plus ou moins bénéfique ou maléfique
pour le corps vivant ... domaine
d’exploration ).
VIE VEGETATIVE
Degré de vie le plus fondamental, universel, premier
selon l’ordre génétique.
Trois ‘puissances’ végétatives
sont induites à partir des expériences que
nous avons de leurs opérations:
La croissance ordonnée à l’épanouissement
plénier (végétatif) du
vivant… très
conditionnée par le genre de vie (sédentaire,
sportif,…) ... “être bien dans son corps” ...
rôle de l’exercice physique.
La croissance vitale, tout en impliquant une croissance-transformation
physico-chimique et quantitative, n’est pas réductible à cette
dernière; la croissance végétative est
celle d’un vivant. La “courbe en cloche” caractérise
le ‘cheminement global’ -
de la naissance à la
mort - de tout vivant.
La nutrition-respiration ordonnée à la conservation
du vivant. L’aliment -
qui ne peut être n’importe
quoi - devient la chair vivante du vivant; il s’agit
donc d’une transformation vitale impliquant un processus
physico-chimique, mais non réductible à celui-ci.
La nutrition a un rôle important dans le conditionnement
de la croissance du vivant et un rôle non négligeable
dans l’exercice de la procréation. La respiration
(très contraignante) implique un échange avec
l’atmosphère environnante ... la pollution de
l’air peut tuer le vivant: soyons
attentif à la
qualité de l’air!
La procréation-reproduction ordonnée à la
conservation de l’espèce. Un (deux) vivant engendre
un vivant : à la source d’un vivant, il y a
un vivant. Le vivant est parfait (du
point de vue “vie
végétative”), lorsqu’il est capable
d’engendrer un autre vivant.
A ce niveau de vie, la
conservation de l’espèce
est la fin ultime. La vie végétative, qui se
transmet et perdure, a une dimension substantielle, qui la
met au-delà du simple devenir du vivant-source.
Le vivant SE meut dans ses opérations vitales ...
il exerce sur elles une certaine maîtrise (les êtres
physiques sont mus, soumis à des lois, qui les nécessitent).
Ces opérations vitales, liées en partie à des
organes déterminés, tout
en impliquant un conditionnement physico-chimique, manifestent l’originalité propre
du vivant relativement à l’univers physique.
Lorsque ces trois opérations existent, nous sommes
en présence d’un vivant (les ‘cas limites’ sont
du ressort du savant et n’intéressent pas le
philosophe).
Deux grandes “forces” dites instinctives marquent
le vivant végétatif: l’instinct
de procréation et l’instinct
de survie lié à l’aliment;
elles découlent de la finalité même des
opérations végétatives.
Le vivant exerce ses opérations dans une unité de
vie; un principe réel existe donc en lui qui assure
son unité de vie et est source-porteur de la diversité des
puissances et de leurs opérations: c’est l’âme
végétative ... éduite de la “matière” sous
l’influx du vivant-source… voire,
lorsque cette matière est suffisamment disposée pour se la
donner?
VIE SENSIBLE
Degré de vie essentiellement intermédiaire
entre les vies végétative et spirituelle.
Complexité grande de ce degré de vie impliquant
sensations (connaissances) et passions (“appétits”).
L’analyse philosophique permet de distinguer et d’éclairer
ce qui est très mêlé en exercice.
Ce degré de vie n’a pas de véritable
finalité propre (une
fin propre exige un dépassement
de tout conditionnement, en particulier celui du temps).
En conséquence: soit la vie sensible se met au service
de la vie spirituelle, soit elle en devient la rivale… hélas,
la plupart demeure dans les sens…; de même, soit
la vie sensible se met au service de la finalité propre à la
vie végétative (procréation), soit elle
en devient la rivale (en exaltant
le plaisir sensuel pour lui-même).
Connaissance sensible – les sensations :
Connaissance multiple, passagère, mobile, sans repos;
première selon l’ordre génétique,
d’où son “poids” dans le vivant
fait de chair. La connaissance
intellectuelle est première
selon l’ordre de perfection.
Assimilation intentionnelle: co-naître (prendre
en soi), c’est assimiler; mais, à la différence
de la nutrition, où l’aliment est détruit
dans sa réalité d’aliment, la réalité connue
n’est pas détruite. Cette assimilation, dite
intentionnelle, est le fruit de l’unité selon
la “forme-détermination”; la forme - “libre” à l’égard
du mode d’existence - existe dans la réalité connue,
participante de l’exister de cette réalité,
et, dans la puissance de connaissance, participante de l’exister
du connaissant; d’où la rectitude parfaite-fondamentale
de l’assimilation intentionnelle; ce n’est que
selon le conditionnement dû aux organes physiques que
des imperfections se produisent.
Aristote : “J’appelle sensible
propre, celui
qui ne peut être senti par un autre sens et qui ne
laisse aucune possibilité d’erreur ... Les sensibles
communs sont le mouvement-devenir physique, le repos, le
nombre, la figure, la grandeur, car les sensibles de cette
sorte ne sont propres à aucun sens, mais communs à plusieurs.” (“De
l’âme”).
La saisie des sensibles propres est source garante du réalisme
foncier de la connaissance sensible ... et, fondamentalement,
de la connaissance intellectuelle (électrons, neutrons,
etc, supputés théoriquement, n’ont eu
droit d’existence qu’après être
détectés en laboratoire !); elle est source
garante d’un équilibre psychique ‘de base’...
beaucoup de troubles psychiques
sont liés à un
manque de connexion avec la réalité concrète, “touchée”, ‘hic
et nunc’!
Sens externes:
Par les sens externes, le vivant découvre son milieu
de vie et s’y insère plus ou moins bien; il “domine” les
distances; il apprécie ses aliments, ... Les sens
externes sont comme des fenêtres ouvertes sur le monde,
nous permettant de saisir les qualités sensibles propres
: couleurs, sons, odeurs-parfums, qualités gustatives-saveurs,
qualités tactiles (chaud,
froid, sec, humide, dur, mou, ...). Le toucher assure une certaine continuité entre
les degrés de vie végétative et sensible-animale … pas
de vie sensible sans un certain toucher… (le
cadavre est un corps sans plus aucune sensibilité tactile,
intérieure et extérieure); il est le sens fondamental.
L’équilibre dans l’exercice des sens externes
est essentiel; il peut être gravement perturbé par
une déficience de l’un ou l’autre des
organes physiques-physiologiques des sens (l’aveugle,
la surdité, ...) ... ; veillons à avoir une
harmonie de qualités dans l’exercice de nos
sens!
La diversité des causes a une origine-source fondamentale
dans la diversité des sensations externes : vue
- couleurs - détermination, quoi? - cause formelle //
ouïe - sons- le mouvement-devenir, d’où?
- cause efficiente // odorat - odeurs-parfums - l’attrait
(+ ou --),pourquoi? en vue de quoi? - cause finale // goût
- saveurs - à l’exemple de quoi? sur quel modèle?
- cause exemplaire // toucher - qualités tactiles
- de quoi? en quoi? - cause matérielle.
Un ‘parallèlisme’ classique existe entre
les sens (pris dans l’ordre ci-dessus) et les Arts
fondamentaux: peinture, musique,
art des parfums, art gastronomique, sculpture.
Sens internes:
La perception sensible assure la synthèse des sensibles
propres… synthèse cohérente et réaliste
... fondement d’un équilibre ‘sain’ de
la personne avec son milieu de vie … l’intelligence
métaphysique s’y enracine.
L’ imagination explicite les qualités sensibles
communes, à savoir celles qui sont saisissables par
au moins deux sens externes: grandeur, surface, volume, figure,
nombre, mouvement; elle construit son univers: celui des
images (qui demeurent toujours
singulières) ... très ‘ouverte’:
elle peut devenir la ‘folle du logis’!… l’intelligence
mathématique, l’intelligence artistique s’y
enracinent.
La cogitative (pour
les animaux, on l’appelle estimative) en connaissant les ‘rapports’ du vivant et de
son milieu de vie est le sommet de la connaissance sensible;
elle éclaire ‘l’agir’ que le vivant
sensible doit exercer dans son milieu de vie pour s’épanouir
et survivre ... rôle important d’une ‘éducation-apprentissage’,
même pour les animaux ... le
vivant doit SE gouverner ... Faculté de la lutte pour la vie, elle est enracinée
en la perception sensible et réservée-prudente à l’égard
de l’imagination qui peut l’induire en erreur
... Elle puise dans la mémoire sensible pour mieux éclairer
son ‘agir. L’intelligence pratique-engagée
s’y enracine.
La vie affective -- celle des passions -- s’enracine
en elle.
La mémoire sensible garde “vitalement” (certains événements
demeurent présents, d’autres s’estompent) – non à la
manière d’un ordinateur – le vécu
sensible du vivant.
Toutes les sensations, ‘fruits’ propres aux
sens internes et externes, sont
singulières, “individuées
par la matière”.
Les opérations de connaissance sensible sont liées à des
organes physiques (oeil, …cerveau); elles sont normalement
conscientes; elles impliquent une liberté d’exercice
et exigent un contact physique (immédiat pour les
sensations externes, médiat pour les sensations internes).
