THÉOLOGIE
III. VIE SPIRITUELLE DUELLE
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Prière - Fondement - Très Sainte Trinité - Vie spirituelle duelle - La Cité Ecclésiale

 

VIE SPIRITUELLE NATURELLE
CEC 1700 : “La dignité de la personne humaine s’enracine dans sa création à l’Image et à la Ressemblance de Dieu . . .”. Catéchèse orthodoxe : “ L’Image est donnée à l’homme, lors de la création (elle est porteuse de la vie spirituelle naturelle). Elle peut se ternir, se perdre pour un temps, mais elle n’est jamais anéantie. Alors que la Ressemblance doit être acquise par les saints; ceux-ci ont reçu le don de la grâce (source-fondement de la vie spirituelle surnaturelle); ils ont su le garder et le faire fructifier.” Ces deux niveaux de vie spirituelle, naturelle et surnaturelle (naturelle fécondée par la grâce), sont appelés à se développer en harmonie ( ils sont duels) et non en opposition . “L’oiseau a besoin pour voler de ses deux ailes !”(Jean Cassien, cf.I.3).
La Philosophie humaine morale
(fondée sur une saine philosophie du vivant) développe cette dimension spirituelle de l’homme-Image de Dieu.

VIE SPIRITUELLE SURNATURELLE ou THEOLOGALE : I
Grâce - Vie théologale - Dons - Béatitudes - Fins Dernières

LA GRACE SANCTIFIANTE
De la Grâce divine : L’Image-de-Dieu en l’homme n’est pas détruite par le péché originel; elle n’est que défigurée, affaiblie, engluée dans le sensible ... davantage atteinte du côté de la volonté que du côté de l’intelligence (ce qui est normal, puisque le péché originel touche premièrement la fin). Cela est manifesté à l’évidence en ce Troisième Millénaire naissant, puisque le progrès scientifique-technique n’a pas son équivalent dans le domaine de la vie humaine morale! St.Thomas d’Aquin confirme :”La nature humaine est davantage corrompue par le péché sous le rapport de l’appétit du bien que sous le rapport de la connaissance du vrai.”(S.T.IIa.109.2).
Deux opinions extrêmes et contradictoires sont à rejeter :
-L’Image-de-Dieu en l’homme est complètement défigurée, corrompue ... l’homme est irresponsable, sans aucune sagesse (comme l’animal)!
-L’Image-de-Dieu en l’homme n’est quasiment pas défigurée ... l’homme peut obtenir et acquérir les dons surnaturels et son propre salut par lui-même !
En conséquence :
l’homme peut et doit progresser en sagesse naturelle : ce qui implique une éducation morale, l’écoute de la conscience, le désir de vérité. L’homme ne peut mériter par lui-même les Dons et Grâces surnaturels, mais il peut et doit se disposer à les recevoir, ce qui implique une attitude d’abandon , de confiance, de désir.
St.Athanase d’Alexandrie (IVème siècle): “Ne vous laissez pas effrayer, lorsque vous entendez parler de la vertu, et ne vous faites pas de ce mot un épouvantail. Elle n’est pas loin de nous; elle ne demeure pas en dehors de nous; il suffit de vouloir ...l’âme a été créée bonne et dans une parfaite droiture; elle se conforme à la nature, lorsqu’elle demeure ce qu’elle est... gardons notre âme au Seigneur, comme un dépôt reçu de Lui, afin qu’Il reconnaisse Son oeuvre telle qu’Il l’a créée.” (Vie de St.Antoine, anachorète égyptien, IVème s.)
St.Jean Damascène (VIIème siècle) :”La conversion, c’est le retour de la nature, de ce qui lui est contraire (le péché qui la défigure), vers ce qui lui est propre ( une sagesse pratique naturelle et une disponibilité à la grâce) Nous sommes à l’opposé de l’affirmation augustinienne ( reprise par Luther !) : “L’homme ne peut rien sans la grâce de Dieu !”... Cette affirmation qui a imprégné si fortement notre christianisme occidental et a conduit aux marécages d’immoralité dont notre monde souffre actuellement : ‘Laisser tout faire’, découragement, tristesse et désespoir !

Sorti des mains de Dieu (l’âme immédiatement créée par Dieu), l’homme porte en lui, au plus profond de lui-même, un ‘label divin’, un ‘instinct divin’; cet ‘instinct’, à la racine de tout son épanouissement d’homme et d’Image de Dieu, peut être plus ou moins étouffé . . . l’Image de Dieu se ternit ... l’intelligence raisonnante, la volonté propre sont exaltées. Au contraire, l’homme attentif à cet instinct divin voit s’épanouir l’Image de Dieu en lui; il est disposé et préparé à recevoir la grâce sanctifiante; le fils-de-Dieu en ‘puissance’ devient fils-de-Dieu en ‘acte’ par la grâce sanctifiante... Attitude de disponibilité dite de ‘grâce’ prévenante.
Par la Grâce sanctifiante, l’Image de Dieu devient fils-de-Dieu. Cette Naissance implique toute une croissance ouverte à l’infini et fort diverse d’un fils à l’autre (cf. la diversité des Chemins spirituels, des saints.)
La Grâce sanctifiante ne se situe ni au niveau de la nature-substance, ni au niveau des opérations et des vertus; elle se situe au niveau de l’être -métaphysique , comme une ‘bonne terre nouvelle’ en laquelle s’enracinent toutes les vertus théologales, les vertus infuses, et les Dons du Saint Esprit. Plus ‘substantielle’ que notre propre nature-substance, elle est en nous quelque chose de surajouté à notre Nature humaine, une ‘Qualité Unique’ dépassant toute qualité naturelle.

Grâce sanctifiante et charismes : “ L’ordre des choses consiste en ceci que certaines d’entre elles font retour à Dieu par l’intermédiaire d’autres réalités . . . il y aura donc une double grâce: l’une qui unira l’homme à Dieu; c’est la grâce qui le Lui rend agréable (grâce sanctifiante); l’autre qui permettra à un homme de coopérer au retour vers Dieu d’un autre homme: c’est la grâce gratuitement donnée (grâce charismatique). On l’appelle ainsi parce qu’elle dépasse les possibilités de la nature et qu’elle est accordée en dehors de tout mérite personnel. Et puisqu’elle est donnée à un homme, non pas pour sa propre justification, mais pour sa coopération à la justification d’un autre, on ne lui donne pas le nom de grâce rendant agréable à Dieu. C’est de cela dont parle St.Paul : ‘Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.’(1 Co.12.7).” (St.Thomas d’Aquin, S.T. IIa. 111 .1).
St.Thomas d’Aquin : “ ... la fin est toujours préférable aux moyens; or, la grâce qui rend agréable à Dieu ordonne immédiatement l’homme à l’union avec la fin ultime. Les grâces gratuitement données, au contraire, ne sont pour l’homme que des préparations à atteindre la fin ultime ... Voilà pourquoi la grâce sanctifiante est bien supérieure à la grâce charismatique.
La grâce sanctifiante est comme un secret d’amour entre Dieu-Trine et l’âme. ‘Secret d’amour’, fruit de la Présence de l’Esprit Saint en l’âme-esprit. ”La grâce est d’abord et principalement le Don de l’Esprit Lui-même.”(Théologie orthodoxe).
En raison de sa dimension sociale, visible, toute grâce charismatique peut exciter en l’âme un sentiment d’autosatisfaction, de propriété, de vaine gloire ... fort préjudiciable à la pauvreté d’esprit.
Avec St.Thomas (S.T. IIa,111.4) se fondant sur ‘
1 Cor.12.8 et ss.’ nous pouvons donner une classification des charismes :
* foi, sagesse, science sont des charismes relatifs à des connaissances divines impliquant (respectivement) soit une certitude parfaite des Principes, soit une certitude parfaite des Conclusions, soit une connaissance pratique des exemples, des effets liés aux divers cheminements.
* guérison, opérer des prodiges sont des charismes confirmant et impliquant la Toute-Puissance divine.
* don des langues, interprétation des discours sont des charismes liés à la transmission orale des mystères.
N.B. : St.Thomas d’Aquin enseigne : “ Tous les dons qui sont relatifs à la connaissance peuvent être compris sous le nom de
prophétie. La Révélation prophétique, en effet, s’étend non seulement aux événements humains futurs (cf.Is.7.14), mais encore aux réalités divines, tant aux vérités qui sont proposées à la croyance de tous et qui sont du domaine de la foi, qu’aux plus hauts mystères qui sont l’apanage des plus parfaits et se rapportent à la sagesse. La Révélation prophétique a aussi pour objet les substances spirituelles par lesquelles nous sommes poussés au bien ou au mal: c’est le don du discernement des esprits. La Révélation prophétique s’étend encore à la direction des actes humains: c’est ‘le don’ de science (il met en lumière des secrets cachés ... cf.Jn.4.16-19).” ( S.T. 2-2, 171 ).

VERTUS THEOLOGALES
Les Vertus théologales sont des habitus stables- permanents
(qui demandent à être exercés pour ne pas ‘s’étioler’), infusés en nos âmes-esprits par la Bonté divine; elles ont Dieu, Un et Trine, pour objet et nous disposent à vivre en enfants de Dieu et en communion avec la Très Sainte Trinité. Elles informent toutes les vertus morales infuses.

FOI - ESPERANCE - CHARITE
FOI : “ Croire est immédiatement un acte d’intelligence, parce que l’objet de cet acte, c’est le vrai, lequel appartient en propre à l’intelligence.”(St.Thomas d’Aquin, S.T.IIae.4.2). La foi, croire, consiste en un acte d’adhésion ferme de l’intelligence à la Vérité révélée ...Vérité, qui dépasse ce que l’intelligence peut atteindre par sa lumière propre . . . telle vérité (Existence d’un Etre Premier, Dieu, immortalité de l’âme), qui relève formellement de la lumière naturelle de l’intelligence, peut relever, de fait, de la foi.
L’intelligence est appelée à être
servante de la foi , ce qui implique qu’elle soit:
* pauvre, c’est-à-dire non propriétaire des vérités de foi, car celles-ci dépassent toujours sa compréhension :”Dieu est incompréhensible et surpasse notre entendement; l’entendement s’achemine vers Lui, mais il ne peut L’atteindre. Par conséquent, pour s’approcher de Dieu, il doit se dégager de lui-même et de ses connaissances, et marcher par la foi, en croyant sans comprendre. C’est par cette voie que notre entendement arrive à la perfection, car la foi est le seul moyen adéquat pour l’union à Dieu, et l’âme atteint Dieu, non en comprenant, mais en ne comprenant pas.”
(St.Jean de la Croix, Vive Flamme, str.3).
* obéissante, c’est-à-dire disponible au Souffle de l’Esprit en conformité à l’enseignement du Magistère . . . ce qui implique qu’elle soit vraiment elle-même, c’est-à-dire formée en sagesse naturelle : “Je désire rappeler avec force que l’étude de la Philosophie revêt un caractère fondamental et qu’on ne peut l’éliminer de la structure des études théologiques et de la formation des candidats au Sacerdoce.
(Jean-Paul II, Fides et Ratio.62).
* fidèle, c’est-à-dire gardienne des vérités reçues, pénétrée de la Tradition s’exprimant, tout particulièrement, dans les écrits des Pères, des Docteurs, des Saint(e)s.
“ Initium fidei est pia affectio” (Concile d’Orange, VIème siècle). C’est sous la motion de l’Esprit-Amour, Esprit de Vérité et Sainteté , que l’intelligence est fondamentalement disposée à croire. “Croire appartient à l’intelligence en tant qu’elle est portée par la volonté à donner son adhésion.”(St.Thomas d’Aquin, S.T. IIae.2.2). L’amour est source de la foi, et l’amour donne son achèvement à l’acte de foi . . . l’amour seul demeure dans la Patrie céleste, où nous verrons Dieu tel qu’Il est (1 Jn. 3.2).
La foi est -doit être- foi aimante, et, la charité est -doit être- charité éclairée.

ESPERANCE : CEC 1843 : “Par l’espérance, nous désirons et attendons de Dieu avec une ferme confiance la Vie éternelle et les grâces pour la mériter.” L’espérance consiste en un désir théologal-divin des biens surnaturels nous rendant participant de la Vie intime de Dieu-Trinité; désir d’accomplir la Volonté divine en toute circonstance, désir de porter beaucoup de fruits pour le salut des âmes et la Gloire de Dieu notre Père, désir de Lumière-Vérité, de Vie-Sainteté, désir d’Amour-Charité. Ces désirs ‘divins’, mis en nos coeurs par l’Esprit Saint, impliquent un amour fort et fervent des biens désirés , et, une authentique pauvreté intérieure (nous ne pouvons jamais les ‘posséder’). “Ami, n’arrête jamais ton désir” (Père Finet), celui que l’Esprit Saint met en ton coeur. Une âme sans désir sain(t) est une âme ouverte au découragement, au désespoir. L’espérance donne son dynamisme à notre foi et à notre charité.
L’espérance regarde aussi le désir du Retour du Christ en gloire:
espérance eschatologique; et ceci dans une très grande pauvreté, puisque son ‘comment’, son conditionnement, nous échappe!

