PHILOSOPHIE
IV. PHILOSOPHIE DE LA COMMUNAUTE
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Socrate - Introduction - Philosophie du Vivant - Philosophie morale - Philosophie première - Philosophie de la communauté

 

Toute partie de la Sagesse naturelle se fonde sur l’expérience, d’où son réalisme

EXPERIENCE FONDAMENTALE de la communauté-cité : la COOPERATION

Aucun homme n’est “isolé”, entièrement indépendant de tout autre homme. Chacun dépend dans sa conception d’un couple homme-femme, puis d’un milieu de vie (la famille) pour son premier développement végétativo-sensible et pour sa première éducation intellectuelle, morale et affective volontaire; chacun “dépend” de multiples manières des autres hommes au cours de sa vie – formation professionnelle, travail et loisirs, vie affective (à tout niveau), vie intellectuelle, vie de citoyens, soins médicaux, activités artistiques, vêtements-nourriture-logement, vie spirituelle religieuse - et jusqu’en sa mort (sépulture)! Par ces “dépendances-relations” multiples, tout homme apparaît comme un “noeud”, un “point de convergence” dans un tissu, un réseau de relations.

Les situations extrêmes - conception, mort-sépulture (suivant les circonstances) - mises à part, tout homme est engagé proportionnellement (plus ou moins) et personnellement - lucidement-consciemment, librement… ces qualités, qui devraient exister, responsabilisent l’engagement - dans cet univers de relations; tout particulièrement, en celles liées à la vie familiale, professionnelle, sociale-politique, religieuse. Cet engagement, quel qu’il soit - celui de l’ouvrier ou du P.D.G., celui du maître ou de l’élève, celui de l’homme d’Etat ou du citoyen, celui de l’enfant ou de la mère,… - est et doit être un engagement humain, c’est-à-dire qui respecte l’homme, Image de Dieu; ce qui implique l’exercice des facultés spirituelles (selon leurs qualités, dignités propres) dans un climat de confiance, de bienveillance et de (co-)responsabilité. La coopération est l’expérience fondamentale, de base, qui fonde toute véritable communauté humaine: communautés familiale, professionnelle, de travail, politique, sportive.

Toute modalité de coopération implique:

* Le respect de la dimension morale-éthique de la personne: “La personne humaine est, et doit être, le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions sociales (communautaires, quelles qu’elles soient)”(CEC 1892) ... “La société doit favoriser l’exercice des vertus, non y faire obstacle. Une juste hiérarchie des valeurs doit l’inspirer.”(CEC 1895)... “Le respect de la personne humaine considère autrui comme un ‘autre soi-même’. Il suppose le respect des droits fondamentaux qui découlent de la dignité intrinsèque de la personne.”(CEC 1944) ... La coopération dégénère, se corrompt, si cette dimension est “mise sous le boisseau”, voire niée… le coopérant n’est plus alors qu’un outil déshumanisé.

* Une Fin, un “en vue de quoi”, elle s’exerce: tel bien commun particulier et, essentiellement , le Bien commun ‘politique’ , celui de la Cité. Ce bien dynamise et motive la coopération; il doit être vécu en harmonie avec le bien le plus spécifique de la personne (amour d’amitié, contemplation) et ne doit pas “porter ombre” à ce dernier, ou s’y opposer; au contraire, il doit permettre l’épanouissement de la personne selon toutes ses dimensions personnelles et communautaires-civiques. CEC 1924 : “ Le bien commun comprend l’ensemble des conditions sociales qui permettent aux groupes et aux personnes d’atteindre leur perfection, de manière plus totale et plus aisée.” CEC 1925 : “ Le bien commun comporte trois éléments essentiels : le respect et la promotion des droits fondamentaux de la personne; la prospérité ou le développement des biens spirituels et temporels de la société; la paix et la sécurité du groupe et de ses membres.”