Elles sont génétiquement première d’où leur
poids dans l’histoire du vivant-homme. La connaissance
intellectuelle, première selon l’ordre de perfection,
se fonde dans la connaissance sensible; connaissance qu’elle
doit assumer et gouverner!
Les opérations végétatives sont liées à des
organes physiques, non conscientes, constatables à leurs
effets; elles jouissent d’une certaine liberté d’exercice
(manger, ne pas manger,…).
Appétits sensibles - les
passions :
Nos connaissances sensibles engendrent, déclenchent
en nous, des tendances-inclinations affectives, ou des mouvements
de rejet, de répulsion; ces opérations, les
passions, nous orientent vers un bien sensible ou nous éloignent
d’un mal sensible. Par les sensations, nous prenons
en nous la réalité sensible connue; par les
passions, nous sommes attirés (positivement
- est bien, ce qui attire -
ou négativement) vers elle.
Deux facultés-puissances dites appétitives
(du latin: appetitus = désir) sont induites à partir
de ces expériences: (a) Le concupiscible qui nous
rend capable d’être attiré par un bien
sensible ou de rejeter un mal sensible; (b) L’irascible qui nous permet de “conquérir” un bien
sensible difficile à saisir-posséder ou de
fuir um mal sensible qui s’impose.
Organisation - distinction
des passions de l’irascible:
La colère : en présence d’un mal (désordre,
injustice, mensonge,...) veut rétablir le bien (ordre,
justice, vérité,..); la colère n’a
pas de contraire.
L’audace : se porte vers le mal imminent avec la conviction
de la victoire (ce qui implique
espoir ... parfois un ‘fol
espoir’). La crainte : repli affectif sur soi face à un
mal imminent (l’espoir de dominer ce mal est impliqué) ... crainte de la mort qui n’est souvent explicitée
qu’à son heure !
L’espoir : vise un
bien sensible de haute valeur, difficile, mais possible à acquérir
(ce qui implique ‘amour
et désir’ de ce bien); l’espoir dynamise
et valorise le vivant (qui
vise ‘plus haut’ cherche à se
dépasser ... sans trop toutefois !).
Le désespoir : échec affectif face à un
bien sensible difficile, impossible, à acquérir
... le désespoir (qui
présuppose qu’il
y eut espoir) dissout
le vivant.
Organisation - distinction des passions du concupiscible
:
L’amour : simple complaisance envers un bien sensible
(souvent manifesté par le désir) ... le ‘grain
de sénevé’, source de toute vie sensible.
Le désir : regarde le bien aimé, non possédé...
le plus expérimenté psychologiquement (en
raison de la ‘tension’ intérieure qu’il
crée).
Le plaisir - joie sensible : épanouissement du vivant
dans la possession du bien aimé.
La haine : rejet affectif de ce qui est perçu comme
un mal pour, par, le vivant sensible.
La fuite : éloignement affectif en présence
d’un mal.
La tristesse (plus spirituel) - douleur (plus physique):
face à un mal qui s’impose.
Les passions ont
pour siège le vivant (en son entier),
d’où leurs poids, impacts… les sensations,
elles, demeurent localisées aux organes physiques
(le toucher a un impact plus global).
Les passions impliquent la connaissance sensible… la
réalité sensible ne peut émouvoir que
si elle est d’abord connue (ce
qui ne veut pas dire parfaitement connue)… la
connaissance est condition nécessaire à l’éclosion, à l’épanouissement
de la vie affective.
Les passions du concupiscible sont fondamentales, premières
- tout commence par l’amour, la complaisance envers
tel bien sensible - et aussi ultimes: tout s’achève
dans le plaisir, joie sensible. Les passions de l’irascible
ont une noblesse plus grande… surmonter, dominer les
obstacles… lutter pour vivre, voire survivre. Le DESIR
est le ‘moteur’,plus ou moins explicite, des
passions; il dynamise la vie affective-passionnelle (son
rôle est est déterminant, premier et ultime,au
niveau de la vie spirituelle propre à l’homme).
En exercice, les passions sont très mêlées
et s’appellent les unes les autres… elles peuvent être
coopératrices du développement d’une
vraie vie spirituelle humaine ou, au contraire, mettre obstacle à ce
développement…
Les passions, en elles-mêmes, n’impliquent ni
bien ni mal moral. A ce niveau sensible, “est bien” ce
qui attire; “est mal” ce qui est rejeté.
Mais chez l’homme, en tant qu’elles sont sous
le commandement-juridiction de la vie spirituelle (celle
de l’intelligence-volonté), elles impliquent
une connotation morale.
En présence de la diversité des opérations
du vivant de vie sensible (et végétative) et
de l’unité de vie de ce vivant, l’intelligence
induit un principe-source d’unité de vie du
vivant et de diversité de ses opérations: l’âme
sensible, “éduite de la matière” sous
l’influx du vivant-source: à l’origine
de tout vivant se trouve un vivant. L’âme sensible
assume les opérations propres à la vie végétative,
d’où l’unité de vie du vivant.
La locomotion vitale
Le vivant de vie sensible a une capacité de se déplacer
dans l’espace, une autonomie de marche… la locomotion
vitale implique déplacement physique sans être
réductible à celui-ci: le vivant se meut, se déplace.
VIE SPIRITUELLE (d’ordre naturel -- degré de
vie propre à l’homme).
L’originalité de la vie spirituelle nous est
manifestée par le pouvoir-“dominium”,
qu’elle donne à l’homme d’exercer
sur le triple univers physique - végétal -
animal. C’est une évidence: de la connaissance
de l’univers physique (galaxies, étoiles, particules,…),
de la connaissance intime de la matière vivante (cellule,
chromosomes,…) aux réalisations technologiques
du “génie” nucléaire ou génétique,
ou spatial (l’homme a marché sur la Lune !).
L’homme peut détruire son milieu de vie en se
détruisant lui-même! Ce “dominium” est
signe de la transcendance de ce degré de vie; deux
facultés propres à l’homme sont induites:
une faculté de connaissance, l’intelligence,
et, une faculté ‘d’attraction-polarisation’ s’exerçant
en vue d’un bien ( “ce qui est désirable”,
qui peut être non sensible ), la
volonté.
Le mode universel de la connaissance et du langage intellectuels
se révèle d’une terrible efficacité … en
particulier, les langages mathématique et informatique
manifestent leur puissance; ce mode universel est signe-preuve
de l’originalité de la connaissance intellectuelle
relativement à la connaissance sensible toujours singulière.
L’attrait que peut exercer un bien ---
non exclusivement sensible ... l’amitié , la
sagesse, la ‘vie
des étoiles’, la ‘structure du noyau atomique,etc
--- manifeste l’originalité de la volonté relativement
aux puissances affectives sensibles. Ne confondons pas l’amour
sensible et l’amour volontaire : “L’amour
sensible est dans l’appétit sensitif comme l’amour
intellectuel (volontaire) est
dans l’appétit
intellectuel (la
volonté).” (Th.d’Aq.S.T.Ia.IIae.26.1) ... et ne les opposons pas: ils doivent s’exercer en
harmonie.
L’immatérialité des facultés spirituelles
d’intelligence et de volonté ne sera prouvée
d’une manière certaine qu’en Philosophie
première, suite aux preuves, que l’intelligence
pourra donner, de l’existence d’un Etre premier,
esprit pur (donc ne “passant” aucunement dans
les sens); cette conclusion métaphysique confirme
que les facultés spirituelles sont “de race
divine”!
L’intelligence, faculté de
connaissance:
* s’exerce en continuité à la connaissance
sensible, elle puise sa “nourriture” dans les
sensations; rien ne se trouve
dans l’intellect qui
ne soit d’abord, d’une certaine manière,
dans le sensible (ceci est
parfaitement illustré par
les concepts de la Physique moderne, qui se sont élaborés à partir
de concepts beaucoup plus ‘sensibles-imaginatifs’ ...
espace, termps, ondes, corpuscules, etc.);
* procède par abstraction, mise en lumière
des éléments les plus ‘intelligibles’ enfouis
dans les sensations (‘quiddités’ des réalités
sensibles, etc.)...ces éléments sont saisis
sous un mode universel, alors que toute sensation est singulière;
* ses opérations, conscientes et libres, ne sont liées à des
organes physiques qu’en raison de leur conditionnement
sensible;
* s’exerce selon deux modalités : co-naître, ‘prendre
en soi’: intelligence
au sens strict.; garder ce qui
est saisi : mémoire (intellectuelle,
distincte de la mémoire du sensible).
* s’achève dans la connaissance de la VÉRITÉ.
La volonté, faculté d’appétit
- attraction - polarisation:
* son exercice implique celui des passions… l’affectivité engage
le vivant en son entier;
* elle doit exercer une maîtrise, un gouvernement,
sur l’affectivité sensible… purifications;
* en son exercice, on distingue une volonté antécédente,
pré-conceptuelle, et une volonté conséquente en tant que la connaissance lui apporte sa vive lumière;
* ses opérations impliquent “amour volontaire”, “désir
volontaire”, joie, espoir, etc;
* elle est finalisée par un BIEN (simpliciter
= en tant que tel… qu’il soit de fait sensible ou
non).