CHARITE : St.Thomas d’Aquin : “Nous ne l’acquérons point par nos propres forces; elle est diffusée en nous par le Saint Esprit, amour du Père et du Fils, dont la participation est la charité elle-même produite en nous.”(S.T. IIae, 24.2). Cette participation est ouverte à l’infini : “La charité augmentant, l’aptitude à augmenter encore s’accroît d’autant plus.”(S.T.IIae.24.7).
La charité est à la vie du fils de Dieu en nous, ce que l’amour d’amitié est à la vie de l’Image de Dieu en nous. Elle donne à l’exercice de l’amour un mode plus divin qu’humain; elle assume l’amour des ennemis (Mt.5.44) et elle est ouverte à la participation au mystère de la Croix (Mt.10.38) . . . par où elle se distingue nettement de l’amitié (d’ordre naturel).
La charité a pour fruits: le
joie (cf.Jn.15.9-12); la paix (cf.Jn.14,27); la miséricorde (cf.Lc.6.36; 15.20,24),

L’exercice de la charité implique un ordre de sagesse : (1) l’amour de Dieu-Trinité, amour qui est structuré par l’adoration; (2) ‘s’aimer soi-même’ en ce sens que l’on ne peut commettre le péché pour sauver son prochain :”La lumière de la discrétion (-discernement) qui, Je te l’ai dit, procède de la charité, offre à son prochain une charité ordonnée: elle en fait bénéficier son prochain sans se porter tort à elle-même. Ne commettrait-elle qu’un seul péché pour sauver le monde entier de l’enfer, ou pour accomplir un grand acte de vertu, ce ne serait pas de la charité ordonnée avec discrétion, ce serait plutôt un manque de discrétion, parce qu’il n’est pas permis d’accomplir un acte de vertu ou d’utilité envers son prochain en commettant un péché.“(Jésus à Ste.Catherine de Sienne, Docteur de l’Eglise, Dialogues,XI). (3) L’amour du prochain: Lc.10.27 (“...comme toi-même”, c’est-à-dire dans une grande pauvreté d’esprit) et Jn.13.34 (avec l’amour qui vient du Coeur de Jésus). . .Jésus à Ste.Catherine de Sienne: “Plus on M’aime, plus on l’aime; l’amour pour lui procède de Moi-même... C’est dans l’amour pour Moi que l’amour pour le prochain s’accomplit.” (4) notre propre corps, car si on ne peut perdre son âme pour sauver le prochain, ou peut (et doit) donner sa vie pour lui : “Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis.” (Jn.10.11).
“ Montrez-vous miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.” (Lc.6.36)

DONS DU SAINT ESPRIT - BEATITUDES
Les vertus théologales, plus généralement toutes les vertus infuses
(le mode infus des vertus cardinales et autres, telles que chasteté, obéissance, pauvreté) -c’est-à-dire non acquises par nos propres forces- ont un mode d’exercice dépassant l’ordre naturel. Les DONS du SAINT ESPRIT, qualités surnaturelles, infusées en nos âmes-esprits, nous sont donnés pour nous permettre d’exercer ‘divinement-théologalement’ ces vertus et de vivre des BEATITUDES.
CEC 1830 : La vie morale ( théologale, c’est-à-dire du fils de Dieu en nous) des chrétiens est soutenue par les dons du Saint Esprit. Ceux-ci sont des dispositions permanentes qui rendent l’homme docile à suivre les impulsions de l’Esprit Saint. (ils demeurent dans la Patrie).
CEC 1831 : Les sept dons du Saint Esprit sont la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Ils appartiennent en leur plénitude au Christ, Fils de David. Ils complètent et mènent à leur perfection les vertus de ceux qui les reçoivent. Ils rendent les fidèles dociles à obéir avec promptitude aux inspirations divines.
Il existe une certaine affinité entre tel don et telle béatitude, voire entre tel don et telle demande du Notre Père : nous les prenons dans l’ordre où ils nous sont donnés :
Mt.6.9-13; Is.11.2 ... la tradition chrétienne y a joint le don de piété :
*
Notre Père       Don de piété :”La piété a pour fonction propre de rendre à notre Père l’honneur et le culte que nous Lui devons.” (S.T.IIae. 121.1). Amour de Dieu-Trinité et amour du prochain qui en est le fruit authentique ... ‘Tu aimeras ton prochain’: c’est l’acte de miséricorde qui enveloppe tous les autres actes de miséricorde ... Béatitude des miséricordieux: “Heureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde.” (Mt.5.7).
*
Que Ton Nom       Don de sagesse: En nous intégrant dans le Circulus d’Amour trinitaire (que le Nom Divin nous dévoile), ce don nous donne de vivre une vie contemplative, mystique, dont le fruit principal est la paix intérieure . . . Béatitude des pacifiques (des artisans de paix): “Heureux ceux qui font oeuvre de paix; ils seront appelés fils de Dieu.” (Mt,5.9)
*
Que Ton Règne       Don d’intelligence: “Le don d’intelligence est cette lumière surnaturelle dont l’homme a besoin pour pénétrer au-delà de la connaissance naturelle,”(S.T.IIae.8.1)... Il permet au Règne de Dieu de s’exercer en nos âmes-esprits et purifie notre coeur des atteintes du ‘père du mensonge’ ... Béatitude des coeurs purs: “Heureux les coeurs purs, ils verront Dieu.” (Mt.5.8)
*
Que Ta Volonté       Don de conseil (sagesse pratique): “Par ce don, l’homme est dirigé pour ainsi dire par le conseil qu’il reçoit de Dieu.” (S.T.IIae.52.1) ; “Ce don concerne les actions à accomplir en vue de la fin.”(S.T.IIae.52.2) ...notre volonté s’exerce en harmonie à la Volonté divine ... Béatitude de la douceur : “Heureux les doux: ils auront la Terre en partage.” (Mt.5.4); notre barque navigue en douceur malgré les écueils et les tempêtes.
*
...notre Pain       Don de force: la nourriture naturelle et la nourriture divine (Eucharistie) sont sources de croissance et de force; le don de force nous permet de tenir et d’être fidèle malgré les injustices et les persécutions de ce monde ...Béatitude de ceux qui ont faim et soif de la justice: “Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice: ils seront rassasiés.” (Mt.5.6)
*
Pardonne-nous       Don de science : “ Le propre de la science est de discerner ce qui doit être cru d’avec ce qui ne doit pas être cru ... de juger comme il faut des créatures.” (S.T.IIae.9.4); discerner les entrelacs du bien et du mal en nous et en ‘l’autre’; rendre notre coeur compatissant et capable de pardonner (et de recevoir le pardon divin) ... Béatitude des larmes: “ Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés.” (Mt.5.5)
*
Ne nous laisse pas succomber       Don de crainte: crainte filiale, aimante, qui nous rend attentif à ne pas décevoir, blesser le coeur de Celui qui nous aime . . . Cette crainte nous dispose à servir Dieu, en tout premier, et à ne pas nous attacher (en premier lieu) à des biens autres que Dieu, Souverain Bien . . . Béatitude des pauvres en esprit : “Heureux les pauvres en esprit: le Royaume des cieux est à eux.” (Mt.5.3)
A la suite de St.Augustin, St.Thomas d’Aquin associe la piété à la douceur et le conseil à la miséricorde ... mais il ajoute : “ la cinquième béatitude (citée par St.Mathieu) correspond au don de piété mieux que la seconde
(à savoir la douceur), (S.T. IIae, 121.2)
CEC 1725 : Les Béatitudes reprennent et accomplissent les promesses de Dieu depuis Abraham en les ordonnant au Royaume des Cieux. Elles répondent au désir de bonheur que Dieu a placé dans le coeur de l’homme.
CEC 1726 : Les Béatitudes nous enseignent la fin ultime à laquelle Dieu nous appelle : le Royaume, la Vision de Dieu (1 Jn.3.2), la Participation à la Nature divine (2 P.1.4), la Vie éternelle (Jn.3.15), la filiation, le repos en Dieu.
CEC 1727 : La Béatitude de la vie éternelle est un don gratuit de Dieu; elle est surnaturelle comme la grâce qui y conduit.
Notre Béatitude reçoit son achèvement lors de la Résurrection de notre propre chair. C’est là le Miracle ultime de la Toute-Puissance, de la Sagesse et de l’Amour de Dieu.

Des caricatures des dons et des béatitudes -les ‘anti-béatitudes’, fruits des athéismes- ont vu le jour à l’instigation du Père du mensonge : (a) défigurer l’homme-Image de Dieu en niant toute connaissance métaphysique (exaltation des connaissances scientifiques fondées sur le mesurable, d’où le rejet de toute réalité non mesurable ... l’âme spirituelle, par exemple) et en exaltant une pseudo-liberté, qui ne permet plus de distinguer le bien et le mal (l’authentique liberté morale, volontaire, est ordonnée au Bonheur véritable de l’homme ... et l’homme sain(t) craint d’y manquer!); ce sont là des caricatures des dons de science et de crainte. (b) L’homme est ainsi réduit à n’être plus qu’un ‘animal’ psychologique-physiologique et sociologique; il ‘s’autogouverne’ , ‘se sauve’ par lui-même (en mettant sous le boisseau sa dimension spirituelle ... psychanalyse athée ... caricature du don de sagesse); il cherche son bonheur dans son bien-être, dans une harmonie entre lui-même et son environnement vital (caricature du don de conseil); il n’est que individu du tout-société ... la personne est niée l’Etat gouverne les individus ... exaltation du travail, de l’Economie (caricature du don de piété et fausse miséricorde). (c) Mais, la ‘révolte’ gronde ... l’homme veut se déifier en rejetant toute trace du Créateur (caricature du don de force et de la Justice) ou en s’exaltant comme un pur esprit (caricature du don d’intelligence).

JE CROIS A LA RESURRECTION DE LA CHAIR ... A LA VIE ETERNELLE
CEC 997
: “ ... Dans la mort, séparation de l’âme et du corps, le corps de l’homme tombe dans la corruption, alors que son âme va à la rencontre de Dieu, tout en demeurant en attente d’être réunie à son corps glorifié. Dieu dans sa Toute-puissance rendra définitivement la vie incorruptible à nos corps en les unissant à nos âmes, par la vertu de la Résurrection de Jésus.”
Ce mystère de la résurrection de la chair, de nos corps, est
le grand Miracle de la ‘fin des fins’; il fait appel à la Toute-puissance divine et évoque le mystère de la création; il se présente comme une RE-création toute de beauté, de lumière, de miséricorde gratuite (cf.Ap.ch.21). Nos corps glorifiés jouiront des qualités d’impassibilité (ne peuvent plus pâtir d’une action extérieure), de clarté (corps de lumière-beauté), d’agilité (ils se ‘meuvent’ en totale docilité à la volonté) et de subtilité (aucun obstacle ne les arrête), propres aux corps glorieux . . . cf. la Transfiguration de Jésus (Mt.17.1-8), Ses apparitions (Jn.20 et 21; Lc.24) et celles de Marie (la Salette, Lourdes, Fatima,...).
CEC 1000: “... Ce ‘comment’ (de la résurrection de la chair) dépasse notre imagination et notre entendement; il n’est accessible que dans la foi. Mais notre participation à l’Eucharistie nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration de nos corps par le Christ.”
St.Irénée : “ De même que le pain qui vient de la Terre, après avoir reçu l’invocation de Dieu, n’est plus du pain ordinaire, mais Eucharistie, constituée de deux choses, l’une terrestre et l’autre céleste, de même nos corps qui participent à l’Eucharistie, ne sont plus corruptibles, puisqu’ils ont l’espérance de la résurrection.“(Adversus Haereses). St.Irénée insiste beaucoup sur l’union-unité de l’âme-esprit et du corps-chair : “ L’union de l’âme et de la chair, recevant l’Esprit de Dieu, constitue l’homme spirituel”, et aussi : “Voici quels sont les hommes que l’Apôtre appelle spirituels : ceux qui sont spirituels grâce à la participation à l’Esprit, et non pas grâce à la privation et à l’élimination de la chair.” (Adversus.Haereses).
L’Orient est très sensible à cette glorification - transfiguration des corps, de nos corps
(chacun retrouvera son propre corps), en corps de lumière et de beauté. Transfiguration parfaite et ultime, dont nous avons des signes chez certains mystiques : “L’expérience de la transfiguration ou de la vision de la lumière incréée est un élément caractéristique des grands spirituels orthodoxes (St.Seraphim de Sarov, par exemple).”
L’espérance de la résurrection de notre propre chair est partie essentielle de notre foi chrétienne (cf. 1 Co.15.12-14).

