Toute
partie de la Sagesse naturelle se fonde sur l’expérience,
d’où son
réalisme
EXPERIENCE FONDAMENTALE de
la communauté-cité :
la COOPERATION
Aucun homme n’est “isolé”,
entièrement
indépendant de tout autre homme. Chacun dépend
dans sa conception d’un couple homme-femme, puis d’un
milieu de vie (la famille) pour
son premier développement
végétativo-sensible et pour sa première éducation
intellectuelle, morale et affective volontaire; chacun “dépend” de
multiples manières des autres hommes au cours de sa
vie – formation professionnelle, travail et loisirs,
vie affective (à tout niveau),
vie intellectuelle, vie de citoyens, soins médicaux,
activités
artistiques, vêtements-nourriture-logement, vie spirituelle
religieuse - et jusqu’en sa mort (sépulture)!
Par ces “dépendances-relations” multiples,
tout homme apparaît comme
un “noeud”, un “point
de convergence” dans un tissu, un réseau de
relations.
Les situations extrêmes
- conception, mort-sépulture
(suivant les circonstances) - mises à part, tout homme
est engagé proportionnellement (plus
ou moins) et
personnellement - lucidement-consciemment,
librement… ces
qualités, qui devraient exister, responsabilisent
l’engagement - dans cet univers de relations;
tout particulièrement, en celles liées à la
vie familiale, professionnelle, sociale-politique, religieuse.
Cet engagement, quel qu’il soit - celui de l’ouvrier
ou du P.D.G., celui du maître ou de l’élève,
celui de l’homme d’Etat ou du citoyen, celui
de l’enfant ou de la mère,… - est
et doit être un engagement
humain, c’est-à-dire
qui respecte l’homme, Image
de Dieu; ce qui implique
l’exercice des facultés spirituelles (selon
leurs qualités, dignités propres) dans
un climat de confiance, de bienveillance et de (co-)responsabilité.
La coopération est l’expérience
fondamentale, de base, qui fonde toute véritable communauté humaine: communautés
familiale, professionnelle, de travail, politique, sportive.
Toute
modalité de coopération implique:
* Le
respect de la dimension morale-éthique de la
personne: “La personne humaine est, et doit être,
le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions
sociales (communautaires, quelles
qu’elles soient)”(CEC
1892) ... “La société doit favoriser
l’exercice des vertus, non y faire obstacle. Une juste
hiérarchie des valeurs doit l’inspirer.”(CEC
1895)... “Le respect de la personne humaine considère
autrui comme un ‘autre soi-même’. Il suppose
le respect des droits fondamentaux qui découlent de
la dignité intrinsèque de la personne.”(CEC
1944) ... La coopération dégénère,
se corrompt, si cette dimension est “mise sous le boisseau”,
voire niée… le coopérant n’est
plus alors qu’un outil déshumanisé.
*
Une Fin, un “en vue de quoi”, elle s’exerce:
tel bien commun particulier et,
essentiellement , le Bien commun ‘politique’ , celui de la Cité. Ce bien dynamise et motive la coopération; il doit être
vécu en harmonie avec le bien le plus spécifique
de la personne (amour d’amitié, contemplation)
et ne doit pas “porter ombre” à ce dernier,
ou s’y opposer; au contraire, il doit permettre l’épanouissement
de la personne selon toutes ses dimensions personnelles et
communautaires-civiques. CEC 1924 : “ Le bien
commun comprend l’ensemble des conditions sociales qui permettent
aux groupes et aux personnes d’atteindre leur perfection,
de manière plus totale et plus aisée.” CEC
1925 : “ Le bien commun comporte trois éléments
essentiels : le respect et la promotion des droits fondamentaux
de la personne; la prospérité ou le développement
des biens spirituels et temporels de la société;
la paix et la sécurité du groupe et de ses
membres.”
La Communauté des coopérants est alors structurée
par une hiérarchie-organique des personnes -- tenant
compte des talents-capacités diverses, de l’histoire
humaine, voire sociale, de chaque personne -- s’organisant
dans le respect de la justice, de la vérité,
du bien à conquérir sans nuire à l’exercice
de la charité. CEC 1919 : “ Toute communauté humaine
a besoin d’une autorité pour se maintenir et
se développer.”
