VIE SPIRITUELLE NATURELLE
CEC 1700 : “La dignité de la personne humaine s’enracine
dans sa création à l’Image et à la Ressemblance
de Dieu . . .”. Catéchèse
orthodoxe : “ L’Image
est donnée à l’homme, lors de la création
(elle est porteuse de la vie spirituelle naturelle).
Elle peut se ternir, se perdre pour un temps, mais elle n’est jamais anéantie.
Alors que la Ressemblance doit être acquise par les saints;
ceux-ci ont reçu le don de la grâce (source-fondement
de la vie spirituelle surnaturelle); ils ont
su le garder et le faire fructifier.” Ces deux niveaux de vie spirituelle, naturelle
et surnaturelle (naturelle fécondée par la grâce),
sont appelés à se développer en harmonie (
ils sont duels) et non en opposition . “L’oiseau
a besoin pour voler de ses deux ailes !”(Jean Cassien, cf.I.3).
La Philosophie humaine morale (fondée
sur une saine philosophie du vivant) développe cette dimension spirituelle de l’homme-Image
de Dieu.
VIE SPIRITUELLE SURNATURELLE ou THEOLOGALE : I
Grâce - Vie théologale - Dons - Béatitudes -
Fins Dernières
LA GRACE SANCTIFIANTE
De la Grâce divine : L’Image-de-Dieu en l’homme
n’est pas détruite par le péché originel;
elle n’est que défigurée, affaiblie, engluée
dans le sensible ... davantage atteinte du côté de la
volonté que du côté de l’intelligence (ce
qui est normal, puisque le péché originel touche premièrement
la fin). Cela est manifesté à l’évidence
en ce Troisième Millénaire naissant, puisque le progrès
scientifique-technique n’a pas son équivalent dans le
domaine de la vie humaine morale! St.Thomas d’Aquin confirme
:”La nature humaine est davantage corrompue par le péché sous
le rapport de l’appétit du bien que sous le rapport
de la connaissance du vrai.”(S.T.IIa.109.2).
Deux opinions extrêmes et contradictoires sont à rejeter
:
-L’Image-de-Dieu en l’homme est complètement défigurée,
corrompue ... l’homme est irresponsable, sans aucune sagesse
(comme l’animal)!
-L’Image-de-Dieu en l’homme n’est quasiment pas
défigurée ... l’homme peut obtenir et acquérir
les dons surnaturels et son propre salut par lui-même !
En conséquence : l’homme
peut et doit progresser en sagesse naturelle : ce qui implique une éducation morale,
l’écoute de la conscience, le désir de vérité.
L’homme ne peut mériter par lui-même les
Dons et Grâces surnaturels, mais il
peut et doit se disposer à les
recevoir, ce qui implique une attitude d’abandon , de confiance,
de désir.
St.Athanase d’Alexandrie (IVème siècle): “Ne
vous laissez pas effrayer, lorsque vous entendez parler de la vertu,
et ne vous faites pas de ce mot un épouvantail. Elle n’est
pas loin de nous; elle ne demeure pas en dehors de nous; il suffit
de vouloir ...l’âme a été créée
bonne et dans une parfaite droiture; elle se conforme à la
nature, lorsqu’elle demeure ce qu’elle est... gardons
notre âme au Seigneur, comme un dépôt reçu
de Lui, afin qu’Il reconnaisse Son oeuvre telle qu’Il
l’a créée.” (Vie
de St.Antoine, anachorète égyptien,
IVème s.)
St.Jean Damascène (VIIème siècle) :”La
conversion, c’est le retour de la nature, de ce qui lui est
contraire (le péché qui la défigure),
vers ce qui lui est propre (
une sagesse pratique naturelle et une disponibilité à la
grâce)” Nous sommes à l’opposé de
l’affirmation augustinienne ( reprise par Luther !) : “L’homme
ne peut rien sans la grâce de Dieu !”... Cette affirmation
qui a imprégné si fortement notre christianisme occidental
et a conduit aux marécages d’immoralité dont
notre monde souffre actuellement : ‘Laisser tout faire’,
découragement, tristesse et désespoir !
Sorti des mains de Dieu (l’âme immédiatement
créée par Dieu), l’homme porte en lui, au plus
profond de lui-même, un ‘label
divin’,
un ‘instinct
divin’; cet ‘instinct’, à la racine de tout
son épanouissement d’homme et d’Image de Dieu,
peut être plus ou moins étouffé . . . l’Image
de Dieu se ternit ... l’intelligence raisonnante, la volonté propre
sont exaltées. Au contraire, l’homme attentif à cet
instinct divin voit s’épanouir l’Image de Dieu
en lui; il est disposé et préparé à recevoir
la grâce sanctifiante; le fils-de-Dieu en ‘puissance’ devient
fils-de-Dieu en ‘acte’ par la grâce sanctifiante...
Attitude de disponibilité dite de ‘grâce’ prévenante.
Par la Grâce sanctifiante, l’Image
de Dieu devient fils-de-Dieu. Cette Naissance implique toute
une croissance ouverte à l’infini
et fort diverse d’un fils à l’autre (cf.
la diversité des
Chemins spirituels, des saints.)
La Grâce sanctifiante ne se situe ni au niveau de la nature-substance,
ni au niveau des opérations et des vertus; elle se situe au
niveau de l’être -métaphysique , comme une ‘bonne
terre nouvelle’ en laquelle s’enracinent toutes les vertus théologales,
les vertus infuses, et les Dons du Saint Esprit. Plus ‘substantielle’ que
notre propre nature-substance, elle est en nous quelque chose de
surajouté à notre Nature humaine, une ‘Qualité Unique’ dépassant
toute qualité naturelle.
Grâce sanctifiante
et charismes : “ L’ordre des
choses consiste en ceci que certaines d’entre elles font retour à Dieu
par l’intermédiaire d’autres réalités
. . . il y aura donc une double grâce:
l’une qui unira l’homme à Dieu; c’est la
grâce qui le Lui rend agréable (grâce
sanctifiante);
l’autre qui permettra à un homme de coopérer
au retour vers Dieu d’un autre homme: c’est la grâce
gratuitement donnée (grâce
charismatique).