DES FINS DERNIERES
Qu’en est-il de notre âme immortelle ?
CEC1022 : “ Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du Ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours.”
CEC 1030 : “ Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification -- en un ‘lieu’ appelé purgatoire ( cette doctrine du purgatoire a été développée aux Conciles de Florence et de Trente au XVème et XVIème siècle) -- afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du Ciel.
Le Purgatoire a été créé par l’Amour miséricordieux, comme le chef d’oeuvre de la Justice et de la Miséricorde divine. L’Infinie Justice divine bafouée par les péchés de l’homme, créature et pécheur, doit être ‘satisfaite’ par les peines subies en Purgatoire ... Peine du dam (l’âme ayant entrevu à sa mort la Bonté Infinie de Son Créateur et Père en est séparée pour un temps, celui de son séjour en Purgatoire) et peine du feu (l’âme subit dans sa ‘chair’, dans son intime, toutes les souffrances purificatrices consécutives à ses péchés)... Ces souffrances subies en Purgatoire ne ‘profitent’ qu’au bien de l’âme; alors que les souffrances acceptées et portées, offertes, sur Terre, ont aussi une valeur rédemptrice pour le salut des âmes ... Ainsi Jésus-Dieu et Marie, Immaculée et infiniment pure, ont vécus des souffrances exclusivement rédemptrices ( et non purificatrices pour eux-mêmes).
L’âme en Purgatoire vit une vie théologale de foi
(elle n’est pas encore dans la Vision béatifique), d’espérance (dans l’attente de son entrée au Ciel) et de charité toute pure et parfaite (car sa volonté est pur écho de la Volonté divine). L’exercice de ses vertus théologales est soumis aux purifications nécessaires, préalables à l’entrée dans la Contemplation trinitaire; elle vit , proportionnellement, les ‘nuits juaniques’, expérimentées et décrites par St.Jean de la Croix (docteur mystique). En Purgatoire, l âme n’acquiert aucun mérite (pour les autres) !
Dans son Traité du Purgatoire,
Ste.Catherine de Gênes nous dit : “ Je ne crois pas qu’il puisse se trouver un contentement (une joie) comparable à celui d’une âme au purgatoire ( en raison de la parfaite conformité de la volonté de l’âme à la Volonté divine, d’où une très grande paix et joie intérieures), à l’exception de celui des saints en Paradis.” --- mais aussi : “ La peine qu’elles subissent est si extrême qu’il n’est aucune langue qui puisse l’exprimer, ni aucune intelligence qui puisse en saisir la moindre étincelle, si Dieu ne la lui découvre par une grâce toute spéciale.” --- Comme en tout amour d’En-Haut (et aussi de ce monde), joie-et-douleur sont unis pour permettre la purification et la croissance de cet amour... son épanouissement plénier. Mais, en Purgatoire, l’âme ne connaît ni haine ni désespoir (haine et désespoir sont les ‘maîtres’ des âmes en enfer).

De l’enfer (au sens strict ... notion qui n’apparaît qu’au Vème siècle): “En Orient, Clément, Origène, Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse, gardent une certitude de foi cachée, que la grâce aura pitié de tous. Cette espérance grecque vit en Russie, sous une forme plus enracinée encore: elle y est fondée sur la conscience de la solidarité entre tous les hommes. Ce n’est pas là pour les Russes un élément du christianisme, c’en est le centre et le coeur.”(Card.Urs von Balthasar). Réflexion du Père Lochet (Foyer de charité) : “ La victoire du Christ sur la mort physique est le signe efficace de Sa Victoire sur la mort spirituelle. L’essentiel est là. En nous libérant de la mort, le Christ nous délivre du péché. Ressuscité, victorieux de la mort, Il renverse la pierre scellée du tombeau et du même élan, Maître de l’impossible, Il brise les verrous de l’Enfer. (cf.Rm.5.18; 11.32; 1 Co.15 21-22; Ph.2.9-11).” (in ‘Jésus descendu aux enfers’).
Ste.Catherine de Gênes nous dit : “L’âme a été créée par Dieu et pour Dieu, ordonnée vers Dieu; elle ne peut trouver de repos qu’en Dieu. Les damnés en enfer sont en Dieu par Sa Justice; s’ils étaient dehors leur enfer serait bien pire, parce qu’ils seraient en opposition avec l’ordre divin.”
(Traité du Purgatoire).
Jean-Paul II : “La possibilité de la damnation éternelle est affirmée dans l’Evangile sans qu’aucune ambiguité soit permise. Mais, dans quelle mesure cela s’accomplit-il réellement dans l’Au-delà ? C’est finalement un grand mystère. Il n’autorise cependant pas à oublier que Dieu ‘veut que tous les hommes soient sauvés’ (1 Th.2.4) ....” (Entrez dans l’espérance, p.123; voir aussi Mt.26.24).

Les cas différents d’Adam et de Judas :
Judas s’est voué volontairement au démon
(cf.Jn.6.70; Judas est de la famille, de la race de l’Adversaire et ne peut plus être réintroduit dans la Maison du Père comme enfant-fils du Père).
Catherine de Sienne : “Voilà le péché impardonnable dans ce monde et dans l’autre. C’est celui de l’homme qui, en méprisant Ma Miséricorde , n’a pas voulu être pardonné; il a jugé son péché plus grand que Ma Miséricorde. C’est pourquoi, je le tiens pour le plus grave et c’est pourquoi le désespoir de Judas m’attrista plus Moi-même (c’est le Père qui s’adresse à Catherine) et fût plus pénible à Mon Fils que sa trahison.”(Dialogues,ch.37).
La Miséricorde divine est sans limite ... mais , faut-il encore avoir ‘l’humilité’ de l’accepter ...le refus de Judas ne lui permet plus d’être enfant-fils de Dieu ... mais
(peut-être) d’être simplement ‘serviteur’ dans la Maison du Père!
St.Irénée : “Puisque le Seigneur est venu à la brebis perdue, puisqu’Il a fait la Récapitulation d’une si grande Economie Divine et qu’Il est venu rechercher l’oeuvre mdelée par Lui, Il a dû sauver cet homme-là même qu’Il fit jadis à Son Image et à Sa Ressemblance, je veux dire ADAM, après l’accomplissement du temps de sa condamnation motivée par sa désobéissance.”(Adversus Haereses).

Au Ciel, les amis et enfants bien-aimés de Dieu-Trinité et les serviteurs de Dieu seront réunis !


VIE SPIRITUELLE SURNATURELLE : II
Loi naturelle - Décalogue - Conseils - Sainteté

CONSCIENCE (MORALE) - LOI NATURELLE
Jean-Paul II s’adressant aux jeunes à Denver : “ Ce n’est qu’en écoutant la voix de Dieu au plus profond de vous-mêmes ( notre âme-esprit créée par Dieu porte en elle-même un ‘label’ divin, un instinct divin, qui l’oriente vers le bien -’à l’obscur’- , qu’on appelle la conscience et qui s’exprime dans un jugement de valeur) , et en agissant en conformité à ses directives, que vous parviendrez à cette liberté à laquelle vous aspirez. Comme l’a dit Jésus, seule la vérité vous rendra libres (cf.Jn.8.32). . . La vérité morale est objective, et une conscience formée de manière adéquate peut la percevoir. Mais si la conscience a été corrompue, comment peut-elle guérir ? ... Une renaissance de la conscience doit venir de deux sources: tout d’abord, l’effort pour connaître avec certitude la vérité objective, y compris la vérité sur Dieu, et , en second lieu, la lumière de la foi en Jésus-Christ qui, seul, a les paroles de vie.” (J.M.J. août 1993).
Jean-Paul II : “Aucune autorité humaine n’a le droit d’intervenir dans la conscience de quiconque. La conscience est le témoin de la transcendance de la personne, même en face de la société, et, comme telle, elle est inviolable . . . Tous doivent respecter la conscience de chacun et ne pas essayer d’imposer à quiconque sa propre vérité, restant sauf le droit de la professer sans pour autant mépriser celui qui pense autrement. La vérité ne s’impose que par elle-même . . . Tout individu a le grave devoir de se former la conscience à la lumière de la vérité objective . . . la vérité doit être poursuivie passionnément . . . Il faut reconnaître et garantir le droit inaliénable de suivre sa conscience ainsi que de professer et pratiquer sa foi, seul ou en communauté, toujours à condition que les exigences de l’ordre public ne soient pas violées . . . La liberté de conscience correctement conçue est par nature toujours ordonnée à la vérité . . . La caractéristique de celui qui est dans la vérité est d’aimer humblement . . .”. (01.01.1991, message pour la journée mondiale de la Paix.)
Paul Evdokimov : “Un père spirituel n’est jamais un ‘directeur de conscience’. Il n’engendre jamais ‘son’ enfant spirituel; il engendre un enfant de Dieu, adulte et libre. Le disciple reçoit le charisme de l’attention spirituelle; le père reçoit le charisme d’être organe du Saint Esprit. Ici, toute obéissance est obéissance à la volonté du Père céleste, en participant aux actes du Christ obéissant.”
CEC 1955 : . . . La Loi naturelle n’est rien d’autre que la lumière de l’intelligence mise en nous par Dieu; par elle, nous connaissons ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter. Cette lumière ou cette loi, Dieu l’a donnée à la création (St.Thomas d’Aquin).
CEC 2070 : . . . Dès le commencement, Dieu avait enraciné dans le coeur des hommes les préceptes de la Loi naturelle. Il se contenta d’abord de les leur rappeler. Ce fut le Décalogue.(St.Irénée).
CEC 2071 : Bien qu’accessibles à la seule raison, les préceptes du Décalogue ont été révélés. Pour atteindre une connaissance complète et certaine des exigences de la Loi naturelle, l’humanité pécheresse avait besoin de cette Révélation; une explication plénière des commandements du Décalogue fut rendue nécessaire dans l’état de péché à cause de l’obscurcissement de la lumière de la raison et de la déviation de la volonté. (St.Bonaventure)

MARCHER DANS LA LUMIERE - AGIR EN VERITE - PRATIQUER LA JUSTICE :
La Première Epître de St.Jean est un véritable traité de spiritualité, le ‘premier’
(peut-être même en qualité); elle nous aide à vivre notre vocation chrétienne dans l’exercice du double commandement de l’Amour de Dieu et du prochain (1 Jn.4.7-16), et dans la pratique des commandements du Décalogue (Ex.20.1-17; Dt.5.6-21).
Au jour de la création d’Adam et Eve, Dieu leur a donné un commandement
unique : “...de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ...” (Gn.2.17). Dans l’Ancienne Alliance, Dieu a donné à Son Peuple, par l’intermédiaire de Moïse, les dix commandements-paroles, le Décalogue. Dans la Nouvelle Alliance, qui achève l’Ancienne en lui donnant sa perfection ultime selon la fin, Jésus donne et rappelle le plus grand commandement : “Jésus lui déclara: ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force (cf.Dt.5.6). C’est là le grand, le premier commandement. Un second lui est semblable: ‘Tu aimeras ton prochain comnme toi-même’ (cf.Lv.19.18). De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes.”(Mt.22.37-39). Ce commandement duel donne leur ‘âme’ aux dix commandements du Décalogue. Nous suivons l’ordre, qui est celui des juifs - attesté par Philon et Josèphe - et des Pères de l’Eglise jusqu’à St.Augustin.