DIVERSITE DE COOPERATIONS, DE COMMUNAUTES, DE BIENS COMMUNS:
Deux modalités de ‘coopérations’ (en
un sens un peu limite) sont immédiatement (re-)liées à l’amour
unissant-reliant deux personnes,
soit à l’amour
d’amitié entre ami(e)s vécu selon les
exigences d’un amour d’amitié vrai, soit à l’amour
conjugal tel qu’il est vécu dans le lien du
mariage. La ‘coopération’ apparaît
alors comme un fruit de l’amour, un fruit permettant
de maintenir le réalisme de l’amour; mais, la ‘coopération’ ne
doit pas écarter, supplanter le lien affectif de l’amour… sinon,
celui-ci perd sa qualité la plus noble (de
don gratuit) pour n’être plus qu’un amour utilitaire
(l’efficience-efficacité prime la finalité ultime).
La coopération entre ami(e)s implique (le
plus souvent)
une oeuvre à réaliser : artistique, sportive,
scientifique, politique, spirituelle, ... . La coopération
entre époux doit permettre l’épanouissement
de leur vie d’adulte et se prolonge dans l’oeuvre
la plus nécessaire (si perturbée aujourd’hui):
l’éducation à la vie ... de(s) enfant(s),
fruit(s) de leur amour.
L’amour unissant l’époux et l’épouse
détermine une communauté nouvelle: la
FAMILLE.
La famille est la communauté de base, fondamentale,
nécessaire; en elle, naissent, se développent
et grandissent “en sagesse” les futurs hommes,
qui deviendront membres de multiples communautés.
La famille ne s’enferme pas sur elle-même, mais
porte une dimension essentielle d’accueil, d’ouverture
(elle n’est ni un clan, ni une secte) ... plus la famille
est enracinée, forte, plus elle est capable d’ouverture
et d’accueil. En la famille, se manifestent (normalement)
les liens affectifs les plus enracinés… : parents
- enfants, enfants entre eux, époux - épouse,
grands-parents et petits enfants,… . Communauté de
base, la famille est aussi la communauté la plus durable ( car, enracinée ‘dans la chair et le sang’),
mais aussi la plus attaquée par toute civilisation
qui ‘se meurt’; l’Etat
et sa structure propre passe, la famille demeure!
LES MODALITES DE COOPERATIONS DANS
LA SOCIETE HUMAINE SONT MULTIPLES ET DIVERSES ... elles sont spécifiées
par les BIENS COMMUNS visés et donnent naissance à de
multiples communautés:
* Coopérations ordonnées à la production
des biens nécessaires à la vie - survie humaine (nourriture,
vêtement, ... ) et au soulagement des
souffrances et misères (maladies,
misères économiques,...)
... coopérations motivées par les activités
sportives et de loisirs ... Communautés d’agriculteurs,
vignerons, boulangers,…; communautés de médecins,
infirmières et patients… l’hôpital,
la clinique, les organisations humanitaires,… les clubs
sportifs ... Bien commun : un juste équilibre dans
les biens nécessaires ... la santé la meilleure
pour tous et chacun ...
* Coopérations ordonnées à la saisie
de la vérité (à tout niveau) , à la
diffusion-transmission des connaissances, à la (l’in-)formation
de base utile et nécessaire à tout homme (parler,
lire, écrire) pour permettre son épanouissement
minimum ... tout ce qui regarde le “savoir” (théorique
et pratique): acquisition d’un “métier”… Recherches
historiques et archéologiques ... Communautés
de chercheurs scientifiques, d’enseignants et étudiants
(le complexe universitaire), de philosophes, d’instituteurs, … Bien
commun : la vérité (suivant
telle ou telle dimension), la sagesse, une formation technique qualifiée
...