La Communauté des coopérants est alors structurée par une hiérarchie-organique des personnes -- tenant compte des talents-capacités diverses, de l’histoire humaine, voire sociale, de chaque personne -- s’organisant dans le respect de la justice, de la vérité, du bien à conquérir sans nuire à l’exercice de la charité. CEC 1919 : “ Toute communauté humaine a besoin d’une autorité pour se maintenir et se développer.”


DIVERSITE DE COOPERATIONS, DE COMMUNAUTES, DE BIENS COMMUNS:

Deux modalités de ‘coopérations’ (en un sens un peu limite) sont immédiatement (re-)liées à l’amour unissant-reliant deux personnes, soit à l’amour d’amitié entre ami(e)s vécu selon les exigences d’un amour d’amitié vrai, soit à l’amour conjugal tel qu’il est vécu dans le lien du mariage. La ‘coopération’ apparaît alors comme un fruit de l’amour, un fruit permettant de maintenir le réalisme de l’amour; mais, la ‘coopération’ ne doit pas écarter, supplanter le lien affectif de l’amour… sinon, celui-ci perd sa qualité la plus noble (de don gratuit) pour n’être plus qu’un amour utilitaire (l’efficience-efficacité prime la finalité ultime). La coopération entre ami(e)s implique (le plus souvent) une oeuvre à réaliser : artistique, sportive, scientifique, politique, spirituelle, ... . La coopération entre époux doit permettre l’épanouissement de leur vie d’adulte et se prolonge dans l’oeuvre la plus nécessaire (si perturbée aujourd’hui): l’éducation à la vie ... de(s) enfant(s), fruit(s) de leur amour.
L’amour unissant l’époux et l’épouse détermine une communauté nouvelle: la FAMILLE. La famille est la communauté de base, fondamentale, nécessaire; en elle, naissent, se développent et grandissent “en sagesse” les futurs hommes, qui deviendront membres de multiples communautés. La famille ne s’enferme pas sur elle-même, mais porte une dimension essentielle d’accueil, d’ouverture (elle n’est ni un clan, ni une secte) ... plus la famille est enracinée, forte, plus elle est capable d’ouverture et d’accueil. En la famille, se manifestent (normalement) les liens affectifs les plus enracinés… : parents - enfants, enfants entre eux, époux - épouse, grands-parents et petits enfants,… . Communauté de base, la famille est aussi la communauté la plus durable ( car, enracinée ‘dans la chair et le sang’), mais aussi la plus attaquée par toute civilisation qui ‘se meurt’; l’Etat et sa structure propre passe, la famille demeure!


LES MODALITES DE COOPERATIONS DANS LA SOCIETE HUMAINE SONT MULTIPLES ET DIVERSES ... elles sont spécifiées par les BIENS COMMUNS visés et donnent naissance à de multiples communautés:

* Coopérations ordonnées à la production des biens nécessaires à la vie - survie humaine (nourriture, vêtement, ... ) et au soulagement des souffrances et misères (maladies, misères économiques,...) ... coopérations motivées par les activités sportives et de loisirs ... Communautés d’agriculteurs, vignerons, boulangers,…; communautés de médecins, infirmières et patients… l’hôpital, la clinique, les organisations humanitaires,… les clubs sportifs ... Bien commun : un juste équilibre dans les biens nécessaires ... la santé la meilleure pour tous et chacun ...
* Coopérations ordonnées à la saisie de la vérité (à tout niveau) , à la diffusion-transmission des connaissances, à la (l’in-)formation de base utile et nécessaire à tout homme (parler, lire, écrire) pour permettre son épanouissement minimum ... tout ce qui regarde le “savoir” (théorique et pratique): acquisition d’un “métier”… Recherches historiques et archéologiques ... Communautés de chercheurs scientifiques, d’enseignants et étudiants (le complexe universitaire), de philosophes, d’instituteurs, … Bien commun : la vérité (suivant telle ou telle dimension), la sagesse, une formation technique qualifiée ...
* Coopérations dans les oeuvres à réaliser soit artistiques et artisanales (théâtre, concert, menuiserie,…) soit techniques (ingénieurs, architectes, techniciens,…)… tout ce qui regarde le “faire”… Communautés (sociétés) de musiciens, d’architectes, d’électroniciens, … Bien commun : l’oeuvre réalisée dans toute sa beauté-perfection (la maison, le métro, l’ordinateur,...)
* Coopérations ordonnées à l’acquisition et gestion des biens économiques, industriels, financiers (à grande échelle) ... communautés d’industriels, de banquiers, de “P.D.G.”… mais aussi la communauté que représente un complexe industriel (du PDG au plus petit des employés), une grande banque, une société immobilière, … Bien commun : la prospérité ou le développement des biens temporels (et spirituels) de la société (de tous et chacun) ... la croissance-réussite jugée , a priori, sans limite supérieure, est le fruit d’un grave aveuglement et de l’orgueil-vanité.
* Coopérations de type religieux ... communautés chrétiennes, juives, islamiques, bouddhistes ... toute communauté orientée vers le ‘bien des âmes, de l’homme corps-et-esprit’, vers les réalités dites spirituelles, ...
* Coopérations au service de l’Etat, de la CITE POLITIQUE ... communautés d’hommes politiques - de sages gouvernant la Cité ... de magistrats… d’hommes des lois (nécessaires pour structurer l’Etat): juristes, avocats, notaires,… d’hommes au service de la “sécurité” (interne ou externe): gendarmes, militaires (du plus gradé au moins gradé) ... BIEN COMMUN : la Concorde (entre citoyens) - impliquant l’exercice de la justice - , le respect des biens particuliers (ci-dessus évoqués) et des biens fondamentaux des personnes , l’exercice d’une juste miséricorde envers les ‘déshérités-pauvres’, la Paix (entre nations-communautés).

Les coopérations et communautés ordonnées aux biens immédiatement nécessaires à la vie des hommes et au soulagement des souffrances et misères sont fondamentales au point de vue “politique”; les coopérations et communautés ordonnées “au savoir et au faire, plus approfondis-élaborés” sont de l’ordre de la perfection et donnent un visage véritablement humain à la Cité politique; les coopérations et communautés ‘religieuses-spirituelles’ donnent (ou devraient donner) une dimension ‘divine’, ‘achevée’, à la Cité humaine-politique.
Toute forme de communauté (professionnelle, de travail, de loisirs, de sports, ‘religieuse’) doit être ouverte aux liens d’amitié qui peuvent se nouer entre ses membres; ces liens de “surabondance” rendent plus humaines ces diverses communautés; mais, ces liens ne peuvent être exclusifs et nuire aux exigences essentielles de la justice, de la concorde-bienveillance envers tous. Aucune forme de communauté ne peut s’opposer ou nuire au bien essentiel de la communauté familiale.

Ces diverses communautés évoquées brièvement et distinguées ne sont pas isolées les unes des autres, en opposition l’une à l’autre ... ce ne sont là que des distinctions (fondées sur les biens visés), mais les ‘interférences’ entre elles sont multiples ! Le scientifique en laboratoire unit le savoir (théorique) et le faire (pratique) dans des proportions diverses; l’architecte unit le savoir, le faire et l’aspect économique dans des proportions variables selon ses talents personnels; le chirurgien unit le savoir et le faire; ... Le ‘savoir’, le ‘faire’, la vie ‘selon la chair et le sang’, le ‘bien des âmes’, ... , demandent à se développer en harmonie, dans un juste équilibre, non seulement en chacun-chacune, mais, plus profondément-ultimement, dans le respect des compétences-responsabilités propres à chaque communauté particulière ... Nécessité d’appliquer les principes de subsidiarité et de solidarite: “Ces deux principes sont, d’après l’enseignement social de l’Eglise, deux régulateurs fondamentaux de la vie en société. D’une part, le principe de subsidiarité s’adresse à la dimension verticale des relations entre les hommes d’une même société; il demande que l’autorité supérieure respecte la liberté d’action de chaque citoyen et des corps intermédiaires (donc, permette à ceux-ci d’exercer leur responsabilité légitime). D’autre part, le principe de solidarité s’adresse à la dimension horizontale des relations entre les hommes d’une même société; il est là pour corriger les abus qui peuvent germer de l’exercice inconsidéré des libertés individuelles.”(Card.Margéot, Qu.act., 8)
L’Autorité-pouvoir politique doit veiller à ce juste équilibre pour donner à la Cité des hommes son visage véritablement humain ...