On l’appelle
ainsi parce qu’elle dépasse les possibilités
de la nature et qu’elle est accordée en dehors de tout
mérite personnel. Et puisqu’elle est donnée à un
homme, non pas pour sa propre justification, mais pour sa coopération à la
justification d’un autre, on ne lui donne pas le nom de grâce
rendant agréable à Dieu. C’est de cela dont parle
St.Paul : ‘Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit
en vue du bien de tous.’(1 Co.12.7).” (St.Thomas
d’Aquin,
S.T. IIa. 111 .1).
St.Thomas d’Aquin : “ ... la fin est toujours préférable
aux moyens; or, la grâce qui rend agréable à Dieu
ordonne immédiatement l’homme à l’union
avec la fin ultime. Les grâces gratuitement données,
au contraire, ne sont pour l’homme que des préparations à atteindre
la fin ultime ... Voilà pourquoi la grâce sanctifiante
est bien supérieure à la grâce charismatique.”
La grâce sanctifiante est comme un secret d’amour entre
Dieu-Trine et l’âme. ‘Secret d’amour’,
fruit de la Présence de l’Esprit Saint en l’âme-esprit. ”La
grâce est d’abord et principalement le Don de l’Esprit
Lui-même.”(Théologie
orthodoxe).
En raison de sa dimension sociale, visible, toute grâce charismatique
peut exciter en l’âme un sentiment d’autosatisfaction,
de propriété, de vaine gloire ... fort préjudiciable à la
pauvreté d’esprit.
Avec St.Thomas (S.T. IIa,111.4) se fondant sur ‘1 Cor.12.8
et ss.’ nous pouvons donner une classification des charismes
:
* foi, sagesse, science sont des charismes relatifs à des
connaissances divines impliquant (respectivement) soit une certitude
parfaite des Principes, soit une certitude parfaite des Conclusions,
soit une connaissance pratique des exemples, des effets liés
aux divers cheminements.
* guérison, opérer des prodiges sont des charismes
confirmant et impliquant la Toute-Puissance divine.
* don des langues, interprétation des discours sont des charismes
liés à la transmission orale des mystères.
N.B. : St.Thomas d’Aquin enseigne : “ Tous les dons qui
sont relatifs à la connaissance peuvent être compris
sous le nom de prophétie. La Révélation prophétique,
en effet, s’étend non seulement aux événements
humains futurs (cf.Is.7.14), mais encore aux réalités
divines, tant aux vérités qui sont proposées à la
croyance de tous et qui sont du domaine de la foi, qu’aux plus
hauts mystères qui sont l’apanage des plus parfaits
et se rapportent à la sagesse. La Révélation
prophétique a aussi pour objet les substances spirituelles
par lesquelles nous sommes poussés au bien ou au mal: c’est
le don du discernement des esprits. La Révélation prophétique
s’étend encore à la direction des actes humains:
c’est ‘le don’ de science (il
met en lumière
des secrets cachés ... cf.Jn.4.16-19).” ( S.T. 2-2,
171 ).
VERTUS THEOLOGALES
Les Vertus théologales sont des habitus stables- permanents
(qui demandent à être exercés pour ne pas ‘s’étioler’),
infusés en nos âmes-esprits par la Bonté divine;
elles ont Dieu, Un et Trine, pour objet et nous disposent à vivre
en enfants de Dieu et en communion avec la Très Sainte Trinité.
Elles informent toutes les vertus morales infuses.
FOI - ESPERANCE - CHARITE
FOI : “ Croire est immédiatement un acte d’intelligence,
parce que l’objet de cet acte, c’est le vrai, lequel
appartient en propre à l’intelligence.”(St.Thomas
d’Aquin, S.T.IIae.4.2). La foi, croire,
consiste en un acte d’adhésion ferme de l’intelligence à la
Vérité révélée ...Vérité,
qui dépasse ce que l’intelligence peut atteindre par
sa lumière propre . . . telle vérité (Existence
d’un Etre Premier, Dieu, immortalité de l’âme),
qui relève formellement de la lumière naturelle de
l’intelligence, peut relever, de fait, de la foi.
L’intelligence est appelée à être servante
de la foi , ce qui implique qu’elle soit:
* pauvre, c’est-à-dire non propriétaire des vérités
de foi, car celles-ci dépassent toujours sa compréhension
:”Dieu est incompréhensible et surpasse notre entendement;
l’entendement s’achemine vers Lui, mais il ne peut L’atteindre.
Par conséquent, pour s’approcher de Dieu, il doit se
dégager de lui-même et de ses connaissances, et marcher
par la foi, en croyant sans comprendre. C’est par cette voie
que notre entendement arrive à la perfection, car la foi est
le seul moyen adéquat pour l’union à Dieu, et
l’âme atteint Dieu, non en comprenant, mais en ne comprenant
pas.”(St.Jean de la Croix, Vive Flamme, str.3).
* obéissante, c’est-à-dire disponible au Souffle
de l’Esprit en conformité à l’enseignement
du Magistère . . . ce qui implique qu’elle soit vraiment
elle-même, c’est-à-dire formée en sagesse
naturelle : “Je désire rappeler avec force que l’étude
de la Philosophie revêt un caractère fondamental et
qu’on ne peut l’éliminer de la structure des études
théologiques et de la formation des candidats au Sacerdoce.(Jean-Paul
II, Fides et Ratio.62).
* fidèle, c’est-à-dire gardienne des vérités
reçues, pénétrée de la Tradition s’exprimant,
tout particulièrement, dans les écrits des Pères,
des Docteurs, des Saint(e)s.