LE DECALOGUE :
* “
Tu n’auras pas d’autre(s) dieu(x) que Moi (devant Moi, face à Moi)” (Ex.20.3;Dt.5.7). Dieu-Père, ‘Ipsum esse subsistens’, ‘Bonum per essentiam’, Esprit pur, Créateur tout-puissant, Lumière, Vie, Amour est le seul et l’Unique Dieu. Le même S’est révélé Père-Fils-Esprit Saint. Ecoutons la Voix-appel de Dieu à l’intime de notre conscience et ne nous ‘fabriquons’ pas des faux dieux. Rm.1.20 : “ Ce qu’Il a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers Ses oeuvres, Son éternelle puissance et Sa divinité ...”.
*
“Tu ne feras aucune image sculptée” (Ex.20.4; Dt.5.8). CEC 2131 : “C’est en se fondant sur le Mystère du Verbe incarné que le Concile de Nicée II (en 787) a justifié, contre les iconoclastes, le culte des icônes: celles du Christ, de la Mère de Dieu, des anges et des saints.” Notons que l’adoration n’est due qu’à Dieu seul; le Verbe fait chair et Lui seul doit être adoré jusqu’en Son Humanité Sainte (en raison du mystère de l’Union hypostatique). (L’Adversaire multiplie les idoles et les fausses adorations.) Jn.4.24 : “Dieu est Esprit et ceux qui adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer”.
* “
Tu ne prononceras pas (n’invoqueras pas) à tort le Nom du Seigneur” (Ex.20.7; Dt.5.11). ‘A tort’, c’est-à-dire sans amour! Ne pas se servir du Nom de Dieu pour se glorifier...pour acquérir des pouvoirs, des savoirs ... pour se justifier ou condamner!
Ces trois commandements regardant Dieu-Trine sont en affinité manifeste avec le Père, le Fils-Verbe incarné et l’Esprit Saint.
*
“Souviens-toi du jour du Sabbat pour le sanctifier” (Ex.20.8;Dt.5.12) CEC 2190 :”Le sabbat qui représentait l’achèvement de la première création est remplacé par le dimanche qui rappelle la création nouvelle inaugurée à la Résurrection du Christ.” Plus ‘en profondeur’, ce commandement exige de l’âme-esprit qu’elle consacre un septième de son activité journalière à la Vie divine, à la rencontre dans le silence et la ‘solitude’ avec Dieu-Trinité ... ‘trois heures’ de méditation-prière par jour pour être divinement vivante! Que l’âme-esprit ne se laisse arrêter ni par les aridités spirituelles ni par les préoccupations trop accaparentes du créé, des créatures.
*
“Honore ton père et ta mère ...” (Ex.20.12; Dt.5.16). L’amour de charité doit s’exercer en premier lieu envers notre prochain le plus proche : père et mère selon la chair et le sang ; mais ausssi : ‘père, mère’ selon l’esprit, c’est-à-dire envers ceux (parents, prêtres, ...) qui nous ont enfantés, nourris divinement au cours de notre Histoire sainte. Comment aimer en vérité Dieu notre Père, si nous ne reconnaissons pas en eux les sources de notre naissance et renaissance ? CEC 2205 : “La famille chrétienne est une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint. Son activité procréatrice et éducative est le reflet de l’oeuvre créatrice du Père. Elle est appelée à partager la prière et le sacrifice du Christ. La prière quotidienne et la lecture de la Parole de Dieu fortifient en elle la charité. La famille chrétienne est évangélisatrice et missionnaire ...”.
*
“Tu ne tueras pas” (Ex.20.13; Dt.5.17). CEC 2319 : “Toute vie humaine, dès le moment de la conception jusqu’à la mort, est sacrée parce que la personne humaine a été voulue pour elle-même à l’image et à la ressemblance du Dieu vivant et saint.” CEC 2324 : “L’euthanasie volontaire, quels qu’en soient les formes et les motifs, constitue un meurtre... “. CEC 2278 : “La cessation des procédures médicales onéreuses, périlleuses, extraordinaires ou disproportionnées avec les résultats attendus, peut être légitime, C’est le refus de l’acharnement thérapeutique. On ne veut pas ainsi donner la mort; on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher...”. CEC 2325 : “Le suicide est gravement contraire à la justice, à l’espérance et à la charité.” CEC 2283 : “On ne doit pas désespérer du salut éternel des personnes qui se sont donné la mort. ...”. Par ailleurs : haïr son prochain, c’est le tuer en ‘notre’ coeur ... la haine, qui est souvent le fruit de la jalousie, peut conduire à l’assassinat (Caïn assassine Abel ,,, Jésus trahi et tué). Veillons à ne pas laisser mûrir en nos coeurs des fruits de jalousie et de haine!
*
“Tu ne commettras pas d’adultère” (Ex.20.14; Dt.5.18) CEC 2380 : “L’adultère. Ce mot désigne l’infidélité conjugale ... Le Christ condamne l’adultère même de simple désir (Mt.5.27-28) ...”. La Tradition de l’Eglise a entendu ce commandement comme englobant l’ensemble de la sexualité humaine.(cf.CEC 2336) ; voir le ‘conseil’ de chasteté, p.III17.
*
“Tu ne voleras pas” (Ex.20.15; Dt.5.19) Ne pas prendre ce qui appartient à autrui, respecter les exigences d’une saine justice, respecter les droits de l’autre, faire face aux responsabilités qui nous sont confiées. CEC 2451 : “Ce commandement prescrit la pratique de la justice et de la charité dans la gestion des biens terrestres et des fruits du travail des hommes.” CEC 2452 : “Les biens de la création sont destinés au genre humain tout entier. Le droit à la propriété privée n’abolit pas la destination universelle des biens.” CEC 2423 : “Tout système suivant lequel les rapports sociaux seraient entièrement déterminés par les facteurs économiques est contraire à la nature de la personne humaine et de ses actes.” CEC 2424 : “Un système qui sacrifie les droits fondamentaux des personnes et des groupes à l’organisation collective de la production est contraire à la dignité de l’homme ...”. Aujourd’hui le primat de l’Economie tue la Civilisation humaine ... et ceci à l’échelle de la Planète. Mt.6.25-34 : “ ... Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. (...) Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît. ...” Ne rien convoiter, désirer ; indifférence (sainte) pour tout bien naturel, voire surnaturel extraordinaire (c’est-à-dire impliquant la médiation des sens).
*
“Tu ne porteras pas de témoignage mensonger contre ton prochain” (Ex.20.16; Dt.5.20) CEC 2464 : “Ce commandement interdit de travestir la vérité dans les relations avec autrui.( ...)” Les faux témoignages attentent à la réputation, à l’honneur du prochain; ils peuvent ‘tuer’ psychologiquement, voire spirituellement. Veillons aux jugements téméraires.
*
“Tu ne convoiteras rien de ce qui est à ton prochain” (Ex.20.17; Dt.5.21) CEC 2545 : “Tous les fidèles du Christ ont à régler comme il faut leurs affections (désirs) pour que l’usage des biens du monde et un attachement aux richesses (de tous ordres: matérielles, spirituelles) contraire à l’esprit de pauvreté évangélique ne les détourne pas de poursuivre la perfection de la charité.” Ne pas désirer-envier, non seulement les biens matériels, naturels, sociaux, familiaux, mais aussi les biens spirituels -même les grâces extraordinaires, charismatiques - appartenent au prochain. L’envie représente le premier mouvement pouvant conduire à l’adultère, au vol, au faux témoignage.
CEC 2547 : “L’abandon à la Providence du Père du Ciel libère de l’inquiètude du lendemain. La confiance en Dieu dispose à la béatitude des pauvres.”
Mt.5.3 : “Bienheureux les pauvres en esprit”

Jean-Paul II : “Les dix commandements (...) ont été écrits dans le coeur de l’homme comme la loi morale universelle, valable en tout temps et en tout lieu. Aujourd’hui comme toujours, les dix Paroles de la loi fournissent les seules véritables bases pour la vie des personnes, des sociétés et des nations. Aujourd’hui comme toujours, elles constituent le seul avenir pour la Famille humaine (,,,)” (Homélie au Mont Sinaï, 26.02.00).

St.Thomas d’Aquin : “ La loi humaine a pour but d’amener les hommes à la vertu, non d’un seul coup, mais progressivement. C’est pourquoi elle n’impose pas tout de suite à la foule des gens imparfaits ce qui est l’apanage des hommes déjà parfaits: s’abstenir de tout mal. Autrement les gens imparfaits, n’ayant pas la force d’accomplir des préceptes de ce genre, tomberaient en des maux plus graves, selon les Proverbes (30.33). Et il est dit dans St.Matthieu (9.17) que ‘si le vin nouveau’, c’est-à-dire les préceptes d’une vie parfaite, ‘est mis dans de vielles outres’, c’est-à-dire en des hommes imparfaits, ‘les outres se rompent et le vin se répand’, c’est-à-dire que les préceptes tombent dans le mépris, et par le mépris les hommes tombent en des maux plus graves.” (S.T.IIa.2.2)
Sagesse et discernement-discrétion sont nécessaires pour veiller sur la croissance de l’homme spirituel en nous. “Les anciens moines ont été remarquablement sensibles à la diversité des voies de Dieu, à la liberté de l’Esprit qui souffle où Il veut, et, partant, à la nécessité de respecter souverainement la personnalité spirituelle d’autrui. Aussi, ont-ils mis au coeur de leur doctrine, la vertu de discrétion (‘modératrice des vertus’ selon la Règle du Carmel), c’est-à-dire ce tact surnaturel qui sait discerner les exigences concrètes de la grâce en chaque cas et proportionner les comportements extérieurs aux possibilités naturelles et surnaturelles de chacun.”(Archimandrite Placide Deseille, in l’Evangile au Désert).

Jean-Paul II : “ Selon la foi chrétienne et la doctrine de l’Eglise, seule la liberté qui se soumet à la vérité conduit la personne humaine à son vrai bien. Le bien de la personne est d’être dans la Vérité et de faire la Vérité. (...). Cf.Jn.8.32. C’est la vérité qui rend libre face au pouvoir et qui donne la force du martyre. Il en est ainsi pour Jésus devant Pilate : ‘ Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité (Jn.18.37) . . . Un tel témoignage (...) contribue, non seulement dans la société civile, mais aussi à l’intérieur des communautés ecclésiales elles-mêmes, à éviter que l’on sombre dans la crise la plus dangereuse qui puisse affecter l’homme: la confusion du bien et du mal, qui rend impossible d’établir et de maintenir l’ordre moral des individus et des communautés.” (Enc. Veritatis Splendor, 1993).

Lettre encyclique “Evangelium Vitae” de Jean-Paul II (25.03.95 ; extraits):
L’homme est appelé à une plénitude de vie qui va bien au-delà des dimensions de son existence sur Terre, puisqu’elle est la participation à la vie même de Dieu. (...) L’Evangile de l’Amour de Dieu pour l’homme, l’Evangile de la dignité de la personne et l’Evangile de la vie sont un Evangile unique et indivisible.
Faisant miennes les paroles du Concile Vatican II, je déplore ces maux encore une fois et avec la même force au nom de l’Eglise tout entière, certain d’être l’interprête du sentiment authentique de toute conscience droite : “ Tout ce qui s’oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les tentations de contraintes psychiques; tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie infra-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable: toutes ces pratiques et d’autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu’elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent plus encore que ceux qui les subissent, et elles insultent gravement à l’honneur du Créateur.”(Gaudium et Spes,27)
Le résultat auquel on parvient ((suite au grave effondrement moral de notre ‘civilisation’)) est dramatique: s’il est particulièrement grave et inquiétant de voir le phénomène de l’élimination de tant de vies humaines naissantes ou sur le chemin de leur déclin,
il n’est pas moins grave et inquiétant que la conscience elle-même, comme obscurcie par d’aussi profonds conditionnements (notre pseudo-liberté inconditionnelle,..., les médias, y compris les responsables politiques nationaux et internationaux), ait toujours plus de difficultés à percevoir la distinction entre le bien et le mal sur les points qui concernent la valeur fondamentale de la vie humaine.(...) Le problème se pose aussi sur les plans culturel, social et politique, et c’est là qu’apparaît son aspect le plus subversif et le plus troublant, en raison de la tendance, toujours plus largement admise, à interprêter les crimes en question contre la vie comme des expressions légitimes de la liberté individuelle, que l’on devrait reconnaître et défendre comme de véritables droits. (...) Ainsi, la démocratie s’achemine vers un totalitarisme caractérisé (celui d’une majorité aveuglée, sans conscience, ne distinguant plus le bien et le mal ).(...) Revendiquer le droit à l’avortement, à l’infanticide, à l’euthanasie, et le reconnaître légalement, cela revient à attribuer à la liberté humaine un sens pervers et injuste, celui d’un pouvoir absolu sur les autres et contre les autres. Mais, c’est la mort de la vraie liberté! Cf.Jn.8.34. (...) La conscience morale, individuelle et sociale, est aujourd’hui exposée, ne serait-ce qu’à cause de l’influence envahissante de nombreux moyens de communication sociale, à un danger très grave et mortel, celui de la confusion entre le bien et le mal en ce qui concerne justement le droit fondamental à la vie.
Avec l’autorité conférée par le Christ à Pierre et à Ses successeurs, en communion avec tous les évêques de l’Eglise catholique, je confirme que tuer directement et volontairement un être humain innocent est toujours gravement immoral. Cette doctrine, fondée sur la loi non écrite que tout homme découvre dans son coeur à la lumière de la raison (cf.Rm.2.14-15), est réaffirmée par la Sainte Ecriture, transmise par la Tradition de l’Eglise et enseignée par le Magistère ordinaire et universel (Lumen Gentium,25). (...). L’avortement provoqué est le meurtre délibéré et direct, quelle que soit la façon dont il est effectué, d’un être humain dans la phase initiale de son existence, située entre la conception et la naissance.(...) L’être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception, et donc dès ce moment on doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de tout être humain innocent à la vie. (...). A travers son histoire déjà bimillénaire, cette même doctrine a été constamment enseignée par les Pères de l’Eglise et par les Pasteurs et les Docteurs. Même les discussions de caractère scientifique et philosophique à propos du moment précis de l’infusion de l’âme spirituelle n’ont jamais comporté la moindre hésitation quant à la condamnation morale de l’avortement. (...). On doit affirmer que l’utilisation des embryons ou des foetus humains comme objets d’expérimentation constitue un crime contre leur dignité d’êtres humains, qui ont droit à un respect égal à celui dû à l’enfant déjà né et à toute personne. (...). En réalité, tuer des créatures humaines innocentes, même si c’est à l’avantage d’autres, constitue un acte absolument inacceptable.
Ces distinctions étant faites (cf.65),
en conformité avec le Magistère de mes Prédécesseurs, et en communion avec les Evêques de l’Eglise catholique, je confirme que l’Euthanasie ( une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur) est une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré moralement inacceptable d’une personne humaine. Cette doctrine est fondée sur la loi naturelle et sur la Parole de Dieu écrite; elle est transmise par la Tradition de l’Eglise et enseignée par le Magistère ordinaire et universel. De fait, si l’on peut juger digne d’éloge la personne qui accepte volontairement de souffrir en renonçant à des interventions anti-douleur pour garder toute sa lucidité et, si elle est croyante, pour participer de manière consciente à la Passion du Seigneur, un tel comportement ‘héroïque’ ne peut être considéré comme un devoir pour tous. (...). A l’approche de la mort, les hommes doivent être en mesure de pouvoir satisfaire à leurs obligations morales et familiales, et ils doivent surtout pouvoir se préparer en pleine conscience à leur rencontre définitive avec Dieu.
Que l’on soit le maître du monde ou le dernier des ‘misérables’ sur la face de la Terre, cela ne fait aucune différence: devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux.