L’unicité de chacune de ces facultés
est une conséquence de leur immatérialité (qui
leur permet d’assumer ce qui est strictement sensible
ou non sensible)… le bien qu’il soit difficile
ou non est toujours saisi sous son rapport de bien (ce
qui attire)… la diversité des puissances cognoscitives
sensibles est une conséquence de la diversité des
organes physiques.
Intelligence et volonté ‘s’interpénétrent’ selon
l’exercice… n’imaginons pas une distance
entre elles (comme si elles étaient matérielles
et localisables!). L’intelligence est première
selon la détermination. La volonté est première
selon l’exercice – l’amour, attrait exercé par
un bien, est source cachée de notre vie- devenir spirituelle – et
selon la fin (‘en vue de quoi’). L’intelligence
est condition “sine qua non” de l’exercice
de la volonté: le
bien doit être connu (au
moins confusément) pour
que l’affectivité volontaire
soit “mise en mouvement”.
Un schéma circulaire permet de manifester cela ...
et St.Thomas d’Aquin confirme :
|
objet |
|
vol.
ant. |
|
vol.
cons. |
|
intel. |
|
|
Intelligence et
volonté s’enveloppent
mutuellement par leurs actes:
car l’intelligence comprend que la volonté veut, et la volonté veut
que
l’intelligence comprenne.”
“Le vrai et le bien s’impliquent mutuellement: car le vrai est un
bien,
sans quoi il ne serait pas désirable; et le bien est un vrai, autrement,
il ne serait pas intelligible.” (S.T. Ia.qu.82,a.4; qu.79,a11)
L’intelligence n’est pleinement elle-même que si elle est
finalisée par l’amour: amour de la vérité, amour
de l’autre; deux dangers guettent l’intelligence: s’exalter
en elle-même (les athéismes) ou se mettre au service exclusif
du pouvoir-dominium (auto-destruction… même de l’humanité).
Supériorité relative de l’intelligence et de la volonté:
si la qualité-noblesse de l’objet connu-désiré:
est inférieure à la qualité-noblesse de l’âme,
il vaut mieux le connaître que de l’aimer; est supérieure à la
qualité-noblesse de l’âme, il vaut mieux l’aimer que
de le connaître!
St.Thomas d’Aquin : “...C’est
pourquoi, il est mieux d’aimer
Dieu que de Le connaître, et inversement, il vaut mieux connaître
les choses matérielles que de les aimer.”(S.T.Ia.qu.82,a.3).
L’Intelligence
, ses opérations-types :
La simple appréhension:
Opération fondamentale, première génétiquement… opération
comme enfouie dans le jugement.
Cause formelle: la forme - détermination (“ce
en vertu de quoi un être est dit être tel”);
Cause matérielle: l’objet, réalité connue;
Le “comment”: assimilation
intentionnelle: la
forme, libre à l’égard de son mode d’exister,
existe dans la réalité connue sous le mode
propre d’exister de cette réalité et
existe en l’intelligence sous un mode universel, où elle
participe de l’exister du connaissant… “unité selon
la forme” (analogue à la connaissance sensible
avec cette différence profonde, essentielle, que la
forme saisie est dépouillée de ses notes singulières
en l’intellect);
Cause efficiente: l’intellect
- agent (ou actif), c’est-à-dire
l’intelligence en tant qu’elle exerce une fonction
spécifique, propre, par laquelle elle est capable
d’extraire de l’univers sensible (des images
toujours singulières) les formes - déterminations
sous leur mode universel et de se les donner (“se”:
intellect réceptif);
Cause finale: le “verbe intérieur”, c’est-à-dire
la forme en tant que présente en l’intellect;
ce verbe intérieur est “signe formel” (le
connaître est connaître ce qu’il fait connaître… pas
de “distance” entre ce verbe intérieur
et la forme existante “in re”) et s’exprime
dans le “verbe extérieur” qui n’est
autre que le mot du langage (enveloppé de son halo
d’images). [Au lieu
de “verbe”, on dit
aussi “concept”.]
Trois modalités de verbe intérieur:
* le “tout global”: fruit immédiat de
l’appréhension (sans
activité préalable
ni du jugement, ni du raisonnement)…abstraction dite
totale;
et deux modalités impliquant toute une activité de
jugement et de raisonnement préalable, mais s’achevant
dans la ligne de l’appréhension… abstraction
dite formelle:
* les “quiddités” des réalités
sensibles… elles s’attribuent univoquement et
manifestent l’exigence de clarté de l’intelligence
qui s’exprime le plus souvent dans la définition;
* les notions analogiques (beau,
vrai, bien, vie, être,…) qui n’impliquent aucune limite en elles-mêmes
et s’attribuent proportionnellement… elles manifestent
l’exigence de pénétration de l’intelligence;
ces notions ne peuvent être enfermées dans une
définition.
Le jugement:
Opération achevée, première selon l’ordre
de perfection.
Il implique une mise en relation des “indivisibles”,
c’est-à-dire des verbes intérieurs; il
compose (affirme) et divise (nie). Ces affirmations et négations
impliquent l’usage d’un verbe (non
pas verbe intérieur, mais verbe au sens grammatical)… du
verbe-source “être” (tout
verbe peut se construire à l’aide du seul verbe être);
c’est pourquoi, tout jugement
fait retour à l’existence,
soit d’une manière éloignée et
médiate, soit immédiatement: “cette réalité existe” (cette
affirmation implique toujours un retour plus ou moins explicite
au toucher… même en physique: “toucher” un
quark, prévu par la théorie, est une nécessité pour être
certain de son existence, d’où l’importance
des laboratoires… il y a “toucher” lorsque
les instruments qui prolongent nos sens le détecte… mais
il faut savoir qu’aucune technique n’est neutre); “j’existe”; “mon
ami existe”; “il existe un être dont l’existence
est nécessaire”. L’appréhension
sépare de l’exister réel. Par
le jugement, l’intelligence réaliste, l’intelligence
qui veut être “ce qu’elle doit être”,
se laisse mesurer par la réalité existentielle.
En cette adéquation - conformité du jugement à la
réalité, à “ce qui est”,
consiste la vérité (dite
formelle); la vérité est
la qualité - propriété propre du jugement.
[L’appréhension est, par nature, vraie… l’intellect-agent
a une rectitude parfaite… mais attention au halo d’images
qui enveloppe le verbe extérieur!] Mais, en composant
et divisant, l’intelligence peut se tromper – sous
l’influence des blocages imaginatifs, des passions
mal réglées, de l’orgueil qui isole l’intelligence – d’où l’erreur
et le mensonge.. [De même dans le raisonnement, qui
peut ne plus être correct.]
Le jugement est un certain absolu, un certain tout-un; mais,
il n’est pas “fermé sur lui-même”:
il implique une capacité réelle d’être
relié à d’autres jugements (cf
le raisonnement).
Une grande diversité de jugements existe et, donc,
existe aussi une diversité de modalités de
vérité: jugements philosophiques d’existence
ou exprimant les premiers principes (cf
philosophie première)
[vérité dite spéculative]; jugements
scientifiques (les lois… vérités scientifiques);
jugements prudentiels et affectifs (dont
la véracité consiste
en la conformité à l’intention morale);
jugements artistiques (dits de
valeur); jugements politiques.
Il faut noter que:
* La négation, n’ayant d’autre contenu
d’intelligibilité que celui de l’affirmation
associée, est seconde relativement à l’affirmation;
psychologiquement, elle apparait souvent première
(on s’affirme par son refus!); métaphysiquement,
elle est essentielle pour la saisie des attributs divins,
car, l’Etre premier n’est aucunement dans la
connaissance sensible.
* Le mot, verbe extérieur, “Dieu”, a,
pour nous, un contenu quidditatif vide… aucun “toucher” du “quid
divin”! [1 Jn 3.2: “…nous Le verrons tel
qu’Il est” (son quid)]; la
foi donne des jugements nouveaux :“Je crois…”, mais ne permet pas
de saisir le “quid divin”… elle demeure
un toucher à l’obscur!
* La notion analogique d’être n’est réductible
ni à la forme - détermination, ni à l’exister,
ni au devenir (intentionnel, celui
qui est propre au raisonnement, ou réel, physique); elle intègre dans son unité analogique
toute la richesse de ces qualités; il
n’y a
pas de saisie intuitive de l’être!
Le raisonnement:
Opération servante… le “devenir intentionnel” est
propre à la vie cheminante de l’intelligence,
et est ordonné au jugement et à l’appréhension
simple (dans sa saisie des quiddités des réalités
sensibles et des notions analogiques). N’oublions pas
que l’intelligence étant immatérielle,
ses opérations propres distinctes entre elles n’ont
pas de “distance” entre elles; en exercice, elles
sont très entremêlées. Dans ce devenir,
l’intelligence manifeste sa capacité de “se
mouvoir”, de relier les jugements les uns aux autres,
les antécédents aux conséquents; ce
devenir permet d’actuer ce qui n’est contenu
dans le jugement que d’une manière cachée,
voilée (“voilée”: conséquence
du mode abstrait de l’appréhension). Ce devenir
intentionnel peut être très séduisant
pour l’intelligence, puisqu’elle affirme ainsi
sa souveraineté… d’où la tentation
de s’y enfermer en refusant de conclure à une
vérité certaine: voir la dialectique! (et
le relativisme doctrinal).