“ Initium fidei est pia affectio” (Concile
d’Orange, VIème
siècle). C’est sous la motion de l’Esprit-Amour,
Esprit de Vérité et Sainteté , que l’intelligence
est fondamentalement disposée à croire. “Croire
appartient à l’intelligence en tant qu’elle est
portée par la volonté à donner son adhésion.”(St.Thomas
d’Aquin, S.T. IIae.2.2). L’amour est source de la foi,
et l’amour donne son achèvement à l’acte
de foi . . . l’amour seul demeure dans la Patrie céleste,
où nous verrons Dieu tel qu’Il est (1 Jn. 3.2).
La foi est -doit être- foi aimante, et, la charité est
-doit être- charité éclairée.
ESPERANCE : CEC 1843 : “Par l’espérance, nous
désirons et attendons de Dieu avec une ferme confiance la
Vie éternelle et les grâces pour la mériter.” L’espérance
consiste en un désir théologal-divin des biens surnaturels
nous rendant participant de la Vie intime de Dieu-Trinité;
désir d’accomplir la Volonté divine en toute
circonstance, désir de porter beaucoup de fruits pour le salut
des âmes et la Gloire de Dieu notre Père, désir
de Lumière-Vérité, de Vie-Sainteté, désir
d’Amour-Charité. Ces désirs ‘divins’,
mis en nos coeurs par l’Esprit Saint, impliquent un amour fort
et fervent des biens désirés , et, une authentique
pauvreté intérieure (nous
ne pouvons jamais les ‘posséder’). “Ami,
n’arrête jamais ton désir” (Père
Finet), celui que l’Esprit Saint met en ton coeur. Une âme
sans désir sain(t) est une âme ouverte au découragement,
au désespoir. L’espérance donne son dynamisme à notre
foi et à notre charité.
L’espérance regarde aussi le désir du Retour
du Christ en gloire: espérance
eschatologique;
et ceci dans une très grande pauvreté, puisque son ‘comment’,
son conditionnement, nous échappe!
CHARITE : St.Thomas d’Aquin : “Nous ne l’acquérons
point par nos propres forces; elle est diffusée en nous par
le Saint Esprit, amour du Père et du Fils, dont la participation
est la charité elle-même produite en nous.”(S.T.
IIae, 24.2). Cette participation est ouverte à l’infini
: “La charité augmentant, l’aptitude à augmenter
encore s’accroît d’autant plus.”(S.T.IIae.24.7).
La charité est à la vie du fils de Dieu en nous, ce
que l’amour d’amitié est à la vie de l’Image
de Dieu en nous. Elle donne à l’exercice de l’amour
un mode plus divin qu’humain; elle assume l’amour des
ennemis (Mt.5.44) et elle est ouverte à la participation au
mystère de la Croix (Mt.10.38)
. . . par où elle se
distingue nettement de l’amitié (d’ordre naturel).
La charité a pour fruits: le joie (cf.Jn.15.9-12);
la paix (cf.Jn.14,27);
la miséricorde (cf.Lc.6.36;
15.20,24),
L’exercice de la charité implique
un ordre de sagesse : (1) l’amour de Dieu-Trinité, amour qui est structuré par
l’adoration; (2) ‘s’aimer soi-même’ en
ce sens que l’on ne peut commettre le péché pour
sauver son prochain :”La lumière de la discrétion
(-discernement) qui, Je te l’ai dit, procède de la charité,
offre à son prochain une charité ordonnée: elle
en fait bénéficier son prochain sans se porter tort à elle-même.
Ne commettrait-elle qu’un seul péché pour sauver
le monde entier de l’enfer, ou pour accomplir un grand acte
de vertu, ce ne serait pas de la charité ordonnée avec
discrétion, ce serait plutôt un manque de discrétion,
parce qu’il n’est pas permis d’accomplir un acte
de vertu ou d’utilité envers son prochain en commettant
un péché.“(Jésus à Ste.Catherine
de Sienne, Docteur de l’Eglise, Dialogues,XI). (3) L’amour
du prochain: Lc.10.27 (“...comme toi-même”, c’est-à-dire
dans une grande pauvreté d’esprit) et
Jn.13.34 (avec
l’amour qui vient du Coeur de Jésus).
. .Jésus à Ste.Catherine
de Sienne: “Plus on M’aime, plus on l’aime; l’amour
pour lui procède de Moi-même... C’est dans l’amour
pour Moi que l’amour pour le prochain s’accomplit.” (4) notre
propre corps, car si on ne peut perdre son âme pour sauver
le prochain, ou peut (et doit) donner sa vie pour lui : “Le
bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis.” (Jn.10.11).
“
Montrez-vous miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.” (Lc.6.36)
DONS DU SAINT ESPRIT - BEATITUDES
Les vertus théologales, plus généralement toutes
les vertus infuses (le mode infus
des vertus cardinales et autres, telles que chasteté, obéissance, pauvreté) -c’est-à-dire
non acquises par nos propres forces- ont un mode d’exercice
dépassant l’ordre naturel. Les DONS du SAINT
ESPRIT,
qualités surnaturelles, infusées en nos âmes-esprits,
nous sont donnés pour nous permettre d’exercer ‘divinement-théologalement’ ces
vertus et de vivre des BEATITUDES.
CEC 1830 : La vie morale (
théologale, c’est-à-dire
du fils de Dieu en nous) des chrétiens est soutenue par les
dons du Saint Esprit. Ceux-ci sont des dispositions permanentes qui
rendent l’homme docile à suivre les impulsions de l’Esprit
Saint. (ils demeurent dans la Patrie).
CEC 1831 : Les sept dons du Saint Esprit
sont la sagesse, l’intelligence,
le conseil, la force, la science, la piété et la crainte
de Dieu. Ils appartiennent en leur plénitude au Christ, Fils
de David. Ils complètent et mènent à leur perfection
les vertus de ceux qui les reçoivent. Ils rendent les fidèles
dociles à obéir avec promptitude aux inspirations divines.