Les coopérations et communautés propres au système “banco-économico-industriel”, tel qu’il s’est développé depuis le 19e s., représentent de fait un danger certain pour les autres formes de coopérations-communautés - peu à peu dominées par le “pouvoir économique”, qui se veut premier, exclusif et universel - et pour notre humanité. La déshumanisation du milieu humain se poursuit au rythme de la croissance et de l’unification de ce pouvoir (…cf “la tour de Babel”…): les valeurs morales - éthiques (responsabilité, justice, agir en vérité) sont “mises sous le boisseau” avec pour conséquences le règne de l’anonymat, de l’irresponsabilité (la S.A. tue la responsabilité de la personne et ouvre la porte aux mensonges et aux injustices) et des perversions morales (légalisation de l’assassinat des innocents, banalisation avec l’appui des médias des moeurs libertines et des unions unisexes, ...). Les puissants augmentent leur pouvoir et les misérables survivent et meurent dans leur misère… . Le milieu propre à la vie sur Terre (atmosphère, hydrosphère) est ignoré, méprisé, livré à toutes les pollutions…. (Quel héritage donneront-nous aux générations futures ? ) Les “médias” sont jugulés, asservis et “orientés”… . Un tel aveuglement de la part des “puissants” et des hommes politiques-mercenaires du ‘système économique ’ (ce ne sont plus des hommes ... mais, des manipulés par des forces qui les dominent), qui peut conduire à la ruine de l’humanité, est “philosophiquement” incompréhensible.