LES CONSEILS EVANGELIQUES : CHASTETE-OBEISSANCE-PAUVRETE :
Les conseils évangéliques sont à pratiquer, proportionnellement, selon les conditions de vie, par toute âme chrétienne! Ils ne sont pas l’apanage des religieux(ses) au sens canonique; la consécration religieuse, canonique, est dans la ligne de la grâce baptismale, et , ne relève pas d’un sacrement particulier; c’est pourquoi tous sont appelés à la sainteté! C’est une grande grâce que Vatican II nous a rappelé ... comment espérer un Peuple de chrétiens forts, fidèles, si ‘on’ leur dit que les ‘sommets’ de la grâce ne sont pas pour eux , mais seulement pour ceux qui sont au Monastère! Le Magistère ecclésiastique a gravement négligé d’offrir aux fidèles des saint(e)s dans le monde, y compris des saint(e)s engagés dans le mariage ... Comment s’étonner alors que le mariage soit en pleine décomposition ( même dans les pays dits chrétiens), et, par ailleurs, qu’il y ait si peu de fidèles pratiquants, et, si peu de vocations religieuses (cette ouverture à tous, bien sûr, ne s’oppose pas aux vocations religieuses proprement dites).
Thérèse de Jésus : “Croyez-moi, la question n’est pas de porter un habit religieux ou non, mais de s’exercer dans la pratique des vertus, de soumettre notre volonté à Celle de Dieu en tout, de régler notre vie sur ce que Sa Majesté réclame de nous, et de ne pas vouloir que notre volonté s’accomplisse, mais la Sienne.”(Dem.III.2) St.Josémaria Escriva le confirme :”Sanctifier le travail, se sanctifier dans le travail, sanctifier les autres par le travail” ... l’accomplissement de son ‘devoir d’état’ d’homme adulte et de chrétien au jour le jour ... la sainteté ‘incarnée’ dans le quotidien (dont le modèle archétype est la Sainte Famille, St.Joseph ‘père’ et époux, Marie, Mère ‘au foyer’ et épouse) ... c’est la grâce des chrétiens de l’Eglise primitive et des chrétiens de l’Eglise de la Fin des temps !! G.de.Montfort affirme : “ Jésus-Christ a plus donné de gloire à Dieu son Père par la soumission qu’Il a eue à Sa Mère pendant trente années, qu’il ne Lui en eût donné en convertissant toute le Terre par l’opération des plus grandes merveilles.”(V.D. 18) N.B. La grâce sacerdotale, liée au Sacrement de l’Ordre, est ‘originale-spécifique’; si, le prêtre-sacerdote est strictement ‘mis à part’, il demeure cependant lié aux exigences de la pratique des Conseils et de sainteté propre à tous les chrétiens.

CHASTETÉ: La vertu de chasteté, sous la mouvance de la vertu cardinale de tempérance, épanouit la personne dans un juste équilibre de l’affectivité sensible et de l’affectivité volontaire-spirituelle naturelle, et permet de goûter de véritables amitiés, qui sont autant de rencontres d’âmes-esprits. Surélevée par la grâce, elle s’approfondit et prend une dimension plénière ... sans ‘tuer’ l’affectivité sensible (faire d’un coeur de chair, un coeur de pierre ... à la ‘force du poignet’!), mais en lui conférant un juste épanouissement ( pensons à Marie et Joseph). Son mode infus fait de la vertu de chasteté une grâce charismatique particulière.
CEC 2348 : “ Tout baptisé est appelé à la chasteté. Le chrétien a ‘revêtu le Christ’ (Ga.3.27), modèle de toute chasteté. Tous les fidèles du Christ sont appelés à mener une vie chaste selon leur état de vie particulier. Au moment de son Baptême, le chrétien s’est engagé à conduire dans la chasteté son affectivité.” CEC 2362 : “Les actes qui réalisent l’union intime et chaste des époux sont des actes honnêtes et dignes. (...)”
La séduction de la chair ramollit l’esprit et englue l’âme. Ne pas se laisser prendre par les ‘premiers mouvements’ qui éclosent en le Sens
(connaissance et appétits sensibles), mais pratiquer les ‘mouvements anagogiques’ qui élèvent l’âme au-dessus du champ de bataille : “Chaque fois que l’Adversaire attaque, je lui tourne le dos (ne pas lutter contre) et je dis à Dieu que je L’aime.” (Thérèse de l’Enfant Jésus). Deux spiritualités typiques ont marqués l’Occident: pratique des ‘mouvements anagogiques (qui élèvent)’ ou ‘lutter contre’ (exercices de St.Ignace de Loyola) ... spiritualités carmélitaine (proche de l’Orient) et ignatienne.

OBÉISSANCE: trois modalités distinctes sont à exercer en harmonie : (a) Obéissance à la vérité; tout particulièrement à la vérité qui nous est révélée; Rm.1.5 : “(...) l’obéissance de la foi (...)”; Rm.16.26 : “(...) pour les amener à l’obéissance de la foi.”. (b) Obéissance de pure volonté: agir-marcher en (dans) la vérité ( 1 P.1.22) ; à l’extrême: cf. Lc.22.42 : “ Père, si tu veux, éloigne de Moi cette coupe! Cependant que ce ne soit pas ma volonté, mais la Tienne qui se fasse!”. (c) Obéissance ‘civique’ (de for externe), à ceux qui ont autorité sur nous dans les divers milieux de vie (famille, professionnel, religieux,...); cette forme d’obéissance regarde un bien commun; ces exigences peuvent aller loin - 1 P 2.13 :”Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute institution humaine (même aux païens romains) ...” - et n’ont d’autre limite que l’obéissance à la vérité : cf. Act.5.29 : “Pierre répondit alors, avec les Apôtres: “Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.” Ces trois modalités d’obéissance sont en affinité avec les vertus théologales de foi, de charité et d’espérance.

PAUVRETÉ: CEC 2545 : “Tous les fidèles du Christ ont à régler comme il faut leurs affections pour que l’usage des choses du monde et un attachement aux richesses contraire à l’esprit de pauvreté évangélique ne les détourne pas de poursuivre la perfection de la charité.” Cette ‘esprit de pauvreté - esprit d’abandon et de confiance dans la Divine Providence du Père (cf.Mt.6.25 et ss) - nous fait user de ce que le Père nous accorde sans aucun esprit d’appropriation, non seulement pour les biens matériels, mais aussi pour les biens spirituels (ce qui est plus difficile); il ne nous rend propriétaire ni de nos mérites, ni de ‘nos’ dons naturels ou surnaturels; il réalise un profond dépouillement intérieur et met en nos coeurs une sainte indifférence envers tout bien qui n’est pas Dieu. Le vrai pauvre use sans y être attaché des biens créés qui lui sont accordés, et ne désire rien au-delà du nécessaire, ce désir même n’étant. jamais véhément, mais toujours abandonné et confiant.
Une affinité manifeste existe entre ces Conseils - chasteté, obéissance, pauvreté,- et les vertus théologales de charité, de foi et d’espérance (resp.).

SAINTETE
“ Tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu,
chacun dans sa route (d’où la variété-diversité des saints, fondée dans l’histoire sainte de chacun), à une sainteté dont la perfection est Celle même du Père.” (Vat.II, L.G.11). Cet appel retentissait déjà dans l’Ancienne Alliance: “Vous serez donc saints, parce que Je suis saint.” (Lv.11.45).
La sainteté implique purification-séparation de tout ce qui est “esprit du monde” (cf.
Jn.17.14-16) - d’où chez le saint un exercice profond, vrai, des vertus théologales, des vertus infuses et morales, des conseils - et insertion dans le Circulus d’Amour trinitaire, d’où le rayonnement de lumière-vie-amour et miséricorde chez celui qui est saint. La sainteté ‘achève’ (donne leur perfection ‘ultime’) aux conseils évangéliques et est le fruit parfait de l’humilité . L’Humilité est la vertu-fondement, portant toute notre vie divine, se situant dans le prolongement de cet ‘instinct divin’ (‘label’ de notre Père et Créateur), qui est en tout homme. Thérèse de Jésus nous dit : “L’humilité consiste à marcher selon la vérité.”(Dem.VI.10) et : “L’humilité est le fondement de tout cet édifice et le Seigneur n’élévera jamais bien haut une âme profondément humble; cela dans l’intérêt de cette âme, de peur que l’édifice ne s’écroule entièrement.” (Dem.VII.4).
Marthe Robin:
“Toute sainteté est (fondée) dans l’humilité” - “Toute perfection est (achevée) dans l’amour”.

Jean-Paul II : “...je n’hésite pas à dire que la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté.” (Lettre apostolique, Nouveau Millénaire).
“ Saint, Saint, Saint est , Dieu de l’Univers.” (Is.6.3).


VIE SPIRITUELLE SURNATURELLE : III
Méditation - Prière - Oraison - Contemplation

Gn.1.26 : “Faisons l’homme à notre Image, selon (à, comme) notre Ressemblance, et qu’il domine ...”. Catéchèse Orthodoxe: “L’Image est donnée à l’homme, lors de la Création. (Elle est porteuse de la vie spirituelle naturelle) (...). Alors que la Ressemblance doit être ‘acquise’ par les saints; ceux-ci ont reçu le don de la grâce (source-fondement de la vie spirituelle surnaturelle); ils ont su le garder et le faire fructifier.” (cf. Vie spirituelle duelle). L’homme-Image de Dieu oriente sa vie vers Dieu-Trinité Sainte; il se laisse (plus ou moins, proportionnellement) saisir par le “Mystère divin”: la Ressemblance divine naît et se développe (progressivement) en lui. Ses opérations vitales sensibles et spirituelles sont ‘ébranlées’; il s’instruit (Catéchèse, lecture méditée des Pères, des Saints, et surtout de la Parole de Dieu), s’éduque (Décalogue, Vie sacramentelle) et est appelé au recueillement intérieur (temps de silence, de solitude (seul avec Dieu), d’adoration aimante), à la prière (prière du matin, du soir, le ‘Notre Père’, le ‘Réjouis-Toi Marie’, le Rosaire, la Louange,..., l’Office divin) sans pour cela négliger son ‘devoir d’état’ d’Image de Dieu vivant dans le monde. Cette RE-naissance ne signifie pas que l’Image de Dieu en le croyant doit être ‘étouffée’, mise sous le boisseau (!); bien au contraire : le croyant dans le monde, tout en n’étant pas du monde, devrait être un ‘honnête homme’, juste, équilibré, éclairé, responsable. “Je leur ai donné Ta Parole et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme Moi Je ne suis pas du monde. Je ne Te prie pas de les enlever (retirer) du monde, mais de les garder du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme Moi Je ne suis pas du monde.(Jn.17.14-16)”.

La MÉDITATION (en un sens général, ouvert) est oeuvre du croyant , de l’Image-Ressemblance de Dieu, qui s’oriente dans un climat de prière, de recueillement, vers son Dieu et Père; elle est un exercice spirituel, (impliquant les divers degrés de vie, y compris connaissances et appétits sensibles), qui prépare à la Contemplation. CEC 2708 : “La méditation met en oeuvre la pensée, l’imagination, l’émotion et le désir. Cette mobilisation est nécessaire pour approfondir les convictions de foi, susciter la conversion du coeur et fortifier la volonté de suivre le Christ. La prière chrétienne s’applique de préférence à méditer ‘les mystères du Christ’, comme dans la ‘lectio divina’ ou le Rosaire. Cette forme de réflexion priante est de grande valeur, mais la prière chrétienne doit tendre plus loin: à la connaissance d’amour du Seigneur Jésus, à l’union avec Lui”. Toute méditation doit être ordonnée - ‘porte ouverte’ - à la Contemplation. Deux dangers se présentent : s’enfermer dans les oeuvres de méditation (qui ne sont que des moyens... (utiles, même nécessaires) ... qu’il s’agisse des connaissances et appétits sensibles ou du ‘discursus intellectuel’ excessif ou de la surabondance des dévotions) ou s’affranchir trop vite des oeuvres méditatives (imaginatives, dévotionnelles, discursives); un juste équilibre doit exister (variable selon notre histoire sainte) ... nous sommes des ‘esprits incarnés’!