Il existe une certaine affinité entre tel don et telle béatitude,
voire entre tel don et telle demande du Notre Père : nous
les prenons dans l’ordre où ils nous sont donnés
: Mt.6.9-13; Is.11.2 ... la tradition
chrétienne y a joint
le don de piété :
* Notre Père Don de piété :”La
piété a
pour fonction propre de rendre à notre Père l’honneur
et le culte que nous Lui devons.” (S.T.IIae. 121.1). Amour
de Dieu-Trinité et amour du prochain qui en est le fruit authentique
... ‘Tu aimeras ton prochain’: c’est l’acte
de miséricorde qui enveloppe tous les autres actes de miséricorde
... Béatitude des miséricordieux: “Heureux
les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde.” (Mt.5.7).
* Que Ton Nom Don
de sagesse: En
nous intégrant dans le Circulus
d’Amour trinitaire
(que le Nom Divin nous dévoile),
ce don nous donne de vivre une vie contemplative, mystique, dont
le fruit principal est la paix
intérieure . . . Béatitude
des pacifiques (des
artisans de paix): “Heureux ceux qui font oeuvre de paix; ils seront
appelés fils de Dieu.” (Mt,5.9)
* Que Ton Règne Don d’intelligence: “Le don d’intelligence
est cette lumière surnaturelle dont l’homme a besoin
pour pénétrer au-delà de la connaissance naturelle,”(S.T.IIae.8.1)...
Il permet au Règne de Dieu de s’exercer en nos âmes-esprits
et purifie notre coeur des atteintes du ‘père du mensonge’ ...
Béatitude des coeurs purs: “Heureux les coeurs purs,
ils verront Dieu.” (Mt.5.8)
* Que Ta Volonté Don de conseil (sagesse
pratique): “Par
ce don, l’homme est dirigé pour ainsi dire par le conseil
qu’il reçoit de Dieu.” (S.T.IIae.52.1) ; “Ce
don concerne les actions à accomplir en vue de la fin.”(S.T.IIae.52.2)
...notre volonté s’exerce en harmonie à la Volonté divine
... Béatitude de la douceur : “Heureux les doux: ils
auront la Terre en partage.” (Mt.5.4); notre barque navigue
en douceur malgré les écueils et les tempêtes.
* ...notre Pain Don de force: la nourriture
naturelle et la nourriture divine (Eucharistie) sont sources de croissance
et de force; le don
de force nous permet de tenir et d’être fidèle
malgré les injustices et les persécutions de ce monde
...Béatitude de ceux qui ont
faim et soif de la justice: “Heureux
ceux qui ont faim et soif de la justice: ils seront rassasiés.” (Mt.5.6)
* Pardonne-nous Don de science : “ Le propre de la science
est de discerner ce qui doit être cru d’avec ce qui ne
doit pas être cru ... de juger comme il faut des créatures.” (S.T.IIae.9.4);
discerner les entrelacs du bien et du mal en nous et en ‘l’autre’;
rendre notre coeur compatissant et capable de pardonner (et
de recevoir le pardon divin) ... Béatitude
des larmes: “ Heureux
ceux qui pleurent, ils seront consolés.” (Mt.5.5)
* Ne nous laisse pas succomber Don de crainte:
crainte filiale, aimante, qui nous rend attentif à ne pas décevoir, blesser le
coeur de Celui qui nous aime . . . Cette crainte nous dispose à servir
Dieu, en tout premier, et à ne pas nous attacher (en
premier lieu) à des biens autres que Dieu, Souverain Bien . . . Béatitude
des pauvres en esprit : “Heureux les pauvres en esprit: le
Royaume des cieux est à eux.” (Mt.5.3)
A la suite de St.Augustin, St.Thomas d’Aquin associe la piété à la
douceur et le conseil à la miséricorde ... mais il
ajoute : “ la cinquième béatitude (citée
par St.Mathieu) correspond au don de piété mieux que
la seconde (à savoir la douceur),
(S.T. IIae, 121.2)
CEC 1725 : Les Béatitudes reprennent
et accomplissent les promesses de Dieu depuis Abraham en les ordonnant
au Royaume des
Cieux. Elles répondent au désir
de bonheur que
Dieu a placé dans le coeur de l’homme.
CEC 1726 : Les Béatitudes nous enseignent la fin
ultime à laquelle
Dieu nous appelle : le Royaume, la Vision de
Dieu (1 Jn.3.2), la Participation à la Nature divine (2 P.1.4), la Vie éternelle
(Jn.3.15), la filiation, le repos en Dieu.
CEC 1727 : La Béatitude de la vie éternelle est un
don gratuit de Dieu; elle est surnaturelle
comme la grâce qui
y conduit.
Notre Béatitude reçoit son achèvement lors de
la Résurrection de notre propre chair. C’est là le
Miracle ultime de la Toute-Puissance, de la Sagesse et de l’Amour
de Dieu.
Des caricatures des dons
et des béatitudes -les ‘anti-béatitudes’,
fruits des athéismes- ont vu le jour à l’instigation
du Père du mensonge : (a) défigurer l’homme-Image
de Dieu en niant toute connaissance métaphysique (exaltation
des connaissances scientifiques fondées sur le mesurable,
d’où le rejet de toute réalité non mesurable
... l’âme spirituelle, par exemple) et
en exaltant une pseudo-liberté, qui ne permet plus de distinguer le bien et
le mal (l’authentique liberté morale, volontaire, est
ordonnée au Bonheur véritable de l’homme ...
et l’homme sain(t) craint d’y manquer!);
ce sont là des
caricatures des dons de science et de crainte.
(b) L’homme
est ainsi réduit à n’être plus qu’un ‘animal’ psychologique-physiologique
et sociologique; il ‘s’autogouverne’ , ‘se
sauve’ par lui-même (en
mettant sous le boisseau sa dimension spirituelle ... psychanalyse
athée ... caricature
du don de sagesse); il cherche son bonheur dans
son bien-être, dans une
harmonie entre lui-même et son environnement vital (caricature
du don de conseil); il n’est que individu du tout-société ...
la personne est niée l’Etat gouverne les individus ...
exaltation du travail, de l’Economie (caricature
du don de piété et fausse miséricorde).