PIE XI, Encyclique Quadragesimo Anno (relative à la ‘dictature économique’), 1931 : “ Ce qui à notre époque frappe tout d’abord le regard ce n’est pas seulement la concentration des richesses, mais encore l’accumulation d’une énorme puissance, d’un pouvoir économique discrétionnaire, aux mains d’un petit nombre d’hommes, qui d’ordinaire ne sont pas les propriétaires, mais les simples dépositaires et gérants du capital qu’ils administrent à leur gré.” - “Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres de l’argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l’0rganisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que, sdans leur consentement nul ne peut respirer.” - “ Cette concentration du pouvoir et des ressources, qui est comme le trait distinctif de l’économie contemporaine, est le fruit naturel d’une concurrence dont la liberté ne connaît pas de limites; ceux-là seuls restent debouts, qui sont les plus forts, ce qui souvent revient à dire, qui luttent avec le plus de violence, qui sont les moins gênés par les scrupules de conscience.”
DECLARATION DES EVEQUES DU CONSEIL EPISCOPAL LATINO-AMERICAIN : “ Nous voulons le proclamer à haute voix: nous ne pouvons demeurer indifférent devant tant de signes de mort qui apparaissent, l’extrême pauvreté, la croissance du chômage, la violence et tant de formes de corruption et d’impunité, qui plongent des millions de familles dans l’angoisse. L’origine de ces maux se trouve, sans aucun doute, dans le coeur de l’homme, ou (ou / et) dans des systèmes et des structures injustes issus du péché. Nous dénonçons, comme étant l’une des causes principales d’une telle inégalité (injustice), la toute-puissance de l’économisme, c’est-à-dire l’absolutisation de la loi du marché, et du pouvoir de l’argent, en oubliant que l’économie doit servir l’homme, et non le contraire.(Mexico, oct.92).
LE ‘MONDE DIPLOMATIQUE’, OCT.94 : “... L’idéologie du libre marché triomphe ... Le poids des multinationales s’accroît, mais aussi celui des maffias ... Le milliard le plus pauvre s’enfonce dans des spirales mortifères de déracinements, d’appauvrissements et de déchirements ... Ce sont les logiques du marché et du profit qui prédominent ... En bref, la marchandisation de l’homme, des sociétés, de la Terre ... Un nouveau capitalisme va dominer le monde et nos sociétés, élément décisif du ‘basculement du monde’ en cours et dont on est loin d’avoir pris toute la mesure ... L’économique s’autonomise par rapport aux sociétés humaines... Au lieu que l’économie soit encastrée dans les relations sociales, ce sont les relations sociales qui sont encastrées dans le système économique ... Le bonheur de l’homme semble essentiellement dépendre de la vitalité de l’économie ... Economies nationales et sociétés humaines sont de plus en plus dominées par la sphère monétaire et financière ... Cette sphère monétaire et financière constitue un mileu idéal pour les activités des spéculateurs internationaux, des oligarchies et dictateurs enrichis au détriment de leurs pays, des financiers de toutes les maffias et de tous les trafics ... Ne sommes-nous pas entrés dans une Ere d’irresponsabilité illimitée ?.... Ainsi, le pire est-il peut-être en train de se préparer. ... Le pire, ce serait aussi le sacrifice imposé aux générations à venir par les rapacités et les démissions d’aujourd’hui, à travers les ressources pillées et gaspillées, l’eau dégradée, les sols détruits, les déchets chimiques et radioactifs rejetés dans les terres et les eaux, les sites nucléaires à entretenir ... .” (Ignace Ramonet, le basculement du monde) ---“ ... La ‘main invisible’ régule et régit, despotiquement, non seulement les échanges économiques et financiers, mais pratiquement l’ensemble de l’activité humaine ... des hommes politiques en viennent à oublier que la démocratie demeure essentiellement un projet éthique, fondé sur la vertu et sur un système de valeurs sociales et morales qui donne un sens à l’exercice du pouvoir. ..” (I.Ramonet, l’agonie de la morale).
PROF. BERGMANN, Doyen HEC de l’UNIL : “La concurrence n’est plus le fait de se stimuler mutuellement sur un marché. Elle a été remplacée par la guerre. ... Le monde économique pollue l’environnement social et psychologique. ... Une accélération économique infinie est encore moins pensable qu’une croissance infinie ... Nous allons vers un avenir effrayant. ... Ce qu’il faut, c’est remettre l’économie à sa place, comme UNE dimension de la société qui n’est pas la seule. L’Economie est au service de l’homme et non l’inverse. (Allez savoir, revue UNIL. juin 04)

LA COMMUNAUTE POLITIQUE - L’ETAT - LA CITE

La coopération propre à la communauté des citoyens - des membres de la Cité: des gouvernants jusqu’aux “simples citoyens” - est finalisée par la conquête, la réalisation du BIEN COMMUN POLITIQUE.