Une saine et sainte méditation implique un ordre: la part de la vie proprement spirituelle (mémoire-intelligence et volonté s’exercent) est première; la part de la vie sensible (imagination, affectivité sensible) est seconde. Le ‘poids’ de la vie sensible, du ‘sens’, doit demeurer très mesuré pour ne pas faire obstacle à l’épanouissement de la dimension proprement spirituelle de la méditation. En conséquence ‘méditer’ implique de justes et saines purifications du ‘sens’: (a) Les appétits sensibles, qui orientent, ‘piégent’, notre volonté vers des biens sensibles (tel oratoire, telle image-icône, telle ‘présence’, etc.) doivent être rectifiés, purifiés: “ (...) pour que l’âme arrive à s’unir à Dieu par l’amour et la volonté, elle doit d’abord s’affranchir de tout appétit volontaire, si minime soit-il (donc, même orienté vers un bien sensible)(...) Peu importe qu’un oiseau soit retenu par un fil mince ou épais: tant qu’il ne l’aura pas brisé, il sera incapable de voler.”(Jean de la Croix, M.C.I,11). (b) Les connaissances sensibles imaginaires (acquises) “doivent être évacuées de l’âme (...) pour que celle-ci puisse parvenir à l’union divine (...). La raison en est que l’imagination est incapable de rien construire ou inventer en dehors de ce qu’elle a expérimenté par les sens externes (...).Et comme les choses créées ne peuvent avoir aucune proportion avec l’Etre de Dieu, il s’ensuit que tout ce qu’elle s’imaginera à leur ressemblance ne peut servir de proche moyen à l’Union avec Lui”(M.C.II.12).
Cette
Nuit du Sens (selon le langage de Jean de la Croix) exige persévérance, non découragement devant les difficultés --”Jésus lui dit: ‘Quiconque a mis la main à la charrue et regarde en arrière est impropre au Royaume de Dieu’!”(Lc.9.62)-- et se vit en communion étroite avec le développement de la dimension proprement spirituelle de la vie méditative.

La Vie méditative dans sa dimension proprement spirituelle exige : (A) la pratique des exigences de la Loi naturelle, du Décalogue, de la prière et de la Vie sacramentelle (pour le croyant qui se veut vivant) ... de même qu’il existe une foi morte, il existe un cheminement méditatif ‘mort’, qui ‘tourne en rond’ ... ; cette éducation profonde, divine, déifie notre âme (cf 2 P.1.4) et épanouit en nous un vrai fils de Dieu. (B) de nourrir notre foi, d’éclairer notre vie théologale : méditation priante-recueillie de la Parole de Dieu, Catéchèse (en notre civilisation hyperintellectualisée, le croyant livré à tous les ‘médias’ ne peut négliger cette formation de base au risque d’être en état permanent de ‘survie’ ... la Divine Providence y a pourvu en nous donnant le Catéchisme de l’Eglise Catholique) et lectures d’écrits de saint(e)s, de docteurs selon nos affinités et les circonstances. Deux écueils sont à éviter : (1) Vouloir être au courant de ‘tout’, soif de culture excessive; l’âme est toujours en recherche d’un ‘acquis’. (2) Devenir ‘propriétaire’ de nos connaissances spirituelles (même fondées, légitimes)....se rappeler que: “Nul ne peut rien s’attribuer qui ne lui soit donné du Ciel” (Jn.3.27). Dans les deux cas, on se trouve en présence d’une forme d’orgueil (intellectuel) et, donc, d’un manque d’abandon (théologal), d’humilité, de disponibilité à la Motion de l’Esprit Saint (à l’intime de notre âme-esprit); toute une éducation divine, profonde, doit se faire et, comme toute éducation, elle implique des purifications, des ‘épreuves’. Sous la conduite de l’Esprit Saint, l’âme-esprit se ‘simplifie’, s’appauvrit -- “Heureux les pauvres en esprit...”(Mt.5.3) --; sa vie théologale se divinise-déifie : foi pure, dépouillée du ‘superflu’, ferme quant à la substance de son contenu; espérance pauvre libérée des désirs mal éclairés ou mal orientés concernant notre pélerinage sur Terre, --”Quand on a prié la Sainte Vierge et qu’Elle ne nous exauce pas, c’est signe qu’Elle ne veut pas. Alors il faut la laisser faire à son idée et ne pas se tourmenter”(Thérèse de l’Enfant-Jésus)--, véritablement eschatologique, libérée de tout ce qui peut la dérouter (des ‘comment’ regardant le Retour en Gloire du Christ); charité ardente, éclairée, qui doit être prête à supporter toutes les trahisons -” Jésus lui dit: ‘Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme.’(Lc.22.48)-.” Cette croissance théologale introduit l’âme-esprit dans la Nuit de l’Esprit (selon le langage de Jean de la Croix) et exige, elle aussi, persévérance, non découragement devant les difficultés ... (cf. Lc.9.62) ... “Quiconque ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière Moi ne peut être Mon disciple.” (Lc.14.27).

Jean de la Croix : “...Les trois vertus théologales, qui sont les objets surnaturels de nos trois puissances (intelligence-mémoire et volonté) et servent à l’âme pour s’unir à Dieu , font chacune le vide et l’obscurité dans la puissance à laquelle chacune de ces vertus a rapport: la foi dans l’intelligence, l’espérance dans la mémoire, la charité dans la volonté. ... L’intelligence se perfectionne dans les ténèbres de la foi, la mémoire dans le vide de l’espérance, et la volonté doit entrer dans la privation et le dénuement de toutes les affections pour être en état de s’approcher de Dieu. “(M.C.II.6) Cette croissance-approfondissement de notre Vie théologale est un chemin sûr, ‘royal’, ouvrant l’âme à la Contemplation mystique. Jean-Paul II: “L’un des apports les plus précieux de St.Jean de la Croix à la spiritualité chrétienne est sa doctrine concernant le développement de la Vie théologale”, ( Lettre apostolique pour le 4ème centenaire de la mort de St.Jean de la Croix, 14.12.1990)
Ces purifications nécessaires du ‘sens’, ces purifications-croissances de la vie spirituelle-théologale, doivent se faire avec
discernement-discrétion. Toute vie spirituelle implique une croissance très variable d’une personne à l’autre: conditionnements du caractère-tempérament, de l’éducation, du milieu de vie; il ne faut pas que l’âme ‘retourne en arrière’ , abandonne son orientation, sa croissance spirituelle! Maintenir le cap ‘vers le Haut’ et vers le ‘Large’, quelles que soient les circonstances!

Toute méditation est, doit être, porte ouverte à la Contemplation. La Contemplation mystique, divine, est Contemplation théologale se donnant dans la pureté, la pauvreté d’une Vie de foi, d’espérance et de charité; contemplation ‘à l’obscur’, ‘générale’ (ne se donnant pas dans des connaissances particulières-déterminées), un ‘repos’ dans l’Esprit, fruit d’une co-union d’amour entre l’âme-esprit et Dieu-Trinité ... l’âme-esprit contemple dans la mesure de son amour surnaturel! (ce qui est fort différent de la contemplation philosophique, métaphysique, où l’âme contemple dans la mesure de son intelligence métaphysique! ).
Jn.14.23: “Si quelqu’un M’aime, il gardera Ma parole, et Mon Père l’aimera et Nous viendrons en lui et nous ferons chez lui notre Demeure.” Jean de la Croix: “Sachons-le bien, le Verbe, Fils de Dieu, réside par essence et par présence, en compagnie du Père et de l’Esprit Saint, dans l’essence même (au coeur le plus intime) de l’âme, et Il y est caché. L’âme qui aspire à Le trouver doit donc sortir, selon l’affection et la volonté, de tout le créé (n’avoir pour le créé aucune attache volontaire, ce qui est pauvreté d’esprit);( ... ) Dieu est donc caché dans notre âme et c’est là que le vrai contemplatif doit Le chercher.”(C.S.1)

Selon le Bon Plaisir Divin et la grâce particulière de telle ou telle âme, ‘avancée en sainteté’, Dieu peut appeler cette âme à entrer et vivre dans une profonde et douloureuse nuit de la foi --”Jésus sait bien que tout en n’ayant pas la jouissance de la foi, je tâche au moins d’en faire les oeuvres. Je crois avoir fait plus d’actes de foi depuis un an que pendant toute ma vie.”
(Thérèse de l’Enfant-Jésus)-- et aussi dans une profonde et douloureuse nuit de l’espérance --”Tu rêves la Lumière, une Patrie embaumée des plus suaves parfums; tu rêves la possession éternelle du Créateur, de toutes ses merveilles; tu crois sortir un jour des brouillards qui t’environnent! Avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera non ce que tu espères, mais une nuit plus profonde encore, la nuit du néant!”(Thérèse de l’Enfant-Jésus)-- qui représentent comme le ‘coeur’, le sommet, de la Nuit de l’Esprit. ‘Nuit de réparation’ pour tous ceux qui ne croient pas et/ou qui désespèrent du secours divin; ‘nuit de réparation’ pour tous ceux qui n’aiment plus, qui rejettent tout amour divin, tout amour d’En-Haut qui élève l’âme-esprit. Thérèse de l’Enfant-Jésus : “La route que je suis n’est d’aucune consolation pour moi et poutant elle m’apporte toutes les consolations, puisque c’est Jésus qui l’a choisie, et que je désire Le consoler tout seul, tout seul!”

ADDENDA -
grâces particulières extra-ordinaires .
La Toute-Puissance divine, souverainement libre, n’est aucunement limitée par notre condition de créature vivant notre pélerinage terrestre; à tous les niveaux de notre vie humaine , Dieu peut agir selon Sa Sagesse, par des voies extraordinaires - c’est-à-dire hors du conditionnement naturel de l’agir de l’homme-Image de Dieu et hors du conditionnement normal-théologal de l’agir de l’homme-Ressemblance de Dieu - pour éduquer-conforter l’âme, la guider selon la Mission particulière à laquelle elle peut être appelée: grâces charismatiques . . . visions, paroles, révélations (messages), ‘sentiments spirituels’, songes, . . . . Les lieux sont nombreux dans l’A.T. et dans le N.T. (Gn.36.5 ... Ap.21.1).
Au niveau de la vie sensible, du ‘sens’, des connaissances ‘infuses’ (donc non acquises par notre propre ’industrie’) peuvent se présenter à nos sens internes et externes; la conduite à tenir est celle que nous enseigne Jean de la Croix, ‘Docteur mystique’ :
(
a) ”De même que les cinq sens externes présentent aux sens internes les images et les espèces des objets qu’ils perçoivent, de même surnaturellement et sans le concours des sens externes, Dieu peut représenter aux sens internes des images et des espèces semblables aux images et aux espèces naturelles et de beaucoup plus belles et plus achevées. Le démon le peut aussi.(!) (...) L’entendement (l’intelligence, la connaissance et donc la volonté) ne doit pas davantage se laisser entraver par les visions bonnes dans sa marche vers l’Union à la Divine Sagesse (en s’y attachant et les désirant), qu’il ne doit se laisser tromper par les visions fausses.”(M.C.II.16). (b) Il en est de même pour des connaissances infuses, surnaturelles, reçues directement dans les sens corporels-externes (visions, paroles, parfums, saveurs, touchers): “Bien que ces jouissances répandues dans les sens corporels puissent venir de Dieu, on ne doit jamais s’y fier ni les admettre: ceci est bien à noter. Tout au contraire, il faut les fuir, absolument, sans examiner si elles procédent du bon ou du mauvais esprit. Plus elles sont extérieures et corporelles, plus il est douteux que Dieu en soit l’auteur.”(M.C.II.11)
Au niveau de la Vie spirituelle proprement dite, de telles connaissances (infuses) peuvent se présenter : “... quatre (types de) connaissances purement spirituelles peuvent s’offrir à l’intelligence ... sans passer par les sens externes ou internes ... elles s’offrent à l’intelligence d’une manière claire et distincte par voie surnaturelle ... à savoir: les visions, les révélations, les paroles, les sentiments spirituels ...”(M.C.II.23). Vision de Dieu : “Nul ne peut Me voir et conserver la vie.”(Ex.33.20); ce n’est que dans la Vision béatifique que nous verrons Dieu tel qu’Il est.(cf.I Jn.3.2). Jean de la Croix nous avertit : “Il faut savoir que l’Adversaire par ses astuces peut s’entremettre jusqu’à ce niveau et causer de grands dommages à l’âme. “(M.C.II.24 ) (cf. Gn.3.1-5 ... Mt.4.8 .. Mt.7.22-23). Ce qui justifie la prudence du Magistère ecclésial en ce domaine.
Ces ‘grâces extraordinaires’, qui sont d’une qualité supérieure aux connaissances infuses sensibles, ne doivent pas arrêter l’âme dans son ‘ascension’ spirituelle; l’âme ne doit
ni les mépriser, ni s’en encombrer, s’y attacher, les désirer ... que l’âme se tienne en pauvreté d’esprit (en réfère avec soin à un directeur-théologien compétent) et demeure dans la Paix. Si elles sont de Dieu, elles porterons des fruits d’humilité pour l’âme (respect de la Loi naturelle, du Décalogue, de la Vérité Révélée ... obéissance de foi); elles produirons ce que Dieu veut pour le bien de l’âme et sa Mission auprès des âmes (cf. Gn.17.1 ... 2 Co.12.1-4). Si elles sont de l’Adversaire, elles conduiront l’âme à s’estimer elle-même ... ce qui lui cause un grand dommage et ouvre la porte à l’orgueil, aux mensonges et aux égarements. Mt.7.16 : “C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.” “Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru.” (Jn.20.29)
Pourquoi Dieu donne-t-il ces grâces extraordinaires ? “Dieu, voulant élever l’âme à une connaissance sublime (celle qui se donne dans la contemplation mystique) et voulant le faire suavement, commence par toucher l’extrémité inférieure de l’âme, c’est-à-dire les sens, afin de la conduire, suivant son mode à elle (suivant sa nature de créature incarnée enracinée dans le sensible), jusqu’à l’extrémité de la sagesse spirituelle, qui ne tombe point sous le sens”(M.C.II.17); cette croissance se fera d’autant plus aisément que l’âme ne s’attachera pas à ces grâces sensibles extraordinaires (cf.M.C.II.11). Quant aux grâces spirituelles extraordinaires, Dieu les donne à ceux qu’Il a choisi pour une Mission auprès des âmes (cf.Ac.10.3), car Dieu veut se faire de toute âme ‘avancée en sainteté ’ une coopératrice de Son oeuvre de Rédemption (d’où l’acharnement de l’Adversaire à s’entremettre par ses astuces jusqu’à ce niveau proprement spirituel) . . . mais il ne faut pas lier ‘grâces extraordinaires’ et coopération éminente à l’oeuvre rédemptrice : beaucoup de saint(e)s et docteurs n’ont été que peu ou pas l’objet de grâces extraordinaires (Thomas d’Aquin, Jean de la Croix, Thérèse de l’Enfant Jésus, Catherine de Gênes, ...)... les vocations divines sont les plus diverses!