Il existe deux grandes modalités de raisonnement:
* Induction: de l’expérience, de l’existence
des effets, elle remonte à la cause, au principe.
Ainsi des opérations du vivant à l’existence
de l’âme (voir aussi
les inductions de la substance, de l’acte); des expériences
(classiques) d’optique
au concept d’onde, de particule; des expériences
philosophiques ou scientifiques aux principes premiers (cf
philosophie première) ou aux lois. Elle procède
du moins connaissable en soi (de
ce qui a une moins grande richesse d’être) au plus connaissable en soi
(la cause, le principe).
* Déduction: nous distinguons
a) les raisonnements déductifs qui, partant des causes
propres, permettent de connaître certaines propriétés… [en
particulier, l’univers des raisonnements mathématiques… la
diversité des syllogismes (cf Logique)]… Ces
raisonnements nous conduisent du plus connaissable en soi
au moins connaissable en soi.
b) les raisonnements qui, partant de l’existence de
fait ou réalités singulières, permettent
de conclure à l’existence de leur cause; c’est
une déduction de ce type que l’on trouve en
philosophie première, dans les preuves de l’existence
d’un Etre premier… Dans ce type de déduction,
on procède du moins connaissable en soi au plus connaissable
en soi.
Induction et déduction se trouvent très unies
en exercice. Ainsi, les preuves (déductives) de l’existence
d’un Etre premier impliquent les principes métaphysiques
(fruits de l’induction).
On distingue les raisonnements à priori (le
premier type de déduction) et les raisonnements à posteriori
(le deuxième type de déduction et les raisonnements
inductifs).
Le raisonnement - serviteur permet à l’appréhension
et au jugement d’atteindre leur “acmé”(sommet),
respectivement dans la saisie des notions analogiques et
dans les jugements exprimant les principes de causalité (cf
philosophie première) et
dans le jugement: “Il
existe un Etre dont l’exister est nécessaire”.
Une analogie existe entre ces trois opérations: appréhension
simple, jugement, raisonnement, et respectivement: les sensations
(saisies des formes singulières), les passions (qui
représentent ce qu’il y a de plus achevé dans
le vivant de vie sensible), la locomotion vitale; et respectivement
aussi: nutrition (assimilation), reproduction (opération
- fin de la vie végétative), croissance.
Les grandes phases
vitales de la vie de l’intelligence:
L’expérience:
Elle est une source qui permet à notre intelligence
de garder son réalisme, de progresser, de se renouveler,
d’être véritablement vivante. Elle implique
une coopération de la connaissance intellectuelle
avec la connaissance sensible:
* expériences philosophiques ... unité de vie
et diversité des opérations du vivant, expériences “métaphysiques”;
* expériences - expérimentations scientifiques
hautement technicisées et centrées sur la mesure;
* expériences utilitaires, pratiques;
* expériences de type artistique - artisanal;
* expériences affectives–passionnelles ou d’amour
d’amitié, impliquant une coopération
avec l’affectivité sensible ou volontaire.
L’intuition: connaissance immédiate par l’intelligence
d’une forme intelligible (intuitions
artistiques très
liées à l’inspiration) ou d’une
relation (intuitions mathématiques, critiques (en
philosophie première), affectives (du coeur)).
L’interrogation: elle manifeste le désir de
connaître, la vitalité d’une intelligence
en éveil. Les interrogations sont fort diverses: philosophiques
ou scientifiques (regardant le
conditionnement spatio- temporel de la matière, sa structure, …, les “comment”) ou autres (utilitaires,
affectives,…). Il existe des
affinités entre les grandes interrogations, les causes,
les expériences des sens externes, les arts (élémentaires):
qu’est-ceci? quoi? |
cause formelle |
la vue |
peinture |
en quoi? de quoi? |
cause matérielle |
le toucher |
sculpture |
d’où? source de ? |
cause efficiente |
l’ouïe |
musique |
en vue de quoi? |
cause finale |
l’odorat |
art des parfums |
sur quel modèle? |
cause exemplaire |
le goût |
art gastronomique |
L’analyse - synthèse: le grand travail de l’intelligence… saisie
des causes propres et des principes premiers. Ces causes
et principes sont saisis au-delà de leur conditionnement
sensible, au-delà “du devenir”, d’où leur
pérennité… “Je philosophe pour
connaître la personne humaine dans ce qu’elle
a de plus profond, pour connaître l’Etre premier
et Ses attributs.” Les analyses - synthèses
scientifiques demeurent liées aux “comment”:
de quelle manière cela vit-il? agit-il? exerce-t-il
son action? etc.
La contemplation: La vie
de l’intelligence s’achève
dans la contemplation de l’Etre premier, “contemplation
de la contemplation” (Aristote
dixit); elle se donne
au travers des attributs divins… dans un au-delà des
opérations - types de l’intelligence, qui implique
un certain “repos dans la
lumière”: c’est
alors que l’intelligence (et
la volonté) se
situe au niveau 7 de la structure de l’homme [le “nous”]… au
niveau 6 se place l’intelligence - raison, qui demeure
en cheminement. [Pour la volonté fixée en son
bien ultime: niveau 7 (ut natura) et “en cheminement”:
niveau 6 (ut voluntas) (voir tableau de la structure de l’homme).
Les athéismes plafonnent au niveau 6 6 6!] Les contemplations
mathématiques, artistiques, de la nature (paysages…) ne sont que des vestiges de la contemplation philosophique.
Celle-ci est oeuvre de l’intelligence et se distingue
profondément de la contemplation
mystique, théologale,
qui est “oeuvre d’amour”: on
contemple dans la mesure où l’on aime Dieu!
Brève note
sur la logique
La logique n’est pas une partie de la Philosophie,
mais la servante de la Philosophie; une discipline - instrument
de la vie de l’intelligence, qui doit respecter la
diversité et la richesse des jugements (non
seulement philosophiques, scientifiques, mais aussi prudentiels,
affectifs,
de valeur), les divers types de raisonnements et l’originalité de
l’appréhension simple (jusqu’en sa saisie
des notions analogiques). Elle est nécessaire en raison
du conditionnement propre à la vie de notre intelligence.
Une certaine logique, issue du modèle simple et très
particulier des mathématiques (où les relations
entre concepts universels quantifiés jouent le rôle
essentiel) prétend se substituer à la logique
- “organon” de la Philosophie. Ce faisant, elle
tue le jugement de valeur, les jugements affectifs et prudentiels,
et réduit tout raisonnement à un mécanisme
automatique (“pain pour ordinateur”); elle est
légitime et efficace dans l’univers de la pensée
scientifique, mais ne peut plus être instrument dans
la “conquête” d’une sagesse vraie.
La logique est premièrement un
art réglant
l’activité de l’intelligence; secondairement
une science (car
elle ne considère pas les causes
de ce qui est). Son objet propre est l’être connu
en tant que connu [c’est un être dit de raison];
cet objet, elle le considère au niveau de chacune
des opérations-types de l’intelligence:
* Simple appréhension: l’universel (logique… dont
le contenu d’intelligibilité, de détermination,
est dit “universel métaphysique”), c’est-à-dire
le verbe intérieur en tant que connu et “un,
apte à être en plusieurs”. [L’universel
logique n’est pas l’ensemble des individus auxquels
il peut être attribué]. Le “tout global”,
les quiddités, les notions analogiques sont des modalités
particulières d’universel, appelées,
respectivement, universel matériel, formel (extension
et compréhension varient en sens inverse… genre,
espèce,…, il s’exprime dans la définition),
analogique (il ne se prête pas à la définition,
ni au genre et espèce, …; sa richesse est trop
grande).
* Jugement: l’attribution, qui s’exprime dans
les énonciations ou propositions du langage; il faut
veiller à la justesse des attributions par lesquelles
les “universels” sont reliés entre eux;
on distingue des propositions universelles (tout
homme…),
particulières (quelque homme…), singulières
(cet homme…) soit affirmatives, soit négatives… etc.
* Raisonnement: l’inférence soit inductive,
soit déductive (cette dernière est très
développée dans la théorie du syllogisme).
Une analogie: ce que le “moyen terme” est dans
le syllogisme, l’interrogation l’est dans l’induction.
Une maîtrise de l’art-science logique exige un
entraînement aux raisonnements philosophiques, mathématiques;
aux inductions en philosophie ou en sciences expérimentales.
La réduction au seul mode de pensée mathématico
- informatique risque peu à peu de tuer la vie profonde
de l’intelligence.
La Volonté - les ‘passions’ au niveau
spirituel :
La volonté, faculté spirituelle-immatérielle,
nous rend capable d’être attiré, polarisé,
orienté vers tel ou tel bien: un enseignement de philosophie,
une personne amie, … Son objet
propre est le bien en tant que tel: donc, ce peut être un bien sensible ou
non, un bien difficile à acquérir ou non; ces
divers “bien” sont toujours saisis sous leur
rapport de bien – ce qui attire –; c’est
pourquoi, il n’y a pas lieu de distinguer deux facultés
d’attraction analogues au concupiscible et à l’irascible.