* Coopérations dans les oeuvres à réaliser soit artistiques et artisanales (théâtre, concert,
menuiserie,…) soit techniques (ingénieurs, architectes,
techniciens,…)… tout ce qui regarde le “faire”… Communautés
(sociétés) de musiciens, d’architectes,
d’électroniciens, … Bien
commun : l’oeuvre
réalisée dans toute sa beauté-perfection
(la maison, le métro, l’ordinateur,...)
* Coopérations ordonnées à l’acquisition
et gestion des biens économiques, industriels, financiers (à grande échelle) ... communautés d’industriels,
de banquiers, de “P.D.G.”… mais aussi la
communauté que représente un complexe industriel
(du PDG au plus petit des employés), une grande banque,
une société immobilière, … Bien
commun : la prospérité ou le développement
des biens temporels (et spirituels) de la société (de
tous et chacun) ... la croissance-réussite jugée
, a priori, sans limite supérieure, est le fruit d’un
grave aveuglement et de l’orgueil-vanité.
* Coopérations de type religieux ... communautés
chrétiennes, juives, islamiques, bouddhistes ... toute
communauté orientée vers le ‘bien
des âmes,
de l’homme corps-et-esprit’, vers les réalités
dites spirituelles, ...
* Coopérations au service
de l’Etat, de la CITE
POLITIQUE ... communautés d’hommes politiques
- de sages gouvernant la Cité ... de magistrats… d’hommes
des lois (nécessaires pour structurer l’Etat):
juristes, avocats, notaires,… d’hommes au service
de la “sécurité” (interne
ou externe):
gendarmes, militaires (du plus
gradé au moins gradé)
... BIEN COMMUN : la Concorde (entre citoyens) - impliquant
l’exercice de la justice - , le respect des biens particuliers
(ci-dessus évoqués) et des biens fondamentaux
des personnes , l’exercice d’une juste miséricorde
envers les ‘déshérités-pauvres’,
la Paix (entre nations-communautés).
Les coopérations et communautés
ordonnées
aux biens immédiatement nécessaires à la
vie des hommes et au soulagement des souffrances et misères
sont fondamentales au point
de vue “politique”;
les coopérations et communautés ordonnées “au
savoir et au faire, plus approfondis-élaborés” sont
de l’ordre de la perfection et
donnent un visage véritablement
humain à la Cité politique; les coopérations
et communautés ‘religieuses-spirituelles’ donnent
(ou devraient donner) une
dimension ‘divine’, ‘achevée’, à la
Cité humaine-politique.
Toute forme de communauté (professionnelle,
de travail, de loisirs, de sports, ‘religieuse’)
doit être
ouverte aux liens d’amitié qui peuvent se nouer
entre ses membres; ces liens de “surabondance” rendent
plus humaines ces diverses communautés; mais,
ces liens ne peuvent être exclusifs et nuire aux exigences
essentielles de la justice, de la concorde-bienveillance
envers tous. Aucune forme de communauté ne peut s’opposer
ou nuire au bien essentiel de la communauté familiale.
Ces diverses communautés évoquées
brièvement
et distinguées ne sont pas isolées les unes
des autres, en opposition l’une à l’autre
... ce ne sont là que des distinctions (fondées
sur les biens visés), mais les ‘interférences’ entre
elles sont multiples ! Le scientifique
en laboratoire unit le savoir (théorique) et le faire
(pratique) dans des proportions diverses; l’architecte
unit le savoir, le faire et l’aspect économique
dans des proportions variables selon ses talents personnels;
le chirurgien unit
le savoir et le faire; ... Le ‘savoir’,
le ‘faire’,
la vie ‘selon la chair et le sang’, le ‘bien
des âmes’, ... , demandent à se développer
en harmonie, dans un juste équilibre, non seulement
en chacun-chacune, mais, plus profondément-ultimement,
dans le respect des compétences-responsabilités
propres à chaque communauté particulière
... Nécessité d’appliquer les
principes de subsidiarité et de solidarite: “Ces
deux principes sont, d’après l’enseignement
social de l’Eglise, deux régulateurs fondamentaux
de la vie en société. D’une part, le
principe de subsidiarité s’adresse à la
dimension verticale des relations entre les hommes d’une
même société; il demande que l’autorité supérieure
respecte la liberté d’action de chaque citoyen
et des corps intermédiaires (donc,
permette à ceux-ci
d’exercer leur responsabilité légitime).