Ce bien implique trois dimensions distinctes et complémentaires:
* La CONCORDE: amour de concorde, de bienveillance entre les citoyens…(impliquant le respect des consciences) ... la concorde est aux citoyens, ce que l’amitié est aux amis…; aucune opposition entre concorde et amitié: la concorde entre tous, laisse ouvert l’exercice de l’amitié entre deux personnes, et, les liens personnels d’amitié ne sont pas exclusifs de l’exercice de la concorde envers tous. La concorde implique un juste équilibre entre les biens communs particuliers et l’exercice d’une justice ferme et éclairée. L’exercice de la JUSTICE (respectant les droits de l’autre) entre citoyens (et entre Etats) sous-tend, de l’intérieur, le bien commun de la Cité de hommes; pas de concorde ou de paix véritables sans respect des exigences de la justice ET de ce qui lui est intimement lié : AGIR EN VERITE ( dans la lumière, la ‘transparence’ ... les sociétés secrètes-fermées, impliquant des degrés d’initiés, sont un véritable ‘fléau social’ ... ). Cela exige une grande pauvreté d’esprit dans l’exercice du pouvoir-’dominium’! C’est avec sagesse et prudence que des LOIS doivent être imposées , proposées, et toujours justifiées, éclairées par le bien de la Cité (des Cités) dans le respect des biens particuliers (du savoir, du faire, du travail, des sports ou des loisirs, du ‘bien spirituel des âmes’,…) et tout particulièrement de la famille. CEC 2211 : “La Communauté politique a le devoir d’honorer la famille, de l’assister, de lui assurer notammment : -- La liberté de fonder un foyer, d’avoir des enfants et de les élever en accord avec ses propres convictions morales et religieuses; -- La protection de la stabilité du lien conjugal et de l’institution familiale; -- La liberté de professer sa foi, de la transmettre, d’élever ses enfants en elle, avec les moyens et les instituions nécessaires; -- Le droit à la propriété privée (à une juste propriété qui ne lèse pas d’autres personnes ou familles), la liberté d’entreprendre, d’obtenir un travail, un logement, le droit d’émigrer; -- Selon les institutions des pays, le droit aux soins médicaux, à l’assistance pour les personnes âgées, aux allocations familialles; -- La protection de la sécurité et de la stabilité, notamment à l’égard des dangers comme la drogue, la pornographie, l’alcoolisme,etc.; -- La liberté de former des associations avec d’autres familles et d’être ainsi représentées auprès des autorités civiles.”
* La MISERICORDE envers les plus pauvres et déshérités parmi les citoyens; les fruits d’une vraie miséricorde sont la suppression de toutes les misères (au sens strict): chaque citoyen-personne dispose du minimum nécessaire pour assurer sa vie; à savoir: la nourriture (le pain,…), le boire (l’eau potable), le vêtement, l’hygiène élémentaire et les soins médicaux nécessaires, l’habitat (adapté pour la vie de famille), l’éducation-instruction (suppression de l’analphabétisme et éducation morale) ... une attention particulière aux vieillards et aux enfants ... La suppression des misères est le fondement d’une civilisation authentique…
La misère n’est pas à confondre avec la pauvreté: le misérable est en état de “survie”, privé de biens essentiels à la vie… le pauvre jouit des biens minimums nécessaires à la vie, mais il est privé des autres biens (plus ou moins utiles, plus ou moins superflus…) … la pauvreté est conditionnée par le lieu, le milieu de vie et de culture… un pauvre en Occident peut être un riche en Afrique... Une borne inférieure à la pauvreté, très conditionnée par le milieu de vie, ne doit pas être franchie ... une borne supérieure à la richesse, très conditionnée par le milieu de vie et la (les) responsabilité(s) ne doit pas être dépassée ... le ‘surplus’ du ‘riche’ est injecté dans le service des pauvres.
L’esprit de pauvreté, incarné dans l’existence de chaque jour, est une véritable clef de la Paix (intérieure et extérieure ). . . La propagande matérialiste-économique actuelle veut faire croire aux hommes qu’ils n’existent que pour acheter, vendre, consommer ... d’où les misères morales de tant et tant d’hommes piégés par ces slogans mensongers . et la ruine de tant de familles ... civilisation-culture de mort!