(c) Mais, la ‘révolte’ gronde
... l’homme veut se déifier en rejetant toute trace
du Créateur (caricature du don de force et de la Justice) ou
en s’exaltant comme un pur esprit (caricature
du don d’intelligence).
JE CROIS A LA RESURRECTION DE LA CHAIR ... A LA VIE ETERNELLE
CEC 997 : “ ... Dans la mort, séparation de l’âme
et du corps, le corps de l’homme tombe dans la corruption,
alors que son âme va à la rencontre de Dieu, tout en
demeurant en attente d’être réunie à son
corps glorifié. Dieu dans sa Toute-puissance rendra définitivement
la vie incorruptible à nos corps en les unissant à nos âmes,
par la vertu de la Résurrection de Jésus.”
Ce mystère de la résurrection de la chair, de nos corps,
est le grand Miracle de la ‘fin
des fins’;
il fait appel à la
Toute-puissance divine et évoque le mystère de la création;
il se présente comme une RE-création toute de beauté,
de lumière, de miséricorde gratuite (cf.Ap.ch.21).
Nos corps glorifiés jouiront des qualités d’impassibilité (ne
peuvent plus pâtir d’une action extérieure),
de clarté (corps de lumière-beauté),
d’agilité (ils
se ‘meuvent’ en totale docilité à la volonté) et
de subtilité (aucun obstacle
ne les arrête),
propres aux corps glorieux . . . cf. la Transfiguration de Jésus (Mt.17.1-8),
Ses apparitions (Jn.20 et 21; Lc.24)
et celles de Marie (la
Salette, Lourdes, Fatima,...).
CEC 1000: “... Ce ‘comment’ (de la résurrection
de la chair) dépasse notre imagination et notre entendement;
il n’est accessible que dans la foi. Mais notre participation à l’Eucharistie
nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration
de nos corps par le Christ.”
St.Irénée : “ De même que le pain qui vient
de la Terre, après avoir reçu l’invocation de
Dieu, n’est plus du pain ordinaire, mais Eucharistie, constituée
de deux choses, l’une terrestre et l’autre céleste,
de même nos corps qui participent à l’Eucharistie,
ne sont plus corruptibles, puisqu’ils ont l’espérance
de la résurrection.“(Adversus Haereses). St.Irénée
insiste beaucoup sur l’union-unité de l’âme-esprit
et du corps-chair : “ L’union de l’âme et
de la chair, recevant l’Esprit de Dieu, constitue l’homme
spirituel”, et aussi : “Voici quels sont les hommes que
l’Apôtre appelle spirituels : ceux qui sont spirituels
grâce à la participation à l’Esprit, et
non pas grâce à la privation et à l’élimination
de la chair.” (Adversus.Haereses).
L’Orient est très sensible à cette glorification
- transfiguration des corps, de nos corps (chacun retrouvera
son propre corps), en corps de lumière et de beauté. Transfiguration
parfaite et ultime, dont nous avons des signes chez certains mystiques
: “L’expérience de la transfiguration ou de la
vision de la lumière incréée est un élément
caractéristique des grands spirituels orthodoxes (St.Seraphim
de Sarov, par exemple).”
L’espérance de la résurrection de notre propre
chair est partie essentielle de notre foi chrétienne (cf.
1 Co.15.12-14).
DES FINS DERNIERES
Qu’en est-il de notre âme immortelle ?
CEC1022 : “ Chaque homme reçoit dans son âme immortelle
sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement
particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers
une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude
du Ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours.”
CEC 1030 : “ Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de
Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés
de leur salut éternel, souffrent après leur mort une
purification -- en un ‘lieu’ appelé purgatoire (
cette doctrine du purgatoire a été développée
aux Conciles de Florence et de Trente au XVème et XVIème
siècle) -- afin d’obtenir la sainteté nécessaire
pour entrer dans la joie du Ciel.
Le Purgatoire a été créé par l’Amour
miséricordieux, comme le chef d’oeuvre de la Justice
et de la Miséricorde divine. L’Infinie Justice divine
bafouée par les péchés de l’homme, créature
et pécheur, doit être ‘satisfaite’ par les
peines subies en Purgatoire ... Peine du dam (l’âme ayant
entrevu à sa mort la Bonté Infinie de Son Créateur
et Père en est séparée pour un temps, celui
de son séjour en Purgatoire) et peine
du feu (l’âme
subit dans sa ‘chair’, dans son intime, toutes les souffrances
purificatrices consécutives à ses péchés)...
Ces souffrances subies en Purgatoire ne ‘profitent’ qu’au
bien de l’âme; alors que les souffrances acceptées
et portées, offertes, sur Terre, ont aussi une valeur rédemptrice
pour le salut des âmes ... Ainsi
Jésus-Dieu et Marie,
Immaculée et infiniment pure, ont vécus des souffrances
exclusivement rédemptrices (
et non purificatrices pour eux-mêmes).
L’âme en Purgatoire vit une vie théologale de
foi (elle n’est pas encore
dans la Vision béatifique),
d’espérance (dans l’attente
de son entrée
au Ciel) et de charité toute pure
et parfaite (car sa volonté est
pur écho de la Volonté divine).
L’exercice de
ses vertus théologales est soumis aux purifications nécessaires,
préalables à l’entrée dans la Contemplation
trinitaire; elle vit , proportionnellement, les ‘nuits juaniques’,
expérimentées et décrites par St.Jean de la
Croix (docteur mystique). En Purgatoire,
l âme n’acquiert
aucun mérite (pour les autres) !