Nous retrouvons en l’exercice de la volonté des
opérations analogues aux passions:
* un amour volontaire, simple complaisance envers le bien
qui attire… la sagesse naturelle, par exemple;
* un désir volontaire impliquant amour et non possession
du bien aimé…;
* une joie spirituelle, fruit de la possession du bien aimé et
désiré… joie
qui épanouit la personne;
* la fuite volontaire d’un mal (refus
de mentir)… la
haine d’un mal (le mensonge), ce qui est un bien(!)… la
tristesse envers un mal qui s’impose (tristesse
d’âme… jusqu’à en
mourir… la trahison d’un ami);
* un espoir volontaire, lorsque la volonté se porte
vers un bien de conquête difficile… un désespoir
(qui peut conduire au suicide)… un exercice audacieux
ou craintif de la volonté… la colère
en présence d’une injustice…
En exercice, ces
opérations volontaires sont (presque)
toujours conjointes aux passions (dont
la vie sensible est le siège) en
raison de l’unité de vie
du vivant-homme.
La volonté attirée, mue par le bien - Fin (ce
pourquoi elle s’exerce) doit considérer
les moyens (biens intermédiaires ordonnés à l’acquisition
du bien - Fin) de l’atteindre, d’où le
choix libre, l’usage… - voir les actes humains
en Philosophie morale - … la liberté, la responsabilité de
la personne…( cf Philosophie
morale). Tous ses actes
impliquent une coopération étroite entre l’intelligence
et la volonté; entre l’intelligence égocentrique
et la volonté impliquant une attitude de réceptivité -
disponibilité (“se laisser prendre”) et
une attitude active (“se porter vers”): on pourrait
dire que la volonté se meut circulairement (volonté pré-conceptuelle
et post-conceptuelle, éclairée par la lumière
de l’intelligence et donc plus active ou activée).
La volonté est dominante dans l’amour d’amitié et
l’intelligence est dominante dans l’acquisition
d’une vraie sagesse; mais, l’acquisition d’une
vraie sagesse exige beaucoup de volonté et l’amour
d’amitié s’exerce mieux s’il est éclairé par
la lumière de la vérité! Un juste équilibre
doit exister entre intelligence et volonté. Rappelons,
enfin, que, pour que la volonté soit activement mise
en mouvement, il faut que le bien - fin soit connu (au
moins confusément)… l’intelligence est condition
sine qua non de la volonté.
“
L’acmé” (le sommet) dans l’exercice
de la volonté:
L’amour d’amitié (l’amour entre
amis, entre frères et soeurs, entre parents et enfants,…) est l’activité parfaite, ultime de la volonté;
l’activité de l’intelligence y est bien évidemment
présente, d’une manière intime, discrète,
mais réelle… la lumière qu’apporte
l’intelligence permet d’aller plus loin dans
l’amour! Dans la contemplation, activité parfaite
et ultime de l’intelligence, la part de la volonté est
essentielle, même si elle est plus discrète.
Ce que la contemplation est dans
la vie de l’intelligence,
l’amour d’amitié l’est dans l’exercice
de la volonté.
De même que la contemplation assume les opérations
- types de l’intelligence en les dépassant,
l’amour d’amitié assume en les dépassant
les grands moments de l’activité volontaire:
l’amour - complaisance toujours présent; le
désir volontaire, car la personne aimée (ouverte à l’infini
en son esprit) ne peut jamais être pleinement “possédée”;
la joie volontaire, car il existe avec la personne aimée
un lien d’unité, de coopération…
Par et en l’amour d’amitié sont assumés
le choix libre – “Dis-moi qui sont tes amis et
je te dirai qui tu es!” – et l’usage; l’amitié réaliste
implique coopération, fécondité. Cet
amour d’amitié implique aussi la fidélité au
choix et la ferveur (car l’amour demande cette croissance
et cet approfondissement permanents).
En l’exercice de l’amour d’amitié,
la volonté doit exercer une régence, un gouvernement “éclairé” sur
les passions; le coeur humain, coeur de chair, doit rester
un coeur sensible… ne pas se transformer en un coeur
de pierre (pour se protéger, par faiblesse, de l’emprise
des passions)…, mais aussi un coeur “dominé” par
l’amour volontaire (donc
non noyé dans les passions).
Une telle qualité d’amour, toujours en croissance,
perfectible, exige-implique la lumière de l’intelligence.
[Une analogie existe entre l’amour, le désir
(le cheminement), la joie (l’achèvement) et,
respectivement, l’appréhension simple, le raisonnement,
le jugement.]
DE L’AME : PRINCIPE REEL - SPIRITUEL - IMMATERIEL DE VIE
Un exemple d’induction
en science: le rayonnement lumineux.
Physique classique: Partant des expériences de réflexion,
d’interférence, de la lumière, l’intelligence
sous la ‘force’ de l’interrogation induit
le concept d’onde ; partant des expériences
de réflexion , d’effet photoélectrique,
l’intelligence induit le concept de corpuscule. Ces
concepts saisis trop imaginativement vont s’opposer
et devoir être dépassés!
Physique moderne : Les expériences de la nature ondulatoire
de l’électron (diffraction des électrons)
et de la nature corpusculaire du rayonnement (photons) vont
conduire l’intelligence à élaborer un
concept d’onde-corpuscule harmonisant ces deux aspects
... concept de grande efficacité.
Ce type d’induction s’achève dans la ligne
de l’appréhension [concept d’onde - corpuscule];
mais, il est aussi des inductions s’achevant dans la
ligne du jugement: ainsi les multiples expériences
sur la chute des corps permettront d’induire la loi
de Newton (“les corps s’attirent proportionnellement…”).
Deux autres exemples très célèbres d’induction:
le concept de l’espace - temps et la relation , devenue
classique : E = m c2 .
Induction de l’âme:
Partant de l’expérience de notre unité de
vie - ‘je suis un vivant’ - et de la richesse
de nos opérations à tous niveaux, l’intelligence,
sous la ‘force’ de l’interrogation, saisit,
induit, qu’il existe un principe sous-jacent, non immédiatement
expérimentable, ‘porteur’ des opérations
et source d’unité de vie. Ce principe est appelé l’âme.
Par et en cette induction nous saisissons l’âme
comme:
* un principe réel, existentiel… car l’induction
est fondée sur les expériences réelles;
* un principe impliquant un dépassement - approfondissement de ce qui est expérimenté: l’âme
n’est pas objet immédiat d’expérience
(c’est pourquoi, elle a pu être niée…)… elle
n’est “touchée” que médiatement
au travers des opérations et de l’unité de
vie (pour le croyant et la plupart des hommes, cela suffit à fonder
la conviction qu’ils ont une âme);
* un principe ayant une plus grande richesse
d’être
et d’intelligibilité que ce qui est expérimenté; “par
nature”, en soi, l’âme est plus riche d’être
et d’intelligibilité que les opérations… pour
nous, elle apparait moins “être et intelligible”,
car toute notre connaissance est enracinée dans la
connaissance sensible (première génétiquement… mais
appelée à disparaître avec le corps,
alors que l’âme demeure, puisque immatérielle);
* un principe ayant une perfection
- noblesse bien supérieure à la
perfection des opérations… une perfection d’une
qualité autre que celle des opérations; un
principe ayant une unité - simplicité plus
profonde que celle du vivant… une unité - simplicité d’un
autre ordre. [Simplicité et perfection varient en
sens inverse dans l’univers animal et sensible: une
amibe est plus simple qu’un éléphant… mais,
moins parfaite; simplicité et perfection varient dans
le même sens dans les “réalités
de l’esprit”: le philosophe a une connaissance
plus parfaite et plus simple que le spécialiste en
mécanique quantique!]
Le savant (le “philosophe” ou l’homme de
la rue) positiviste refuse l’induction de l’âme
-- bien qu’il accepte l’induction en science
-- en raison d’un a priori: il rejette l’induction
d’un principe qui échappe à la connaissance
sensible et donc au mesurable !
La philosophie première regardant la substance et
les accidents nous permet d’affirmer que:
(1) l’âme (immatérielle et qui subsiste
après la mort) est forme - détermination substantielle,
immédiatement capable de recevoir son “exister” – “ens
per se” –;
(2) les facultés (et puissances) sont des déterminations
accidentelles, nécessaires, qui existent par et en
l’exister-esse de l’âme… elles in-existent
en l’âme comme des propriétés nécessaires.
Immatérialité et immortalité de l’âme
L’immatérialité des facultés spirituelles
d’intelligence et de volonté permet de conclure
que l’âme, principe - source des opérations,
est immatérielle - spirituelle. Si l’homme demeure
soumis au conditionnement spatio-temporel, au devenir physique
et vital, au conditionnement “du sens” par l’intermédiaire
de son corps vivant, il est capable en sa vie spirituelle
de s’élever à la connaissance de l’Etre
premier, Esprit pur, “Etre même subsistant”, “Acte
pur et achevé”, de Le contempler en Ses attributs,
d’être disponible à Son amour d’amitié,
et d’aimer l’autre (personne humaine) en tant
qu’il est lui aussi Image de Dieu (c’est-à-dire
capable de reconnaître l’Etre premier, qu’on
appelle Dieu). En sa vie spirituelle, l’homme est de “race
divine”. Son âme immatérielle ne peut être
issue de l’univers matériel - sensible: elle
est “issue” immédiatement de l’Etre
premier, qui lui donne son “exister” propre… “ens
per se” (être par soi), elle ne peut être
engendrée d’une personne humaine (cf philosophie
première); elle n’est pas mortelle, comme les
autres réalités vivantes, (végétaux,
animaux, corps humain,…)… elle est immortelle,
participante de la vie éternelle de l’Etre premier.