D’autre part, le principe de solidarité s’adresse à la
dimension horizontale des relations entre les hommes d’une
même société; il est là pour corriger
les abus qui peuvent germer de l’exercice inconsidéré des
libertés individuelles.”(Card.Margéot,
Qu.act., 8)
L’Autorité-pouvoir politique doit veiller à ce
juste équilibre pour donner à la Cité des
hommes son visage véritablement humain ...
Les coopérations
et communautés propres au
système “banco-économico-industriel”,
tel qu’il s’est développé depuis
le 19e s., représentent de fait un danger
certain pour les autres formes de coopérations-communautés
- peu à peu
dominées par le “pouvoir économique”,
qui se veut premier, exclusif et universel -
et pour notre humanité. La déshumanisation
du milieu humain se poursuit
au rythme de la croissance et de l’unification
de ce pouvoir (…cf “la tour de Babel”…):
les valeurs morales - éthiques (responsabilité,
justice, agir en vérité)
sont “mises
sous le boisseau” avec pour conséquences le
règne de l’anonymat, de l’irresponsabilité (la
S.A. tue la responsabilité de la personne et ouvre
la porte aux mensonges et aux injustices)
et des perversions morales (légalisation
de l’assassinat des innocents,
banalisation avec l’appui des médias des moeurs
libertines et des unions unisexes, ...).
Les puissants augmentent leur pouvoir et les misérables
survivent et meurent dans leur misère… . Le
milieu propre à la
vie sur Terre (atmosphère, hydrosphère) est
ignoré, méprisé, livré à toutes
les pollutions…. (Quel
héritage donneront-nous
aux générations futures ? )
Les “médias” sont
jugulés, asservis et “orientés”… . Un
tel aveuglement de la part des “puissants” et
des hommes politiques-mercenaires du ‘système économique ’ (ce
ne sont plus des hommes ... mais, des manipulés par
des forces qui les dominent),
qui peut conduire à la
ruine de l’humanité, est “philosophiquement” incompréhensible.
PIE XI, Encyclique Quadragesimo Anno
(relative à la ‘dictature économique’),
1931 : “ Ce qui à notre époque frappe
tout d’abord le regard ce n’est pas seulement
la concentration des richesses, mais encore l’accumulation
d’une énorme puissance, d’un pouvoir économique
discrétionnaire, aux mains
d’un petit nombre
d’hommes, qui d’ordinaire ne sont pas les propriétaires,
mais les simples dépositaires et gérants du
capital qu’ils administrent à leur gré.” - “Ce
pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs
et maîtres de l’argent, gouvernent le crédit
et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils
distribuent en quelque sorte le sang à l’0rganisme économique
dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que,
sdans leur consentement nul ne peut respirer.” - “ Cette
concentration du pouvoir et des ressources, qui est comme
le trait distinctif de l’économie contemporaine,
est le fruit naturel d’une concurrence dont la liberté ne
connaît pas de limites; ceux-là seuls restent
debouts, qui sont les plus forts, ce qui souvent revient à dire,
qui luttent avec le plus de violence, qui sont les moins
gênés par les scrupules de conscience.”
DECLARATION DES EVEQUES DU CONSEIL
EPISCOPAL LATINO-AMERICAIN : “ Nous voulons le proclamer à haute voix:
nous ne pouvons demeurer indifférent devant tant de
signes de mort qui apparaissent, l’extrême pauvreté,
la croissance du chômage, la violence et tant
de formes de corruption et d’impunité,
qui plongent des millions de familles dans l’angoisse. L’origine
de ces maux se trouve, sans aucun doute, dans le coeur de
l’homme, ou (ou / et)
dans des systèmes et des
structures injustes issus du péché. Nous dénonçons,
comme étant l’une des causes principales d’une
telle inégalité (injustice),
la toute-puissance
de l’économisme,
c’est-à-dire l’absolutisation
de la loi du marché, et du pouvoir de l’argent,
en oubliant que
l’économie doit servir l’homme,
et non le contraire.” (Mexico,
oct.92).