* La PAIX entre les divers Cités-Etats du monde. L’humanité de par la richesse même de ses cultures demande de s’épanouir dans une “unité harmonieuse” respectueuse de la diversité des “avoir”, des “savoir”, des traditions; une “unité monolithique” déshumanise le visage des Cités et engendre les “murmures”, les divisions-oppositions, l’enrichissement des riches et puissants, l’appauvrissement des pauvres, les révolutions et les guerres; la paix ne peut être fondée que sur le respect des ethnies, des minorités et des Patries… “la Cité humaine des Patries”, fruit d’une civilisation de l’amour, est ce qui donne sa perfection ultime, son achèvement à la Cité des hommes sur Terre. La Cité terrestre n’est autre qu’une mosaïque de Patries ... de Cultures, y compris religieuses : “De par sa vocation spirituelle, l’homme a le droit de rendre un culte à Dieu en privé ou en public. Il a le droit de choisir sa religion et de la pratiquer librement. En découle aussi le droit à une éducation et à une formation religieuse. De ce droit découle le devoir de respecter la liberté religieuse de chaque personne et de chaque groupe religieux. Ce respect de la liberté religieuse demande de rejeter toute forme de prosélytisme, c’est-à-dire de ne pas exercer de pressions sur des personnes pour les faire changer de religion. Cependant du droit à la liberté religieuse découle aussi le devoir de respecter une personne qui désire, après mûre réflexion, changer de religion.”(Card Magéot) ... vivant en harmonie!
Un très grand et grave danger guette cette mosaïque : la mondialisation (qui résulte de l’extension au monde entier de l’économie de marché et de la ‘logique’ des entreprises dans le contexte de la révolution informatique qu’elle accompagne ... elle est à la fois le moyen et le résultat du leadership américain). “Si la mondialisation est régie par les seules lois du marché appliquées selon l’intérêt des puissants, les conséquences ne peuvent être que négatives.” (Jean-Paul II, in Ecclesia in America, 1999)

Ne conviendrait-il pas d’appliquer pour le ‘monde économique’ la loi des ‘petits nombres’: tout complexe bancaire-industriel doit demeurer à une ‘échelle’ véritablement humaine, càd permettant aux ‘dirigeants-supérieurs’ de connaître et rencontrer les inférieurs ? ..(les ‘grands nombres’ ouvrent la porte à l’exaltation du pouvoir, à l’anonymat des responsabilités, à la déshumanisation des relations entre ‘supérieur’ et ‘inférieur’, à l’auto-glorification des ‘seigneurs’... )

JEAN-PAUL II : “ La Nouvelle Evangélisation, dont le monde moderne a un urgent besoin et sur laquelle j’ai insisté de nombreuses fois, doit compter parmi ses éléments essentiels l’annonce de la doctrine sociale de l’Eglise, apte, aujourd’hui comme sous Léon XIII, à indiquer le bon chemin pour répondre aux grands défis du temps présent, dans un contexte de discrédit croissant des idéologies. Comme à cette époque, il faut répéter qu’il n’existe pas de véritable solution de la “question sociale” hors de l’Evangile et que , d’autre part, les “choses nouvelles” peuvent trouver en lui leur espace de vérité et la qualification morale qui convient.” (Lettre encyclique ‘ Centesimus Annus ’ , 01.05.1991)

PAUL VI : “ La Civilisation de l’amour l’emportera sur la fièvre des luttes sociales implacables et donnera au monde la transfiguration tant attendue de l’humanité finalement chrétienne.” ( 1975 , Homélie lors de la Messe de minuit clôturant l’Année sainte)


L’HOMME POLITIQUE - STRUCTURE DE LA CITE HUMAINE :