Elle reçoit son “esse - exister” immédiatement
de l’Etre premier, elle n’est pas “ens
a se”… elle ne peut pas dire “Je suis Celui
qui suis”. L’âme est dite créée
par l’Etre premier… Lui seul pourrait la néantiser!
[L’Etre premier se révélera à l’âme… en
adhérant à cette Révélation,
l’âme connaîtra qu’elle est participante
de l’éternité.] Créée par
l’Etre premier, elle porte
en elle la “trace” de
son Créateur… un “label divin”… un “instinct
divin” (cf philosophie humaine morale: la conscience
morale).
L’âme - les facultés-puissances - les
opérations
L’âme, principe - source des opérations,
n’est pas le principe propre immédiat de chacune
de ces opérations; les facultés (intelligence
- mémoire, volonté) et les puissances (terme
réservé aux puissances des vies sensible et
végétative), que nous avons induites - découvertes à partir
de la diversité des opérations, sont les principes
propres et immédiats, les causes efficientes, de ces
opérations. L’âme est dite principe radical
des opérations; principe efficient lointain exerçant
sa causalité par l’intermédiaire des
facultés - puissances. C’est par l’intermédiaire
des facultés – en exercice – que l’âme
atteint sa fin proprement humaine: connaissance acquise,
contemplation, amour d’amitié,… Les facultés
sont des instruments, dont l’âme se sert – et
doit se servir – pour atteindre sa fin. L’âme
est acte-fin pour les facultés-instruments. [N’imaginons
pas de “distance” entre l’âme et
ses facultés spirituelles et les opérations.]
L’âme atteint sa fin par ses opérations :
Dans le “vivant qui vit” s’exerce la diversité des
facultés - puissances, des opérations, dans
leur harmonie, mais aussi leur contrariété (passions
mal ordonnées, etc.), d’où la complexité du “psychisme
humain”; dans le “vivant qui vit” existe
une unité radicale, fondamentale de vie (il est tel
vivant, un vivant), mais aussi une “unité achevée”,
celle qui est fruit de l’exercice de la contemplation
et de l’amour d’amitié; cette unité dans
la perfection est source de joie et de paix profondes, authentiques [Ordre naturel: le “mystère de la souffrance”,
que le philosophe expérimente, demeure peu compréhensible
pour le philosophe]. L’âme, principe unique de
vie, assume toutes les fonctions propres aux vies spirituelle,
animale, végétative, d’où une
continuité dans les “degrés de vie”;
seul le degré de vie spirituelle implique une liberté -
autonomie d’exercice, de détermination (selon
la cause formelle) et selon la fin; d’où la
perfection, l’éminence, du vivant - homme.
“L’homme descend-t-il du singe, d’un anthropoïde?”:
il n’existe pas de continuité entre l’homme
- vivant, dont l’âme est immédiatement
créée par l’Etre premier, qui fait de
lui l’Image de Dieu, et les vivants du règne
animal, même si selon le conditionnement végétativo-sensible,
selon le corps, une certaine continuité puisse apparaître… (animaux
- ébauches et homme - chef d’oeuvre, comme souvent
dans la création artistique?… ou: infusion par
l’Etre premier d’une âme immatérielle
- immortelle douée des facultés d’intelligence
et de volonté en un corps animal suffisamment évolué pour être
apte à la recevoir?… le philosophe ne peut conclure).
L’HOMME-VIVANT: CORPS ET AME (la philosophie première
est impliquée)
Le corps humain est un corps vivant par l’âme,
source d’unité et de vie; il reçoit sa
détermination - forme de corps humain par l’âme
- forme substantielle et l’union âme - corps
est une union dite substantielle. L’âme immatérielle
n’est pas localisable: elle est dans tout le corps
ou mieux, elle contient le corps (étant plus parfaite
que lui) – “L’âme est dans le corps
comme dans le contenant, non comme contenue par lui” (St
Thomas d’Aquin, S.T., Ia, Qu.52, A.1) –; l’âme,
ouverte à l’infini par ses facultés spirituelles,
est comme “limitée”, “contractée” en
ce corps auquel elle est unie [Platon: le corps comme une
prison pour l’âme…]… et cependant
c’est par la médiation des sensations, voire
des passions, qu’elle pourra atteindre sa fin ultime
(contemplation de la Vérité, amour d’amitié)!
Il existe une analogie entre les relations forme - matière
(cf la philosophie de la nature), âme - corps et acte
- puissance (cf la philosophie première).
Par l’âme immatérielle, le vivant - homme
reçoit son “esse - exister”, et donc,
c’est par l’âme que le corps vivant existe,
en étant participant de l’exister de l’âme… c’est
là un rapport “acte-esse - puissance”;
un rapport “acte - puissance” existe aussi, si
l’on considère l’âme - source du
devenir vital (devenir à tout niveau de vie) et le
corps en lequel ce devenir s’exerce et qui est médiateur
de ce devenir; selon la cause finale, nous avons aussi un
rapport “acte - puissance”: le corps vivant par
l’âme est pour l’âme, pour lui permettre
d’atteindre sa fin… nous sommes des esprits incarnés!
L’âme est “l’acte” du corps;
elle est aussi “la forme” du corps: “Etant
donné que l’âme est l’acte propre
du corps, c’est dans ce corps que l’âme
a été produite.” (St Thomas d’Aquin,
S.T., Ia, Qu.90, A.4). Elle est présente (invisible,
non palpable,…) dans tout le corps et diversement présente
dans les parties du corps: couper la tête n’a
pas le même effet que couper la main!
N’opposons pas le corps et l’âme (tendance
platonicienne, stoïcienne, ‘faussement spirituelle’): ”L’union
de l’âme et de la chair recevant l’Esprit
de Dieu constitue l’homme spirituel.”(St.Irénée,
A.H. V.8.2). “Voici quels sont les hommes que l’Apôtre
appelle spirituels (cf. 1 Co.2.15; 3.1) : ceux qui sont spirituels
grâce à la participation à l’Esprit
et non pas grâce à la privation et à l’élimination
de la chair.”(id.V.6.1).
Quand l’âme a-t-elle été créée
dans le corps? L’acte créateur, métaphysique, étant
au-delà du temps, nous ne pouvons le préciser.
Seule certitude (fondée biologiquement), quelques
quarante jours après la conception, nous sommes en
présence d’un vivant - humain; le Créateur
a agi!… Condamnation sans équivoque de l’avortement qui non seulement est assassinat d’un être innocent
et totalement dépendant, mais est un geste de révolte
contre l’Etre premier Créateur: “Et
lorsque cette menace [l’avortement] est devenue réalité,
ces êtres humains sans défense tentèrent
de se défendre. La caméra a pu enregistrer
cette défense désespérée face à l’agression
d’un petit enfant avant sa naissance, dans le sein
de sa mère. Il est difficile d’imaginer ce drame
horrible avec toute son éloquence morale humaine.” (Jean-Paul
II, 4.06.91, en Pologne).
Citons St.Thomas d’Aquin : “L’embryon humain
n’a d’abord qu’une âme sensitive.
Celle-ci disparaît et une âme plus parfaite lui
succède, qui est à la fois sensitive et intellectuelle.”(Qu.76,a.3,resp.3)
-- “Il est nécessaire de dire que tant dans
l’homme que dans les animaux, quand une forme plus
parfaite est produite, la précédente disparaît
... On doit donc dire que l’âme intellectuelle
est créée par Dieu au terme de la génération
humaine et qu’elle est à la fois sensitive et
nutritive, les formes précédentes ayant cessés
d’exister.” (Qu.118,a.2,resp.2). Et le Catéchisme
du ‘Concile de Trente’ affirme : “Selon
les lois ordinaires de la Nature, l’âme raisonnable
ne vient s’unir au corps qu’après un temps
déterminé (exception faite pour Jésus
en raison de la Conception miraculeuse ... pour Marie en
raison de l’I.C. ? )”. Jean-Paul II de
conclure : “Même les discussions de caractère scientifique
et philosophique, à propos du moment précis
de l’infusion de l’âme spirituelle, n’ont
jamais comporté la moindre hésitation quant à la
condamnation morale de l’avortemnent.” (E.V.,61).