LE ‘MONDE DIPLOMATIQUE’,
OCT.94 : “...
L’idéologie du libre marché triomphe
... Le poids des multinationales s’accroît, mais
aussi celui des maffias ... Le milliard le plus pauvre s’enfonce
dans des spirales mortifères de déracinements,
d’appauvrissements et de déchirements ... Ce
sont les logiques du marché et du profit qui prédominent
... En bref, la
marchandisation de l’homme, des sociétés,
de la Terre ... Un nouveau
capitalisme va dominer le monde et nos sociétés, élément
décisif
du ‘basculement du monde’ en cours et dont on
est loin d’avoir pris toute la mesure ... L’économique
s’autonomise par rapport aux sociétés
humaines... Au lieu que l’économie soit encastrée
dans les relations sociales, ce sont les relations sociales
qui sont encastrées dans le système économique
... Le bonheur
de l’homme semble essentiellement dépendre
de la vitalité de l’économie ... Economies
nationales et sociétés humaines sont de plus
en plus dominées par la sphère monétaire
et financière ... Cette sphère monétaire
et financière constitue un mileu idéal pour
les activités des spéculateurs internationaux,
des oligarchies et dictateurs enrichis au détriment
de leurs pays, des financiers de toutes les maffias et de
tous les trafics ... Ne
sommes-nous pas entrés dans
une Ere d’irresponsabilité illimitée
?.... Ainsi, le pire est-il peut-être en train de se
préparer. ... Le
pire, ce serait aussi le sacrifice imposé aux générations à venir
par les rapacités et les démissions d’aujourd’hui, à travers
les ressources pillées et gaspillées, l’eau
dégradée, les sols détruits, les déchets
chimiques et radioactifs rejetés dans les terres et
les eaux, les sites nucléaires à entretenir
... .” (Ignace Ramonet,
le basculement du monde) ---“ ...
La ‘main
invisible’ régule et régit,
despotiquement, non seulement les échanges économiques
et financiers, mais pratiquement l’ensemble de l’activité humaine
... des hommes
politiques en viennent à oublier que
la démocratie demeure essentiellement un projet éthique,
fondé sur la vertu et sur un système de valeurs
sociales et morales qui donne un sens à l’exercice
du pouvoir. ..” (I.Ramonet,
l’agonie de la morale).
PROF. BERGMANN, Doyen HEC de
l’UNIL : “La concurrence
n’est plus le fait de se stimuler mutuellement sur
un marché. Elle a été remplacée
par la guerre. ... Le
monde économique pollue l’environnement
social et psychologique. ... Une
accélération économique
infinie est encore moins pensable qu’une croissance
infinie ... Nous allons vers un avenir effrayant. ... Ce
qu’il faut, c’est remettre l’économie à sa
place, comme UNE dimension de la société qui
n’est pas la seule. L’Economie est au service
de l’homme et non l’inverse. “ (Allez savoir,
revue UNIL. juin 04)
LA COMMUNAUTE POLITIQUE - L’ETAT
- LA CITE
La coopération propre à la
communauté des
citoyens - des membres de la
Cité: des gouvernants
jusqu’aux “simples citoyens” - est
finalisée par la conquête, la réalisation
du BIEN COMMUN POLITIQUE.
Ce bien implique trois dimensions distinctes et complémentaires:
* La CONCORDE: amour de concorde, de bienveillance entre
les citoyens…(impliquant
le respect des consciences) ... la
concorde est aux citoyens, ce que l’amitié est
aux amis…; aucune opposition entre concorde et amitié:
la concorde entre tous, laisse ouvert l’exercice
de l’amitié entre deux personnes, et, les
liens personnels d’amitié ne sont pas exclusifs
de l’exercice de la concorde envers tous. La concorde
implique un juste équilibre entre les biens communs
particuliers et l’exercice d’une justice ferme
et éclairée. L’exercice de la JUSTICE (respectant
les droits de l’autre) entre citoyens
(et entre Etats) sous-tend, de l’intérieur,
le bien commun de la Cité de hommes; pas de concorde
ou de paix véritables sans respect des exigences
de la justice ET de ce qui lui est intimement lié :
AGIR EN VERITE (
dans la lumière, la ‘transparence’ ...
les sociétés secrètes-fermées,
impliquant des degrés d’initiés, sont
un véritable ‘fléau social’ ...