ANNEXE : quelques principes utiles : cf.Jean de la Croix, M.C.II.21.22.
* “Nous devons tellement nous servir de l’intelligence et de la Doctrine évangélique, qu’encore que maintenant, le voulant ou non, on nous dise quelque chose surnaturellement, nous n’en devons recevoir que ce qui est bien conforme à l’intellignce
(loi naturelle, sagesse naturelle) et à la Loi évangélique (doctrine de foi).” Ce principe n’exclut pas l’approfondissement de certaines vérités de foi (par exemple: l’Immaculée Conception, l’Assomption) sous la motion de l’Esprit Saint (cf.Jn.16.13) pouvant orienter, donner des signes, en se servant de ‘prophètes’!
* “Tout ce qui se peut faire par l’industrie et le conseil humain, Dieu ne le fait, ni ne le dit, encore qu’Il traite longtemps très familièrement avec l’âme.” ... “Le Seigneur reprendra aussi pour leur compte, les élus, Ses amis, auxquels Il s’est ici communiqué familièrement
(cf.Mt.7.22-23), de leurs défauts et paresses, dont Il ne devait pas les avertir Lui-même, puisque par la Loi et la raison naturelles, qu’Il leur avait données, Il les reprenait assez.”
* “Touchant les visions et les paroles de Dieu, Dieu n’a pas coutume de les révéler, parce qu’Il veut toujours qu’on se serve de l’intelligence et du jugement humain autant que l’on pourra, et toutes doivent être réglées par eux, sauf en ce qui est de la foi, qui surpasse tout jugement et raison, encore que ses mystères n’y soient nullement contraires.”

PRIERE ET ORAISON : “ Au début de mon pontificat, j’ai dit que la prière est pour moi la première des tâches et quasi la première annonce, de même qu’elle est la première condition de mon service dans l’Eglise et dans le monde. Il faut réaffirmer que toute personne consacrée au sacerdoce ou à la vie religieuse et de même tout croyant, devront toujours considérer la prière comme l’oeuvre essentielle et irremplaçable de leur propre vocation, l’Opus divinum qui précède - comme au zénith de toute leur vie, de toute leur action - n’importe quel autre engagement. Nous savons parfaitement que la fidélité à la prière ou son abandon sont la preuve de la vitalité ou de la décadence de la vie religieuse, de l’apostolat, de la vie chrétienne.” (Jean-Paul II, Osservatore romano, 1985-I; citation du 24.11.84)
Marthe Robin d’affirmer : “ Si le monde désaxé court à la dérive, c’est en grande partie parce qu’il y a trop de mouvements, pas assez de prières, trop d’actions et pas assez d’adoration, trop d’oeuvres et pas assez de vie intérieure. Toutes les oeuvres extérieures, toutes les activités ne sont efficaces que dans la mesure où Dieu en est l’Animateur. Une âme ne donne que du trop-plein d’elle-même. Pour vivre avec Dieu, il faut vivre au-dedans de soi; ce qui ne signifie pas vivre pour soi, renfermé, rétréci ! Non ! L’union à Dieu , au contraire, agrandit le coeur et dilate l’esprit. La divinisation de notre vie s’obtient en approfondissant et non pas en s’éparpillant. Les heures ne sont sanctifiées que si nous gardons le ‘sentiment’ de la Présence réelle de Dieu.
Comment demeurer en présence de Dieu (théologalement), disponible ‘nuit et jour’ au Souffle de l’Esprit , qui doit conduire-guider notre ‘ascension spirituelle’ ?
Priez sans cesse! (1Th.5.17; Lc.18.1). La prière doit être à l’âme ce que la respiration est au corps ... cette permanence-continuité n’est possible en toute circonstance (en ville, en prison, en voyage,...) que si notre prière s’appuie sur une oraison courte, répétée (oraison jaculatoire), telle (par exemple) la simple invocation des noms de Jésus et Marie. Dans son Traité de l’Amour de Dieu, St.François de Sales nous dit : “En cet exercice de la retraite spirituelle (se retirer intérieurement du bruit, de l’agitation) et des oraisons jaculatoires gît la grande oeuvre de la dévotion; il peut suppléer aux défauts de toutes les autres oraisons (les multiples dévotions, louanges, litanies, etc.), mais le manquement de celui-ci ne peut presque point être réparé par aucun autre moyen. Sans celui-ci, on ne peut pas bien faire la vie contemplative et on ne saurait que mal faire la vie active; sans celui-ci, le repos n’est qu’oisiveté et le travail qu’embarrassement.” C’est là l’enseignement-clef des Pères du Désert -- ce pourquoi cette pratique est appelée ‘secret des Pères’ ... voir ‘Conférences’ de St.Jean Cassien, entretien avec l’abbé Isaac : “Que le sommeil vous ferme les yeux sur cette invocation jaculatoire, tant qu’à force de la redire, vous preniez l’habitude de la répéter même en dormant.” -- que l’on retrouve dans les ‘Récits du pélerin russe’, dans la Philocalie, dans la ‘prière de Jésus’ par un moine de l’Eglise d’Orient, et beaucoup d’autres écrits.
C’est l’enseignement de l’Evangile:
Mt.6.6 : “Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée (au plus intime de ton âme), verrouille la porte (les sens, qui sont portes ouvertes aux bruits du monde ... exigence de silence intérieur et extérieur) et adresse ta prière à ton Père, qui est là dans le secret (Jn.14.23 : le Père et le Fils et le Saint Esprit sont cachés au coeur de notre âme); et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra (recevra, accueillera ta prière si pauvre, si simple, qu’elle ne s’opposera jamais à Sa Volonté).” Cette pratique de la prière intérieure, courte, répétée, évite l’écueil des ‘discours’, des ‘multiples demandes’, que nous pourrions faire à Dieu (cf.Mt.6.7-13); cette pratique doit s’allier, bien évidemment, à une juste pratique des exigences du Décalogue! (cf.Mt.7.21).
CEC 2668: “L’invocation du saint nom de Jésus est le chemin le plus simple de la prière continuelle. Souvent répétée par un coeur humblement attentif, elle ne se disperse pas dans un ‘flot de paroles’(Mt.6.7), mais ‘garde la Parole et produit du fruit par la constance’. Elle est possible ‘en tout temps’, car elle n’est pas une occupation à côté d’une autre, mais l’unique occupation, celle d’aimer Dieu, qui anime et transfigure toute action dans le Christ Jésus.”
CEC 2667 : “ Cette invocation de foi toute simple a été développée dans la tradition de la prière sous maintes formes en Orient et en Occident. La formulation la plus habituelle, transmise par les spirituels du Sinaï, de Syrie et de l’Athos est l’invocation : ‘Jésus-Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie pitié de nous, pécheurs! ‘.”
Cette pratique d’ascèse intellectuelle
(humilité et appauvrissement de l’intellect ... qui aime à faire des discours variés) par volonté libre (toute abandonnée à la Volonté divine) est un puissant levier pour introduire l’âme-esprit dans l’intimité de la Vie divine trinitaire ... “Oratio pusilli penetrabit nubes”(Si.35.17): la prière courte, pulsante, ‘rythmée’ pénétre les Cieux!
Thérèse de Jésus nous dit: “
Dieu nous donne nos facultés spirituelles pour que nous nous en servions (théologalement) et chacune d’elles aura sa récompense; il ne faut donc pas chercher à les tenir dans une sorte d’enchantement (les mettre en repos-sommeil par nous-même), mais les laisser accomplir leur office (la prière persévérante), jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de les appeler à un état plus élevé (l’oraison d’union, le sommeil spirituel).”( Demeures, IV.3). Et Thérèse de Jésus de nous encourager: “Tâchons de nous éclairer - le savoir et la doctrine sont en tout d’un grand secours - afin de ne pas rendre notre âme responsable de ce qui ne vient que de la faiblesse de l’imagination - laissons aller ce traquet de moulin et occupons-nous de moudre notre farine en faisant agir notre volonté et notre intelligence - ou de l’infirmité de la nature ou des ruses du démon - ne nous troublons pas et n’abandonnons pas notre entreprise comme le voudrait le démon - .”(id.). C’est que : “Tout l’enfer se ligue pour séduire, dérouter, une âme qui se livre à l’oraison (la prière continue), car l’Adversaire et ses suppôts savent qu’une telle âme leur cause beaucoup plus de torts que ‘ des centaines d’âmes médiocres’.”(id.) Jean de la Croix confirme : “Le moindre tort fait à une âme d’oraison importe beaucoup plus au démon que des dommages bien plus considérables causés à beaucoup d’autres.”(V.F.3)

CEC 2713: “L’oraison est l’expression la plus simple du mystère de la prière. L’oraison est un don, une grâce; elle ne peut être accueillie que dans l’humilité et la pauvreté. L’oraison est une relation d’alliance établie par Dieu au fond de notre être. L’oraison est communion: la Trinité Sainte y conforme l’homme, Image de Dieu, ‘ à Sa ressemblance’.”
En
l’oraison (dite vocale, si les paroles de la prière sont prononcées extérieurement; dite mentale si les paroles ne sont prononcées qu’intérieurement), l’âme-esprit est, de plus en plus profondément livrée, à l’opération du Saint Esprit en elle. Les facultés spirituelles sont (peu à peu) fixées en Dieu : oraison de quiètude où la volonté est fixée en Dieu (mais: l’imagination interfère plus ou moins et la durée se fait sentir), oraison de contemplation infuse (volonté et intelligence fixées en Dieu ... l’imagination n’a plus de part, mais la durée se fait sentir), oraison d’union (les trois facultés spirituelles sont fixées en Dieu). Les grâces d’oraison d’union , typiques des cinquièmes demeures thérésiennes (et des Demeures VI et VII) , plongent l’âme-esprit , pour une durée variable (d’une quinzaine de minutes à une heure et plus), dans un véritable sommeil spirituel (extase dans la ténébre, grand oubli). Le Saint Esprit opère, suaviter et fortiter, à l’intime de l’âme-esprit, mise en sommeil spirituel (à l’extrême opposé du faux quiètisme, où ce sommeil est atteint par soi-même); l’esprit de l’Orant reçoit des lumières confuses et générales, subit des purifications (sous anesthésie!) et est enté -greffé de plus en plus profondément en le Mystère de la Très Sainte Trinité.
Thérèse de Jésus affirme : ” On est absolument mort au monde pour vivre davantage en Dieu. C’est là une mort délicieuse. Une mort, parce que l’âme y est soustraite à toutes les opérations qu’elle peut produire, tandis qu’elle est unie au corps; délicieuse, parce que si l’âme paraît réellement se séparer du corps, c’est pour mieux vivre en Dieu (...) elle est plus unie à Dieu qu’à son propre corps!” (Demeures V.1). Cette affirmation se comprend mieux si l’on se rappelle que “L’âme vit bien plus en l’objet de son amour que dans le corps qu’elle anime, car elle ne tire pas sa vie du corps; elle donne vie au corps, et, elle-même vit par l’amour en l’objet qu’elle aime.”(Jean de la Croix,C.S.8). A Catherine de Gênes (1447-1510), Jésus dit : “O âme bien-aimée, sais-tu qui trouve mon Amour ? C’est celui qui a le coeur pur et net de tout autre amour. Quand il l’a trouvé, il se tient content et satisfait quoiqu’il ne sache ni comment J’opère, ni où il en est, puisque l’Amour opère dans le secret, subtilement, sans rien qui apparaisse à l’extèrieur. Un tel homme demeure continuellement envahi sans envahissement; il reste lié et il ne sait pas Qui le tient (,,,) L’âme ne peut se servir d’aucune faculté spirituelle; elle paraît être une chose sans discernement, muette et aveugle. Le Divin Amour a vaincu et lié tous les sentiments de l’âme et du corps.”(Dialogues).