Dans son Traité du Purgatoire, Ste.Catherine
de Gênes nous
dit : “ Je ne crois pas qu’il puisse se trouver
un contentement (une joie) comparable à celui d’une âme
au purgatoire ( en raison de la
parfaite conformité de la
volonté de l’âme à la Volonté divine,
d’où une très grande paix et joie intérieures), à l’exception
de celui des saints en Paradis.” --- mais aussi : “ La
peine qu’elles subissent est si extrême qu’il n’est
aucune langue qui puisse l’exprimer, ni aucune intelligence
qui puisse en saisir la moindre étincelle, si Dieu ne la lui
découvre par une grâce toute spéciale.” ---
Comme en tout amour d’En-Haut (et aussi de ce monde),
joie-et-douleur sont unis pour permettre la purification et la croissance
de cet
amour... son épanouissement plénier. Mais, en Purgatoire,
l’âme ne connaît ni haine ni désespoir (haine
et désespoir sont les ‘maîtres’ des âmes
en enfer).
De l’enfer (au
sens strict ... notion qui n’apparaît
qu’au Vème siècle): “En Orient, Clément,
Origène, Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse,
gardent une certitude de foi cachée, que la grâce aura
pitié de tous. Cette espérance grecque vit en Russie,
sous une forme plus enracinée encore: elle y est fondée
sur la conscience de la solidarité entre tous les hommes.
Ce n’est pas là pour les Russes un élément
du christianisme, c’en est le centre et le coeur.”(Card.Urs
von Balthasar). Réflexion du Père Lochet (Foyer
de charité) : “ La victoire du Christ sur la mort physique
est le signe efficace de Sa Victoire sur la mort spirituelle. L’essentiel
est là. En nous libérant de la mort, le Christ nous
délivre du péché. Ressuscité, victorieux
de la mort, Il renverse la pierre scellée du tombeau et du
même élan, Maître de l’impossible,
Il brise les verrous de l’Enfer. (cf.Rm.5.18; 11.32; 1 Co.15 21-22;
Ph.2.9-11).” (in ‘Jésus descendu aux enfers’).
Ste.Catherine de Gênes nous dit : “L’âme
a été créée par Dieu et pour Dieu, ordonnée
vers Dieu; elle ne peut trouver de repos qu’en Dieu. Les damnés
en enfer sont en Dieu par Sa Justice; s’ils étaient
dehors leur enfer serait bien pire, parce qu’ils seraient en
opposition avec l’ordre divin.”(Traité du
Purgatoire).
Jean-Paul II : “La possibilité de la damnation éternelle
est affirmée dans l’Evangile sans qu’aucune ambiguité soit
permise. Mais, dans quelle mesure cela
s’accomplit-il réellement
dans l’Au-delà ? C’est finalement un grand mystère. Il
n’autorise cependant pas à oublier que Dieu ‘veut
que tous les hommes soient sauvés’ (1 Th.2.4)
....” (Entrez
dans l’espérance, p.123; voir aussi Mt.26.24).
Les cas différents d’Adam
et de Judas :
Judas s’est voué volontairement au démon (cf.Jn.6.70;
Judas est de la famille, de la race de l’Adversaire et ne peut
plus être réintroduit dans la Maison du Père
comme enfant-fils du Père).
Catherine de Sienne : “Voilà le péché impardonnable
dans ce monde et dans l’autre. C’est celui de l’homme
qui, en méprisant Ma Miséricorde , n’a pas voulu être
pardonné; il a jugé son péché plus grand
que Ma Miséricorde. C’est pourquoi, je le tiens pour
le plus grave et c’est pourquoi le désespoir de Judas
m’attrista plus Moi-même (c’est le Père
qui s’adresse à Catherine) et fût plus pénible à Mon
Fils que sa trahison.”(Dialogues,ch.37).
La Miséricorde divine est sans limite ... mais , faut-il encore
avoir ‘l’humilité’ de l’accepter ...le
refus de Judas ne lui permet plus d’être enfant-fils
de Dieu ... mais (peut-être) d’être simplement ‘serviteur’ dans
la Maison du Père!
St.Irénée : “Puisque le Seigneur est venu à la
brebis perdue, puisqu’Il a fait la Récapitulation d’une
si grande Economie Divine et qu’Il est venu rechercher l’oeuvre
mdelée par Lui, Il a dû sauver cet homme-là même
qu’Il fit jadis à Son Image et à Sa Ressemblance,
je veux dire ADAM, après l’accomplissement du temps
de sa condamnation motivée par sa désobéissance.”(Adversus
Haereses).
Au Ciel, les amis et enfants
bien-aimés de Dieu-Trinité et
les serviteurs de Dieu seront réunis !
VIE SPIRITUELLE SURNATURELLE : II
Loi naturelle - Décalogue
- Conseils - Sainteté
CONSCIENCE (MORALE) - LOI NATURELLE
Jean-Paul II s’adressant aux jeunes à Denver : “ Ce
n’est qu’en écoutant la voix de Dieu au plus profond
de vous-mêmes ( notre âme-esprit créée
par Dieu porte en elle-même un ‘label’ divin, un
instinct divin, qui l’oriente vers le bien -’à l’obscur’-
, qu’on appelle la conscience et qui s’exprime dans un
jugement de valeur) , et en agissant en conformité à ses
directives, que vous parviendrez à cette liberté à laquelle
vous aspirez. Comme l’a dit Jésus, seule la vérité vous
rendra libres (cf.Jn.8.32). . . La
vérité morale est
objective, et une conscience formée de manière adéquate
peut la percevoir. Mais si la conscience a été corrompue,
comment peut-elle guérir ? ... Une renaissance de la conscience
doit venir de deux sources: tout d’abord, l’effort pour
connaître avec certitude la vérité objective,
y compris la vérité sur Dieu, et , en second lieu,
la lumière de la foi en Jésus-Christ qui, seul, a les
paroles de vie.” (J.M.J. août
1993).