). Cela exige une
grande pauvreté d’esprit
dans l’exercice du pouvoir-’dominium’! C’est avec sagesse et prudence que des LOIS doivent être
imposées , proposées, et toujours justifiées, éclairées
par le bien de la Cité (des
Cités) dans le
respect des biens particuliers (du
savoir, du faire, du travail, des sports ou des loisirs,
du ‘bien spirituel
des âmes’,…) et tout particulièrement
de la famille. CEC 2211 : “La Communauté politique
a le devoir d’honorer la famille,
de l’assister,
de lui assurer notammment : -- La liberté de fonder
un foyer, d’avoir des enfants et de les élever
en accord avec ses propres convictions morales et religieuses;
-- La protection de la stabilité du lien conjugal
et de l’institution familiale; -- La liberté de
professer sa foi, de la transmettre, d’élever
ses enfants en elle, avec les moyens et les instituions
nécessaires; -- Le droit à la propriété privée
(à une juste propriété qui ne lèse
pas d’autres personnes ou familles), la liberté d’entreprendre,
d’obtenir un travail, un logement, le droit d’émigrer;
-- Selon les institutions des pays, le droit aux soins
médicaux, à l’assistance pour les personnes âgées,
aux allocations familialles; -- La protection de la sécurité et
de la stabilité, notamment à l’égard
des dangers comme la drogue, la pornographie, l’alcoolisme,etc.;
-- La liberté de former des associations avec d’autres
familles et d’être ainsi représentées
auprès des autorités civiles.”
* La MISERICORDE envers les plus pauvres et déshérités
parmi les citoyens; les fruits d’une vraie miséricorde
sont la suppression de toutes les misères (au
sens strict): chaque citoyen-personne dispose du minimum nécessaire
pour assurer sa vie; à savoir: la nourriture (le
pain,…), le boire (l’eau potable), le vêtement,
l’hygiène élémentaire et les
soins médicaux nécessaires, l’habitat
(adapté pour la vie de famille), l’éducation-instruction
(suppression de l’analphabétisme et éducation
morale) ... une attention particulière aux vieillards
et aux enfants ... La
suppression des misères est
le fondement d’une civilisation authentique…
La misère n’est pas à confondre avec
la pauvreté: le misérable est en état
de “survie”, privé de biens essentiels à la
vie… le pauvre jouit des biens minimums nécessaires à la
vie, mais il est privé des autres biens (plus
ou moins utiles, plus ou moins superflus…) … la
pauvreté est conditionnée par le lieu, le
milieu de vie et de culture… un pauvre en Occident
peut être un riche en Afrique... Une borne inférieure à la
pauvreté, très conditionnée par le
milieu de vie, ne doit pas être franchie ... une
borne supérieure à la richesse, très
conditionnée par le milieu de vie et la (les) responsabilité(s)
ne doit pas être dépassée ... le ‘surplus’ du ‘riche’ est
injecté dans le service des pauvres.
L’esprit de pauvreté, incarné dans
l’existence de chaque jour, est une véritable
clef de la Paix (intérieure et extérieure
). . . La propagande matérialiste-économique
actuelle veut faire croire aux hommes qu’ils n’existent
que pour acheter, vendre, consommer ... d’où les
misères morales de tant et tant d’hommes piégés
par ces slogans mensongers . et la ruine de tant de familles
... civilisation-culture de mort!
* La PAIX entre les divers Cités-Etats du monde.