L’homme politique est le “sage” selon une sagesse pratique, prudentielle, ce qui implique le respect de la loi naturelle inscrite en son coeur de vivant fait à l’Image de Dieu; l’homme politique chrétien est appelé à vivre et à agir selon l’esprit de l’Evangile et des exigences du Décalogue; sa responsabilité est grande - grave vu qu’elle s’exerce envers la communauté humaine la plus parfaite, la plus achevée: la Cité ! L’homme politique doit oeuvrer pour la paix et veiller à la protection des qualités essentielles de notre milieu de vie. Il doit veiller au juste équilibre des communautés (du savoir, du faire, du travail, des loisirs, des sports,…) insérées dans la Cité; il doit respecter et faire respecter les biens propres à la famille, aux philosophes (contemplation), aux artistes (création), aux ‘spirituels-religieux’(vie spirituelle) … ces biens ont un “aspect substantiel” lié à ce qu’il y a de plus profond et de plus ultime dans la personne. Ce sont effectivement ceux que les régimes totalitaires , visibles ou invisibles, (marxisme, synarchie athée, ...) combattent et/ou asservissent. La naissance dans un Etat de communautés-sociétés secrètes, fermées (S.A.; sectes et autres) – la pratique du secret… donc l’existence de divers degrés d’initiation et d’initiés – est un très grand danger et un facteur de ruine pour la Cité humaine. L’homme politique risque d’être séduit, manipulé, corrompu … Y a-t-il encore de vrais hommes politiques (libres, éclairés, responsables) en cette fin de millénaire et au début de ce troisième millénaire ?

La Cité-Etat – comme toute forme de communauté – implique une structure propre, une organisation, un ordre hiérarchique: des gouvernants-magistrats jusqu’aux “simples citoyens”. CEC 1919: “Toute communauté humaine a besoin d’une autorité pour se maintenir et se développer.” CEC 1921 : “L’autorité s’exerce d’une manière légitime si elle s’attache à la poursuite du bien commun de la société. Pour l’atteindre, elle doit employer des moyens moralement recevables.” CEC 1923 : “ L’autorité politique doit se déployer dans les limites de l’ordre moral et garantir les conditions d’exercice de la liberté (vraie et non mensongère).”
La Cité-Etat se donne un gouvernement, qui doit assurer l’unité de la Cité (dimension “monarchique” de ce gouvernement… président, roi), la perfection de la Cité (dimension “aristocratique”… assemblée nationale, parlement) et la liberté (éclairée), le respect des consciences, des citoyens (dimension démocratique). Ces trois dimensions doivent coexister dans une juste harmonie: le ‘monarque’ ne doit pas abuser de son pouvoir (qui pourrait devenir dictatorial ... se glorifiant lui-même), mais être attentif aux jugements-conseils des ‘aristocrates’ et être à l’écoute de la ‘voix du peuple’; les ‘aristocrates’ jouent un rôle déterminant dans la conduite du gouvernement, dans l’orientation des choix au service du bien commun (l’exaltation des S.A. et des ‘synarchies’ fait courir un grave danger à la saine et juste ‘aristocratie’...); les citoyens doivent exercer leurs droits avec justesse et intelligence (la loi de la majorité peut conduire au pire dérive, si les citoyens sont aveuglés dans leurs jugements ... sous l’influence des ‘medias’, de la propagande, mettant sous le boisseau toute éthique et oubliant la dimension ‘Image de Dieu’ qui est en tout homme .... ).
Si tout citoyen a des droits politiques (élection-choix des responsables politiques, votations sur des sujets divers touchant au bien commun… voire référendum), il a aussi des devoirs envers la Cité : mettre à son service les “talents” qui sont les siens, accepter un “service de défense” des biens de la Cité et des familles pour le cas où ceux-ci sont attaqués.

Notons, enfin, que l’Etat n’est ni athée ni croyant; l’Etat athée (l’URSS au coeur du XXème siècle), l’Etat chrétien (de tel ou tel roi “très catholique”), l’Etat “religieux” (Arabie saoudite,…), par le pouvoir despotique qu’ils exercent sur les consciences, deviennent vite tyrannique: camps, bûchers, goulags, asiles psychiatriques, tribunaux de l’Inquisition, etc. L’Etat n’interviendra que si une “croyance” (qui peut être religieuse-sectaire, mais aussi la “foi matérialiste”, la “libre- pensée”) perturbe le bien commun en voulant imposer son “option religieuse, exclusive”.