Jean-Paul II : “Aucune autorité humaine n’a le
droit d’intervenir dans la conscience de quiconque. La
conscience est le témoin de la transcendance de la personne,
même
en face de la société, et, comme telle, elle est inviolable
. . . Tous doivent respecter la conscience de chacun et ne pas essayer
d’imposer à quiconque sa propre vérité,
restant sauf le droit de la professer sans pour autant mépriser
celui qui pense autrement. La vérité ne s’impose
que par elle-même . . . Tout individu
a le grave devoir de se former la conscience à la lumière de la vérité objective
. . . la vérité doit être poursuivie passionnément
. . . Il faut reconnaître et garantir le droit inaliénable
de suivre sa conscience ainsi que de professer et pratiquer sa foi,
seul ou en communauté, toujours à condition que les
exigences de l’ordre public ne soient pas violées .
. . La liberté de conscience correctement conçue est
par nature toujours ordonnée à la vérité .
. . La caractéristique de celui qui est dans la vérité est
d’aimer humblement . . .”. (01.01.1991,
message pour la journée mondiale de la Paix.)
Paul Evdokimov : “Un père spirituel n’est jamais
un ‘directeur de conscience’. Il n’engendre jamais ‘son’ enfant
spirituel; il engendre un enfant de Dieu, adulte et libre.
Le disciple reçoit le charisme de l’attention spirituelle; le père
reçoit le charisme d’être organe du Saint Esprit.
Ici, toute obéissance est obéissance à la volonté du
Père céleste, en participant aux actes du Christ obéissant.”
CEC 1955 : . . . La Loi
naturelle n’est rien d’autre
que la lumière de l’intelligence mise en nous par Dieu;
par elle, nous connaissons ce qu’il faut faire et ce qu’il
faut éviter. Cette lumière ou cette loi, Dieu l’a
donnée à la création (St.Thomas
d’Aquin).
CEC 2070 : . . . Dès le commencement, Dieu avait enraciné dans
le coeur des hommes les préceptes de la Loi naturelle. Il
se contenta d’abord de les leur rappeler. Ce fut le Décalogue.(St.Irénée).
CEC 2071 :
Bien qu’accessibles à la seule raison, les
préceptes du Décalogue ont été révélés.
Pour atteindre une connaissance complète et certaine des exigences
de la Loi naturelle, l’humanité pécheresse avait
besoin de cette Révélation; une explication plénière
des commandements du Décalogue fut
rendue nécessaire
dans l’état de péché à cause de
l’obscurcissement de la lumière de la raison et de la
déviation de la volonté. (St.Bonaventure)
MARCHER DANS LA LUMIERE - AGIR EN VERITE - PRATIQUER LA JUSTICE :
La Première Epître de St.Jean est un véritable
traité de spiritualité, le ‘premier’ (peut-être
même en qualité); elle nous aide à vivre notre
vocation chrétienne dans l’exercice du double commandement
de l’Amour de Dieu et du prochain (1 Jn.4.7-16),
et dans la pratique des commandements du Décalogue (Ex.20.1-17;
Dt.5.6-21).
Au jour de la création d’Adam et Eve, Dieu leur a donné un
commandement unique : “...de l’arbre de la connaissance
du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ...” (Gn.2.17).
Dans l’Ancienne Alliance, Dieu a donné à Son
Peuple, par l’intermédiaire de Moïse, les dix commandements-paroles,
le Décalogue. Dans la Nouvelle
Alliance, qui achève
l’Ancienne en lui donnant sa perfection ultime selon la fin,
Jésus donne et rappelle le plus grand commandement : “Jésus
lui déclara: ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout
ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force (cf.Dt.5.6).
C’est là le grand, le premier commandement. Un second
lui est semblable: ‘Tu aimeras ton prochain comnme toi-même’ (cf.Lv.19.18).
De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes.”(Mt.22.37-39).
Ce commandement duel donne leur ‘âme’ aux dix commandements
du Décalogue. Nous suivons
l’ordre, qui est celui des
juifs - attesté par Philon et Josèphe - et des Pères
de l’Eglise jusqu’à St.Augustin.
LE DECALOGUE :
* “Tu n’auras pas d’autre(s) dieu(x) que Moi (devant
Moi, face à Moi)” (Ex.20.3;Dt.5.7). Dieu-Père, ‘Ipsum
esse subsistens’, ‘Bonum per essentiam’, Esprit
pur, Créateur tout-puissant, Lumière, Vie, Amour est
le seul et l’Unique Dieu. Le même S’est révélé Père-Fils-Esprit
Saint. Ecoutons la Voix-appel de Dieu à l’intime de
notre conscience et ne nous ‘fabriquons’ pas des faux
dieux. Rm.1.20 : “ Ce qu’Il a d’invisible depuis
la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers
Ses oeuvres, Son éternelle puissance et Sa divinité ...”.
* “Tu ne feras aucune image sculptée” (Ex.20.4;
Dt.5.8). CEC 2131 : “C’est en se fondant sur le Mystère
du Verbe incarné que le Concile
de Nicée II (en 787)
a justifié, contre les iconoclastes, le culte des icônes:
celles du Christ, de la Mère de Dieu, des anges et des saints.” Notons
que l’adoration n’est due qu’à Dieu seul;
le Verbe fait chair et Lui seul doit être adoré jusqu’en
Son Humanité Sainte (en raison du mystère de l’Union
hypostatique). (L’Adversaire
multiplie les idoles et les fausses adorations.) Jn.4.24 : “Dieu est Esprit et ceux qui adorent,
c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent
adorer”.
* “Tu ne prononceras pas (n’invoqueras pas) à tort
le Nom du Seigneur” (Ex.20.7; Dt.5.11). ‘A tort’,
c’est-à-dire sans amour! Ne pas se servir du Nom de
Dieu pour se glorifier...pour acquérir des pouvoirs, des savoirs
... pour se justifier ou condamner!
Ces trois commandements regardant
Dieu-Trine sont en affinité manifeste
avec le Père, le Fils-Verbe incarné et l’Esprit
Saint.