L’humanité de par la richesse même de
ses cultures demande de s’épanouir dans une “unité harmonieuse” respectueuse
de la diversité des “avoir”, des “savoir”,
des traditions; une “unité monolithique” déshumanise
le visage des Cités et engendre les “murmures”,
les divisions-oppositions, l’enrichissement des riches
et puissants, l’appauvrissement des pauvres, les
révolutions et les guerres; la paix ne peut être
fondée que sur le respect des ethnies, des minorités
et des Patries… “la Cité humaine des
Patries”, fruit d’une civilisation de l’amour,
est ce qui donne sa perfection ultime, son achèvement à la
Cité des hommes sur Terre. La Cité terrestre
n’est autre qu’une mosaïque de Patries ... de Cultures, y compris religieuses : “De par
sa vocation spirituelle, l’homme a le droit de rendre
un culte à Dieu en privé ou en public. Il
a le droit de choisir sa religion et de la pratiquer librement.
En découle aussi le droit à une éducation
et à une formation religieuse. De ce droit découle
le devoir de respecter la liberté religieuse de
chaque personne et de chaque groupe religieux. Ce respect
de la liberté religieuse demande de rejeter toute
forme de prosélytisme, c’est-à-dire
de ne pas exercer de pressions sur des personnes pour les
faire changer de religion. Cependant du droit à la
liberté religieuse découle aussi le devoir
de respecter une personne qui désire, après
mûre réflexion, changer de religion.”(Card
Magéot) ... vivant en harmonie!
Un très grand et grave danger guette cette mosaïque
: la mondialisation (qui résulte de l’extension
au monde entier de l’économie de marché et
de la ‘logique’ des entreprises dans le contexte
de la révolution informatique qu’elle accompagne
... elle est à la fois le moyen et le résultat
du leadership américain). “Si la mondialisation
est régie par les seules lois du marché appliquées
selon l’intérêt des puissants, les conséquences
ne peuvent être que négatives.” (Jean-Paul
II, in Ecclesia in America, 1999)
Ne conviendrait-il pas d’appliquer pour le ‘monde économique’ la
loi des ‘petits nombres’: tout complexe bancaire-industriel
doit demeurer à une ‘échelle’ véritablement
humaine, càd permettant aux ‘dirigeants-supérieurs’ de
connaître et rencontrer les inférieurs ? ..(les ‘grands
nombres’ ouvrent la porte à l’exaltation
du pouvoir, à l’anonymat des responsabilités, à la
déshumanisation des relations entre ‘supérieur’ et ‘inférieur’, à l’auto-glorification
des ‘seigneurs’... )
JEAN-PAUL II : “ La
Nouvelle Evangélisation,
dont le monde moderne a un urgent besoin et sur laquelle
j’ai insisté de nombreuses fois, doit compter
parmi ses éléments essentiels l’annonce
de la doctrine sociale de l’Eglise, apte, aujourd’hui
comme sous Léon XIII, à indiquer le bon chemin
pour répondre aux grands défis du temps présent,
dans un contexte de discrédit croissant des idéologies.
Comme à cette époque, il faut répéter
qu’il n’existe pas de
véritable solution
de la “question sociale” hors de l’Evangile et
que , d’autre part, les “choses nouvelles” peuvent
trouver en lui leur espace de vérité et la
qualification morale qui convient.” (Lettre
encyclique ‘ Centesimus Annus ’ , 01.05.1991)
PAUL VI : “ La Civilisation de l’amour l’emportera
sur la fièvre des luttes sociales implacables et donnera
au monde la transfiguration tant attendue de l’humanité finalement
chrétienne.” (
1975 , Homélie lors de
la Messe de minuit clôturant l’Année sainte)
L’HOMME POLITIQUE - STRUCTURE DE LA CITE HUMAINE :
L’homme politique est le “sage” selon
une sagesse pratique, prudentielle, ce qui implique le respect
de la loi naturelle inscrite en son coeur de vivant fait à l’Image
de Dieu; l’homme politique chrétien est appelé à vivre
et à agir selon l’esprit de l’Evangile
et des exigences du Décalogue; sa responsabilité est
grande - grave vu qu’elle s’exerce envers la
communauté humaine la plus parfaite, la plus achevée:
la Cité ! L’homme politique doit oeuvrer pour
la paix et veiller à la protection des qualités
essentielles de notre milieu de vie. Il doit veiller au juste équilibre
des communautés (du savoir, du faire, du travail,
des loisirs, des sports,…) insérées dans
la Cité; il doit respecter et faire respecter les
biens propres à la famille, aux philosophes (contemplation),
aux artistes (création), aux ‘spirituels-religieux’(vie
spirituelle) … ces biens ont un “aspect substantiel” lié à ce
qu’il y a de plus profond et de plus ultime dans la
personne. Ce sont effectivement ceux que les régimes
totalitaires , visibles ou invisibles, (marxisme,
synarchie athée, ...) combattent et/ou asservissent. La
naissance dans un Etat de communautés-sociétés
secrètes, fermées (S.A.; sectes et autres) – la
pratique du secret… donc l’existence de divers
degrés d’initiation et d’initiés – est
un très grand danger et un facteur de ruine pour la
Cité humaine. L’homme politique risque d’être
séduit, manipulé, corrompu … Y
a-t-il encore de vrais hommes politiques (libres, éclairés,
responsables) en cette fin de millénaire et au début
de ce troisième millénaire ?