A la mort – c’est un fait et non un objet d’expérience! – l’âme
se sépare du corps… celui-ci devient un corps
non vivant: un cadavre. L’âme, créée
dans le corps et ayant toujours vécu unie à celui-ci,
ne quitte pas aisément le corps; il semble que l’on
puisse distinguer la mort apparente – l’âme
se retire “au centre du corps” et n’assume
plus les fonctions vitales liées au corps (vivant
cliniquement mort) – et la mort
réelle, où la
séparation est effective et définitive. Entre
ces deux moments – séparés par une durée
variable de quelques heures (vieillard “au bout du
rouleau”) à deux jours peut-être (personne
jeune fauchée “en pleine forme”… voir
des cas de réanimation) – les “moeurs” de
l’âme doivent subir un profond bouleversement… tout
le conditionnement sensible de la vie de l’esprit est
au point mort… L’âme - psyché, c’est-à-dire
l’âme en tant qu’elle anime le corps, ne
s’exerce plus; les seules “fonctions” qui
demeurent sont celles de l’âme - “capable
de Dieu” et de l’âme - “pneuma” (esprit:
en tant qu’elle vit une communion avec “la divinité”).
Corps vivant - corps physique
Tout en demeurant soumis à l’univers physique
(et à ses lois), le corps vivant manifeste une autonomie
propre:
* le vivant vit d’une durée intérieure
propre rythmée par ses opérations vitales (durée
et âge physiologique… “on a l’âge
de ses artères”…; durée et âge
mental, psychique: tel vieillard est jeune d’esprit,
vif et dynamique… tel jeune est psychiquement vieux;
durée et âge spirituel (fruit de la contemplation)…);
* si le corps vivant demeure partie de l’univers physique,
il constitue un certain “tout” capable de transformer
le lieu physique en un milieu vital;
* si le vivant demeure conditionné par l’univers
physique quant à son devenir physique, il connaît
une certaine autonomie de devenir vital: il se meut en ses
opérations vitales (particulièrement spirituelles);
il a une autonomie de déplacement physique (locomotion
vitale);
* il est capable d’engendrer un autre vivant (sans être
détruit lui-même): génération
vitale – il n’existe pas de génération
en physique, mais seulement des transformations de telle
modalité d’énergie (matière -
rayonnement) en telle autre modalité d’énergie.
Le corps physique
de l’homme est une des trois modalités
parfaites de corps physique: il est apte à être
uni à une âme immatérielle… mais,
après la mort, il disparaît (retour à la
poussière)! Les deux autres modalités sont
le soleil (les étoiles), source d’énergie,
de lumière, nécessaire à l’éclosion
de la vie et à son maintien, et la
Terre, milieu vital
privilégié (avec son hydrosphère et
son atmosphère).
L’originalité propre au corps vivant dans l’univers
physique est signe de l’autonomie profonde et réelle
de l’âme relativement à cet univers. La
vie de l’esprit, qui est la vie propre à l’âme,
est en elle-même au-delà du devenir et du spatiotemporel;
elle est en elle-même indépendante de tout organe
physique; elle connaît une intériorité et
une capacité unique de communication avec l’autre.
CONNAISSANCE PHILOSOPHIQUE ET SCIENTIFIQUE DU VIVANT
La connaissance philosophique se noue avec l’induction
de l’âme immatérielle - immortelle de
l’homme. La connaissance scientifique se développe
en dépendance des techniques expérimentales
qui sont empruntées à la physique et se situe
dans une perspective qui se veut a priori positiviste. Elle
n’appréhende des réalités expérimentées
que ce qui est saisissable par ces techniques – il
n’y a pas de technique neutre – et donc, elle
opère, de fait, une réduction du vivant à un
corps physico-chimique.… d’où, si cette
réduction se veut exhaustive et exclusive, une terrible
mutilation du vivant
Par ailleurs, la démarche scientifique part de l’étude
des vivants les plus simples, les moins parfaits (“une
amibe”), pour saisir de mieux en mieux la structure
organique - biologique du vivant le plus parfait. La démarche
philosophique part du vivant le plus parfait que nous expérimentons,
l’homme, pour en saisir l’originalité la
plus profonde; l’expérience philosophique est
unique par sa qualité - richesse - perfection - intériorité:
c’est l’expérience profonde et réelle
que tout vivant - homme peut avoir de lui-même comme être
vivant.
Les autres vivants n’intéressent pas immédiatement
le philosophe. Dans un raisonnement a posteriori, constatant
des faits relevant de la vie sensible et végétative
(un chien, un chat, un éléphant,…) ou
de la vie exclusivement végétative (un chêne,
une fleur,…), il pourra conclure à l’existence
d’une âme sensitive (en ce chien,…) ou
d’une âme exclusivement végétative
(en ce chêne,…) en ces vivants.
Les problèmes limites (Ce “complexe de molécules
organiques” est-il un vivant ou non? Y a-t-il une frontière
nette entre l’univers physique et l’être
vivant?) n’intéressent pas le philosophe. La
vie pourrait-elle “surgir” de la matière?
Le capital d’énergie de l’univers physique
pourrait-il, dans un conditionnement favorable, permettre
l’éclosion et l’organisation de vivants
végétatifs?… C’est au scientifique à éclairer
ces problèmes.
En créant l’Univers, l’Etre premier, dans
Sa sagesse, lui a communiqué une capacité d’être
un milieu vital (ainsi sur Terre), une capacité de
recevoir et de transmettre cette énergie vitale qui
vient de l’Etre premier comme de Sa source première,
qui se transmet de vivant à vivant – nous constatons
que: “à l’origine de tout vivant, complet
et indiscutable, il y a un vivant” – qui se module,
se différencie, s’adapte, suivant le conditionnement
physico-chimique et biophysique… d’où la
diversité étonnante des vivants et les possibilités “d’évolution,
de progression ou de régression”.
Addenda I: Pour les croyants
L’Eglise - le Magistère et la philosophie:
“L’Eglise catholique a toujours unanimement
tenu et tient encore qu’il existe deux ordres de connaissance,
distincts non seulement par leur principe, mais aussi par
leur objet. Par leur principe, puisque dans l’un, c’est
l’intelligence naturelle, dans l’autre, la foi
divine, qui nous fait connaître. Par leur objet, parce
que, outre les vérités que l’intelligence
naturelle peut atteindre, nous sont proposés à croire
les mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être
connus s’ils ne sont révélés d’en
haut. …Bien que la foi soit au-dessus de l’intelligence,
il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre
elles. Puisque le même Dieu qui révèle
les mystères et qui communique la foi a fait descendre
dans l’esprit humain la lumière de l’intelligence,
Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le vrai contredire
jamais le vrai.” (Vatican I)
“
L’intelligence, toutefois, n’arrivera à s’exercer
ainsi, avec justesse et sûreté, que si elle
a été formée comme il convient; c’est-à-dire
si elle a été pénétrée
de cette philosophie saine… que de grands esprits [Aristote,
Thomas d’Aquin, (M.-D. Philippe)] avaient peu à peu
découvert et définie. Cette philosophie reçue
et communément admise dans l’Eglise défend
l’authentique et exacte valeur de la connaissance humaine,
les principes inébranlables de la philosophie première,
enfin la capacité d’arriver à une vérité certaine
et immuable… Il faut extrêmement déplorer
que cette philosophie, reçue et reconnue dans l’Eglise,
soit aujourd’hui méprisée de certains
[non seulement par les gens du monde, mais aussi par beaucoup
d’ecclésiastiques et de théologiens]… Pendant
qu’ils méprisent cette philosophie, il font
l’éloge des philosophies anciennes ou modernes,
d’Orient ou d’Occident, en sorte qu’ils
semblent insinuer dans les esprits que n’importe quelle
philosophie, n’importe quelle façon de penser
peut, moyennant, s’il le faut, des corrections et des
compléments, s’accorder avec le dogme catholique.
Ce qui est absolument faux…” (Pie
XII, Enc. Humani Generis, 12.08.1950).
“
Bien que la raison humaine …puisse vraiment par ses
forces et sa lumière naturelles arriver à une
connaissance vraie et certaine d’un Dieu personnel,
protégeant et gouvernant le monde par Sa Providence,
ainsi que d’une loi naturelle mise par le Créateur
dans nos âmes – “Ce qu’on peut connaître
de Dieu est pour eux (les païens, les “gentils”)
manifeste: Dieu en effet le leur a manifesté. Ce qu’il
y a d’invisible depuis la création du monde
se laisse voir à l’intelligence à travers
Ses oeuvres, Son éternelle puissance et Sa divinité.” (Rm.1.19-20) – il
y a cependant bien des obstacles empêchant cette même
intelligence d’user efficacement et avec fruit de son
pouvoir naturel, car les vérités qui concernent
Dieu et les hommes dépassent absolument l’ordre
des choses sensibles, et lorsqu’elles doivent se traduire
en action et informer la vie, elles demandent qu’on
se donne et qu’on renonce. L’esprit humain, pour
acquérir de semblables vérités, souffre
difficulté de la part des sens et de l’imagination,
ainsi que des mauvais désirs nés du péché originel.