St.Antoine (patron des ermites, IVème siècle) nous dit : “La prière d’un religieux n’est point parfaite, lorsqu’en la faisant, il connaît et il s’aperçoit, lui-même, qu’il prie.” (Beaucoup d’âmes priantes tirent une vaine gloire de leur temps de prière et de leurs multiples dévotions ...).
Thérèse de Jésus de dire à ses soeurs : “ Il n’y a qu’un chemin, c’est l’oraison. Si on vous en indique un autre, on vous trompe!” Marthe Robin de dire : “ Ma vie vaudra ce que vaudra mon oraison!”.

Le ‘secret des Pères du désert’ est la voie royale de l’Ascension mystique: un chemin aisé (praticable par les plus pauvres-ignorants), court (qui élève rapidement l’âme vers l’Union divine), parfait (car l’âme ne peut ‘se glorifier’ que de son humilité et non de son acquis), assuré (car, l’Adversaire ne peut s’y entremettre : “Oh! l’heureux état que celui où ce maudit ne peut nous nuire!”(Thérèse de Jésus, Demeures.V.1) ). Ce chemin est un chemin parmi d’autres ... puisqu’il demeure un moyen ... même s’il représente la voie royale !

En et par cette vie d’oraison, l’âme-esprit vit en profondeur l’Amour de Dieu et l’amour-charité envers toutes les âmes sorties de la Main de Dieu; elle est élevée à la Contemplation mystique, infuse. Cette Contemplation ne l’enferme aucunement sur elle-même; les oeuvres de Miséricorde s’ouvrent devant elle (selon la grâce particulière de chaque âme): consoler (ne pas laisser seul), adorer et prier (pour ceux qui ne prient plus et n’adorent plus), pardonner, enseigner-éduquer, nourrir-vêtir-soigner les corps, ... . L’âme vit cette exigence divine: “Montrez-vous miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.” (Lc.6.36)
Marthe et Marie (Lc.6.38-42 ) ne s’opposent pas ! Elles sont complémentaires: “ Croyez-moi, Marthe et Marie doivent aller ensemble pour donner l’hospitalité à Notre Seigneur, l’avoir toujours en leur compagnie
(‘Marie’ ... contemplation, adoration aimante), et ne pas Lui réserver un mauvais accueil, en ne Lui donnant point à manger (‘Marthe’ ... les oeuvres de miséricorde).” (Ste.Thérèse de Jésus, Demeures VII.4). Sans oublier que ‘ Marie a choisi la meilleure part; elle ne lui sera pas enlevée’. Tout notre ‘agir de croyant’ doit être enveloppé par la Contemplation!

CEC 2679: “MARIE EST L’ORANTE PARFAITE, figure de l’Eglise. Quand nous La prions, nous adhérons avec Elle au dessein du Père, qui envoie Son Fils pour sauver tous les hommes. Comme le disciple bien-aimé, nous accueillons chez nous la Mère de Jésus, devenue la Mère de tous les vivants. Nous pouvons prier avec Elle et La prier. La prière de l’Eglise est comme portée par la prière de Marie. Elle lui est unie dams l’espérance.”
Le ‘secret’ de Marie : La Dévotion (exercice de la vertu de religion) mariale (qui ‘regarde’ Marie) est un chemin aisé (même si les croix sont présentes ... ‘confiture des croix’), court (on ne s’y égare pas, on chemine avec joie et facilité), parfait (c’est le chemin que Jésus a pris pour venir jusqu’à nous), assuré (Jésus Lui-même nous l’a indiqué: Jn.19.27). (cf.Grignon de Montfort, Traité de la vraie dévotion . . . la ‘vraie’ dévotion doit être portée par la foi, la Vie théologale, nourrie de la Parole divine et de l’enseignement du Magistère!).

A Jésus par Marie dans l’Esprit d’amour du Père
Au Père par Jésus dans l’Esprit d’amour du Fils !

ANNEXE: Au terme de son ‘ascension mystique’, l’âme-esprit reçoit la grâce de l’Union transformante scellée par une vision intellectuelle de la Très Sainte Trinité (pouvant revêtir des modalités particulières différentes) ... ‘union’: sa volonté est ‘substantiellement’ unie à la Volonté divine ... “Les Trois Personnes Divines se montrent à l’âme par une vision intellectuelle ... à la lumière d’une flamme qui éclaire son esprit ... elle reçoit l’intelligence de Jn.14.23 ...”(Dem.VII.1). L’âme, fiançée, devient épouse et entre dans les VIIèmes Demeures.
L’âme-épouse est appelée à une fécondité apostolique
(fort diverses suivant l’élection divine); l’U.T. , ‘sommet’, est en fait un nouveau point de départ! Le Mariage spirituel (le FH en Son humanité glorifiée ‘s’unit’ à la personne-épouse) et la Vive Flamme (qui brûle délicieusement toute la personne ... suaviter et fortiter) sont des grâces typiques ‘post-U.T.


QUELQUES REFLEXIONS SUR LE “NOTRE PERE”

CEC 2763: “L’Oraison dominicale (c’est-à-dire ‘prière du Seigneur’) est la plus parfaite des prières (...) En elle non seulement nous demandons tout ce que nous pouvons désirer avec rectitude, mais encore selon l’ordre où il convient de le désirer. De sorte que cette prière non seulement nous enseigne à demander, mais elle forme aussi toute notre affectivité (citation de S.Thomas d’Aquin).”
Nous proposons ci-dessous la traduction de Mgr.Léonard (cf.Ed.de l’Emmanuel).

NOTRE PERE DU CIEL : “du ciel” manifeste la Transcendance de la Paternité de Dieu par rapport à toute paternité humaine ... le ‘qui es aux Cieux’ est moins adéquat, car cette expression introduit une idée de localisation.
“ Père”: Filiation divine pour Jésus, adoptive pour nous (cf. Jn.20.17... les deux filiations sont bien distinguées). CEC 2784: “Ce don gratuit de l’adoption exige de notre part une conversion continuelle et une vie nouvelle. Prier notre Père doit développer en nous deux dispositions fondamentales: le désir et la volonté de Lui ressembler. Créés à Son Image, c’est par grâce que la Ressemblance nous est rendue et nous avons à y répondre...”; CEC 2785: “Un coeur humble et confiant qui nous fait ‘retourner à l’état des enfants’(Mt.18.3); car c’est aux ‘tout-petits’ que le Père se révèle (Mt.11.25).... (1) Il nous communique la vie et l’exister en créant notre âme avec ses facultés par où nous sommes à Son Image-Ressemblance. (2) Il nous assure le nécessaire pour l’exercice de notre vie végétative (Mt.6.25-34), humaine et spirituelle (Jn.6.51;Mt.4.4;Jn.4.34). (3) Il nous éduque au travers des événements de notre vie, ce qui implique de notre part une attitude d’abandon-confiance ordonnée à notre épanouissement divin. (4) Il nous pardonne nos fautes-péchés, nos égarements, nos aveuglements (cf.Pierre, Mt.16.23; Jn.18.17 et ss; voir aussi: Marie de Lazare, Lc.7.38,47). (cf. la demande spécifique du ‘Notre Père’). (5) Il nous aime et nous rend participant de Son Amour, de Sa Lumière-Vérité, de Sa Vie et nous enveloppe de Sa Miséricorde (cf.Lc.15...la brebis perdue, l’enfant prodigue). (6) Il nous donne Son Verbe-Fils, Son Esprit de vérité et de sainteté, nous introduisant dans Son Circulus d’Amour trinitaire. (7) Il nous donne Marie l’Immaculée, ‘Complément de la Très Sainte Trinité’ (Père Max.Kolbe), pour Mère (Jn.19.26-27) et Mère de l’Eglise (Paul VI, 21.11.64).
“ Notre”: tout homme est fils, créature du même Père ... tout homme est notre frère ...exigence de justice et de charité ... CEC 2790: “... En priant ‘Notre Père’, chaque baptisé prie dans cette communion: ‘La multitude des croyants n’avait qu’un seul coeur et qu’une seule âme’.(Act.4.32).
QUE, SUR LA TERRE COMME AU CIEL : ceci se rapporte aux trois demandes qui suivent (et non à la seule volonté); “au Ciel”: choeur des anges et des saints.
TON NOM SOIT SANCTIFIE-GLORIFIE : le Nom - - manifeste le Mystère de Dieu-Trinité Sainte ... que ce Mystère soit connu, vécu, glorifié par toute créature... CEC 2858: “En demandant ‘Que Ton Nom soit sanctifié’ nous entrons dans le dessein de Dieu, la sanctification de Son Nom - révélé à Moïse, puis en Jésus - par nous et en nous, de même qu’en toute nation et en chaque homme.” (Cf.Jn.17.11).
TON REGNE ARRIVE-VIENNE : ce Règne est déjà proportionnellement venu ... nous attendons sa réalisation plénière... il se manifeste (en particulier) en notre intelligence éclairée par la lumière de la foi et en notre coeur-volonté gouvernée par la Charité-amour ...CEC 2859 :”Par la deuxième demande, l’Eglise a principalement en vue le Retour du Christ et la Venue finale du Règne de Dieu. Elle prie aussi pour la croissance du Royaume de Dieu dans l’aujourd’hui de nos vies.” (Ap.22.20).
TA VOLONTE SOIT FAITE : notre volonté humaine soumise -harmonisée, consciemment et librement, à la Volonté divine ... cf.Jn.8.31-32;Jn.18.37; ‘marcher dans la lumière’ (1 Jn.1.7); se garder des antichrists et du père du mensonge (Jn.8.44) ... être enfant de Dieu(1 Jn.3.1); témoin de l’Amour (1 Jn.4.8); garder les commandements (1 Jn.5.2) ... . CEC 2860:”Dans la troisième demande, nous prions Notre Père d’unir notre volonté à celle de Son Fils pour accomplir son dessein de salut dans la vie du monde.”...cf.Mc.14.36; Lc.22.42.
DONNE-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN EUCHARISTIQUE (‘epiousios’ - ‘supersubstantialem’ ... plus que substantiel, donc ‘divin’). CEC 2861: “Dans la quatrième demande, en disant ‘donne-nous’, nous exprimons, en communion avec nos frères, notre confiance filiale envers notre Père des cieux. ‘Notre pain’ désigne la nourriture terrestre nécessaire à notre subsistance à tous et signifie aussi le Pain de Vie:
Parole de Dieu et Corps du Christ.” Cf.Jn.6.51. ‘Mt.6.25-34’ manifeste clairement qu’il y a un ordre de sagesse dans dans les demandes que nous faisons à Dieu! ((‘Pain’ : toute Nourriture divine ! ))
PARDONNE-NOUS NOS OFFENSES, COMME NOUS PARDONNONS AUSSI A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSES : le péché défigure l’Image et la Ressemblance de Dieu qui est en nous ... soyons plus affligés de ‘peiner’ Dieu notre Père par nos péchés, que de ne pas être aussi parfait que nous le voudrions!
“Comme”: le refus du pardon à mon frère endurcit mon coeur et me rend moins capable de recevoir le pardon de Dieu (cf.Mt.6.14-15); mais, le pardon divin est souverainement gratuit, au-delà de toute mesure! CEC 2862: “La cinquième demande implore pour nos offenses la miséricorde de Dieu, laquelle ne peut pénétrer dans notre coeur que si nous avons su pardonner à nos ennemis, à l’exemple et avec l’aide du Christ.”
ET NE NOUS LAISSE PAS SUCCOMBER A LA TENTATION : “C’est Moi qui les permet, par amour et non par haine; pour que l’âme triomphe et non pour qu’elle soit vaincue; pour qu’elle parvienne à cette connaissance parfaite de Moi-même et d’elle-même; pour que sa vertu soit éprouvée, et elle ne peut l’être que par son contraire.”(Jésus à Catherine de Sienne). Les tentations sont au service de notre éducation profonde, divine ... une école de maturité spirituelle. Nous ne demandons pas à Dieu de supprimer toute tentation sur notre chemin - Dieu a permis que Jésus Lui-même soit tenté (Mt.4.1-11) - mais de ne pas succomber à la tentation! CEC 2848 : “ ... ‘Aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle; Il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. Avec la tentation, Il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter.’(1 Co.10.13)”
MAIS, DELIVRE-NOUS DU MAL (DU MALIN) : L’Adversaire veut faire de nous des esclaves du péché, du mensonge, de la haine. CEC 2851: “Dans cette demande, la mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le ‘diable’ est celui qui ‘se jette en travers’ du dessein de Dieu et de son Oeuvre de salut accomplie dans le Christ.” ... cf.Jn.17.15.
AMEN :
CEC 2865: “Par l’ Amen final nous exprimons notre ‘fiat’ concernant les sept demandes: ‘Qu’il en soit ainsi’.”