La Cité-Etat – comme toute forme de communauté – implique
une structure propre, une organisation, un ordre hiérarchique:
des gouvernants-magistrats jusqu’aux “simples
citoyens”. CEC 1919: “Toute communauté humaine
a besoin d’une autorité pour se maintenir et
se développer.” CEC 1921 : “L’autorité s’exerce
d’une manière légitime si elle s’attache à la
poursuite du bien commun de la société. Pour
l’atteindre, elle doit employer des moyens moralement
recevables.” CEC 1923 : “ L’autorité politique
doit se déployer dans les limites de l’ordre
moral et garantir les conditions d’exercice de la liberté (vraie
et non mensongère).”
La Cité-Etat se donne un gouvernement, qui doit assurer
l’unité de la Cité (dimension “monarchique” de
ce gouvernement… président, roi), la perfection de la Cité (dimension “aristocratique”… assemblée
nationale, parlement) et la liberté (éclairée),
le respect des consciences, des citoyens (dimension
démocratique).
Ces trois dimensions doivent coexister dans une juste harmonie:
le ‘monarque’ ne doit pas abuser de son pouvoir
(qui pourrait devenir dictatorial
... se glorifiant lui-même),
mais être attentif aux jugements-conseils des ‘aristocrates’ et être à l’écoute
de la ‘voix du peuple’; les ‘aristocrates’ jouent
un rôle déterminant dans la conduite du gouvernement,
dans l’orientation des choix au service du bien commun
(l’exaltation des S.A. et des ‘synarchies’ fait
courir un grave danger à la saine et juste ‘aristocratie’...);
les citoyens doivent exercer leurs droits avec justesse et
intelligence (la loi de la majorité peut conduire
au pire dérive, si les citoyens sont aveuglés
dans leurs jugements ... sous l’influence des ‘medias’,
de la propagande, mettant sous le boisseau toute éthique
et oubliant la dimension ‘Image de Dieu’ qui
est en tout homme .... ).
Si tout citoyen a des droits politiques (élection-choix
des responsables politiques, votations sur des sujets divers
touchant au bien commun… voire référendum),
il a aussi des devoirs envers la Cité : mettre à son
service les “talents” qui sont les siens, accepter
un “service de défense” des biens de la
Cité et des familles pour le cas où ceux-ci
sont attaqués.
Notons, enfin, que l’Etat n’est ni athée
ni croyant; l’Etat athée (l’URSS au coeur
du XXème siècle), l’Etat chrétien
(de tel ou tel roi “très catholique”),
l’Etat “religieux” (Arabie
saoudite,…),
par le pouvoir despotique qu’ils exercent sur les consciences,
deviennent vite tyrannique: camps, bûchers, goulags,
asiles psychiatriques, tribunaux de l’Inquisition,
etc. L’Etat n’interviendra que si une “croyance” (qui
peut être religieuse-sectaire, mais aussi la “foi
matérialiste”, la “libre- pensée”)
perturbe le bien commun en voulant imposer son “option
religieuse, exclusive”.