De là vient qu’en de telles matières
les hommes se persuadent facilement de la fausseté ou
du moins de l’incertitude des choses dont ils ne voudraient
pas qu’elles soient vraies.” (Catéchisme
de l’Eglise catholique, 37)
Révélations particulières:
“
Et, qu’est-ce que la philosophie quand elle est vraie
et honnête, sinon une élévation de l’intelligence
humaine vers la Sagesse et la Puissance infinies, c’est-à-dire
vers Dieu?” (Valtorta, II: Jésus parle aux romaines)
“
De l’esprit qui raisonne du philosophe, du vrai grand
philosophe, à l’esprit du vrai croyant qui adore
le vrai Dieu, il n’y a qu’un pas.” (Valtorta,
VI)
…La sagesse du monde condamnée par S. Paul (1 Co.1.19) est
la pseudo-sagesse compromise avec le prince de ce monde… La sagesse véritable (philosophia
perennis) a toujours eu l’appui du Magistère …et
de S. Paul (Rm.1.20)!
L’âme et ses facultés
spirituelles:
Jésus à Ste Catherine de Sienne (1347-1380,
Docteur de l’Eglise):
“
Votre âme, Je l’ai créée à mon
image et ressemblance en lui donnant la mémoire, l’intelligence
et la volonté.”
“
Le patrimoine que Je leur ai donné: la mémoire
pour qu’ils puissent se souvenir de Mes bienfaits;
l’intelligence pour qu’ils puissent voir et connaître
la Vérité; la volonté pour qu’ils
puissent M’aimer, Moi, la vérité éternelle
que leur intelligence a connu.”
Jésus à Sintica (l’esclave
grecque) dans Valtorta, IV:
“
Cette chose admirable qu’est l’âme, chose
créée par Dieu pour donner à l’homme
Son image et Sa ressemblance comme signe indiscutable de
Sa paternité très sainte, résulte des
qualités propres de Celui qui l’a créée.
Elle est donc intelligente, spirituelle, libre, immortelle,
comme le Père qui l’a créée. Elle
sort parfaite de la Pensée divine et, à l’instant
de sa création, elle est semblable pour un millième
d’instant, à celle du premier homme: une perfection
qui comprend la Vérité par suite d’un
don gratuitement donné. Un millième d’instant.
Puis, une fois formée, elle est blessée par
la faute d’origine. Pour te faire mieux comprendre,
Je dirais qu’elle est comme si Dieu portait l’âme
qu’Il crée et que l’être créé,
en naissant, soit blessé par un signe ineffaçable.” [Ainsi à la
mort, l’âme se voit, voit toute sa vie ici-bas
dans la lumière de Dieu, pour un millième d’instant,
et se juge elle-même.]
“
Si vous ôtez de la religion le “dogme” de
l’immortalité de l’âme, vous la
ruinez de fond en comble… cet “article de foi” n’existe
que dans la Tradition orale.” (Rabbin P.Drach: de l’Harmonie
entre l’Eglise et la Synagogue)
La création d’une âme est une merveille
plus grande que la création de l’Univers physique
tout entier!
L’homme: origine et premier homme:
Concernant l’origine de l’homme, il semble que
l’on puisse affirmer la création simultanée
de l’âme et du corps (pour le premier homme): “YHWH
- Dieu façonna l’homme, – poussière
détachée du sol –, fit pénétrer
dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint
un être vivant.” (Gn.2.7, trad. Wogué).
Par ailleurs: “On ne met pas de vin nouveau dans des
outres vieilles (…une âme immortelle dans un
corps d’hominidés…)… on met du vin
nouveau dans des outres neuves…” (Mt.9.17).
Pour le croyant, il y eût un premier homme, père
et source de toute l’humanité -- à l’image
de la “Monarchie” du Père éternel
-- : “Les fidèles ne peuvent embrasser une doctrine
dont les tenants soutiennent, ou bien qu’il y a eu
sur Terre après Adam de vrais hommes qui ne descendent
pas de lui par génération naturelle comme du
premier père de tous, ou bien qu’Adam désigne
l’ensemble de ces multiples premiers pères.” (Pie
XII, Enc. Humani Generis, 1950).
Origine des animaux
et des végétaux:
Il semble que l’on puisse affirmer que les animaux
naissent dans une diversité d’espèces
par une Volonté expresse du Créateur (Genèse:
Jour 5 et 6); espèces qui sont capables d’évolution,
de transformation, d’adaptation (qui ne sont pas des
réalités figées). Les “rampants
sur Terre” (Jour 6) surgissent de la Terre (le verbe “créer” n’est
pas employé)… comme si la Terre - mère
avait reçu, par un vouloir express de la Divinité,
le pouvoir d’être source des vivants sur le sol.
Originalité des poissons - oiseaux – qui n’occupent
pas le même “terrain” que l’homme – pour
lesquels est utilisé le verbe “créer”.
Quant aux végétaux, ils surgissent aussi du
sol (Jour 3) par une volonté express du Créateur.
La signature trinitaire
en l’homme : Père
Fils Esprit (duel)
Vie végétative (fondamentale); vie sensible
(Fils incarné); vie spirituelle (naturelle et surnaturelle)
// Reproduction (le Père engendre le Fils); nutrition
(le Fils se donne en nourriture); croissance (physiologique
et spirituelle) // Sensations externes; sensations internes;
passions (concupiscible et irascible) // Mémoire;
intelligence; volonté (anté- et con- séquente)
// Ame-psyché; âme ‘capax Dei’ ; âme-esprit
(naturel et pneumatique).
Addenda II: Anthropologie
Etapes du développement de la vie de l’homme:
On peut distinguer quelques grandes étapes – très
conditionnées par le développement de la vie
végétative – dans la vie de l’homme:
* de l’embryon à la naissance: rôle complémentaire
du père et de la mère dans la fécondation,
rôle important du milieu vital (sein maternel), sans
oublier le Geste du Créateur créant l’âme
dans le corps - embryon.
* de la naissance à l’adolescence (le vivant
- homme est devenu capable d’engendrer son semblable):
première et fondamentale éducation dans le
milieu familial, éclosions et enracinements des vies
sensible et spirituelle (les “pourquoi”… les
interrogations à ne jamais décourager);apprentissage
de la vie communautaire (l’école… le métier à venir).
* l’homme adulte: celui en lequel la vie spirituelle
exerce – ou devrait exercer – sa régence
sur toute l’activité humaine… homme libre
(intérieurement… cf philosophie morale) capable
d’être responsable de lui- même et de ses
actions.
* de la vieillesse à la mort: déclin des vies
végétative et sensible… la vie spirituelle,
tout en étant très conditionnée par
le corps vivant, par l’homme sensible, peut maintenir
une grande vitalité.
Les fruits propres
de l’activité humaine:
Fruits immanents:
* la parole, le langage… diverses modalités
(utilitaire, scientifique, amicale,…);
* le rire, le sourire, les larmes: le rire plus lié à la
connaissance (souvent moqueur… orgueil); le sourire
plus affectif (note de discrétion… humilité… tendresse…);
les larmes liées à l’affectivité;
* les gestes: de commandement ou d’obéissance,
religieux (d’adoration,…), artisanaux ou artistiques,
affectifs (baisers, caresses,…).
Toute véritable éducation doit veiller à l’équilibre
du geste et de la parole… tout véritable amour
aussi.
Les oeuvres réalisées:
Ecritures, outils, vêtements, habitats; oeuvres techniques,
artisanales ou artistiques; …la ville, le village,
le complexe industriel,….
Divers types d’hommes et leurs “situations -
limites” (mise en échec):
* Le philosophe, le scientifique… conquête de
la vérité… échec: l’erreur!
* “L’homo faber”… l’oeuvre à réaliser
(technique, artistique,…)… échec: défaut
technique, oeuvre rejetée par le public,… [Le
scientifique peut être aussi homo faber.]
* L’homme politique… bien commun: justice, concorde… échec:
mis en échec par le peuple, les partis, les “sociétés
fermées”; caricature: l’homme avide de
pouvoir, d’honneur (le moment est toujours favorable
pour servir son propre intérêt… mensonge,
trahison, irresponsabilité…)...
Trouve-t-on aujourd’hui encore des vrais hommes politiques?
* L’homme du système banco-économico-industriel… supprimer
la misère, assurer le minimum vital à tous
les hommes… échec: le système enrichit
les plus riches… “Mystique” mensongère
et perverse de la croissance illimité… Primat
de l’économique sur l’humain…
* L’homme des lois… juriste, avocat,… échec:
l’erreur judiciaire…
* L’homme “magnanime”… les misères
des hommes… médecin (à la fois scientifique,
homo faber et magnanime… échec: n’être
qu’un ingénieur du corps humain)… hommes
des oeuvres charitables… hommes soucieux de l’environnement
(milieu vital… échec: les pollutions, le refus
d’y être attentif)…
* L’homme dans la famille… époux - épouse
(échec: divorce)… père - mère
et enfants (échec: les divisions)… échec:
la mort d’un conjoint, d’un enfant.
* L’homme - ami… les liens d’amitié (plus
personnels et plus profonds que la simple concorde)… échec:
la trahison.
* L’homme religieux… échec: rupture avec
Dieu, apostasie…
Beaucoup de “mixtes” entre ces types d’hommes… complexité et
grande diversité… les mises en échec
peuvent être sources de replis sur soi, de révoltes,
de troubles psychiques… Assumer ces échecs en
relativisant la situation, en faisant preuve d’humilité et
de pauvreté d’esprit et en visant un bien plus
authentiquement humain!