* “Souviens-toi du jour du
Sabbat pour le sanctifier” (Ex.20.8;Dt.5.12)
CEC 2190 :”Le sabbat qui représentait l’achèvement
de la première création est remplacé par le
dimanche qui rappelle la création nouvelle inaugurée à la
Résurrection du Christ.” Plus ‘en profondeur’,
ce commandement exige de l’âme-esprit qu’elle consacre
un septième de son activité journalière à la
Vie divine, à la rencontre dans le silence et la ‘solitude’ avec
Dieu-Trinité ... ‘trois heures’ de méditation-prière
par jour pour être divinement vivante! Que l’âme-esprit
ne se laisse arrêter ni par les aridités spirituelles
ni par les préoccupations trop accaparentes du créé,
des créatures.
* “Honore ton père et ta mère
...” (Ex.20.12;
Dt.5.16). L’amour de charité doit s’exercer en
premier lieu envers notre prochain le plus proche : père et
mère selon la chair et le sang ; mais ausssi : ‘père,
mère’ selon l’esprit, c’est-à-dire
envers ceux (parents, prêtres, ...) qui nous ont enfantés,
nourris divinement au cours de notre Histoire sainte. Comment aimer
en vérité Dieu notre Père, si nous ne reconnaissons
pas en eux les sources de notre naissance et renaissance ? CEC
2205 : “La famille chrétienne est une communion de personnes,
trace et image de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit
Saint. Son activité procréatrice et éducative
est le reflet de l’oeuvre créatrice du Père.
Elle est appelée à partager la prière et le
sacrifice du Christ. La prière quotidienne et la lecture de
la Parole de Dieu fortifient en elle la charité. La famille
chrétienne est évangélisatrice et missionnaire
...”.
* “Tu ne tueras pas” (Ex.20.13;
Dt.5.17). CEC 2319 : “Toute
vie humaine, dès le moment de la conception jusqu’à la
mort, est sacrée parce que la personne humaine a été voulue
pour elle-même à l’image et à la ressemblance
du Dieu vivant et saint.” CEC
2324 : “L’euthanasie
volontaire, quels qu’en soient les formes et les motifs, constitue
un meurtre... “. CEC 2278 : “La
cessation des procédures
médicales onéreuses, périlleuses, extraordinaires
ou disproportionnées avec les résultats attendus, peut être
légitime, C’est le refus de l’acharnement thérapeutique.
On ne veut pas ainsi donner la mort; on accepte de ne pas pouvoir
l’empêcher...”. CEC
2325 : “Le suicide est
gravement contraire à la justice, à l’espérance
et à la charité.” CEC
2283 : “On ne doit
pas désespérer du salut éternel des personnes
qui se sont donné la mort. ...”. Par ailleurs : haïr
son prochain, c’est le tuer en ‘notre’ coeur ...
la haine, qui est souvent le fruit de la jalousie, peut conduire à l’assassinat
(Caïn assassine Abel ,,, Jésus trahi et tué).
Veillons à ne pas laisser mûrir en nos coeurs des fruits
de jalousie et de haine!
* “Tu ne commettras pas d’adultère” (Ex.20.14;
Dt.5.18) CEC 2380 : “L’adultère. Ce mot désigne
l’infidélité conjugale ... Le Christ condamne
l’adultère même de simple désir (Mt.5.27-28)
...”. La Tradition de l’Eglise a entendu ce commandement
comme englobant l’ensemble de la sexualité humaine.(cf.CEC
2336) ; voir le ‘conseil’ de chasteté, p.III17.
* “Tu ne voleras pas” (Ex.20.15;
Dt.5.19) Ne pas prendre ce qui appartient à autrui, respecter les exigences d’une
saine justice, respecter les droits de l’autre, faire face
aux responsabilités qui nous sont confiées. CEC
2451 : “Ce commandement prescrit la pratique de la justice et de
la charité dans la gestion des biens terrestres et des fruits
du travail des hommes.” CEC 2452 : “Les biens de la création
sont destinés au genre humain tout entier. Le droit à la
propriété privée n’abolit pas la destination
universelle des biens.” CEC 2423 : “Tout système
suivant lequel les rapports sociaux seraient entièrement déterminés
par les facteurs économiques est contraire à la nature
de la personne humaine et de ses actes.” CEC 2424 : “Un
système qui sacrifie les droits fondamentaux des personnes
et des groupes à l’organisation collective de la production
est contraire à la dignité de l’homme ...”.
Aujourd’hui le primat de l’Economie tue la Civilisation
humaine ... et ceci à l’échelle de la Planète. Mt.6.25-34
: “ ... Ne vous inquiétez pas pour votre
vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le
vêtirez. (...) Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et
sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît.
...” Ne rien convoiter, désirer ; indifférence
(sainte) pour tout bien naturel, voire
surnaturel extraordinaire (c’est-à-dire impliquant la médiation
des sens).
* “Tu ne porteras pas de témoignage
mensonger contre ton prochain” (Ex.20.16; Dt.5.20)
CEC 2464 : “Ce commandement
interdit de travestir la vérité dans les relations
avec autrui.( ...)” Les faux témoignages attentent à la
réputation, à l’honneur du prochain; ils peuvent ‘tuer’ psychologiquement,
voire spirituellement. Veillons aux jugements téméraires.
* “Tu ne convoiteras rien de ce qui est à ton
prochain” (Ex.20.17;
Dt.5.21) CEC 2545 : “Tous les fidèles du Christ ont à régler
comme il faut leurs affections (désirs) pour que l’usage
des biens du monde et un attachement aux richesses (de tous ordres:
matérielles, spirituelles) contraire à l’esprit
de pauvreté évangélique ne les détourne
pas de poursuivre la perfection de la charité.” Ne pas
désirer-envier, non seulement les biens matériels,
naturels, sociaux, familiaux, mais aussi les biens spirituels -même
les grâces extraordinaires, charismatiques - appartenent au
prochain. L’envie représente le premier mouvement pouvant
conduire à l’adultère, au vol, au faux témoignage.
CEC 2547 : “L’abandon à la Providence du Père
du Ciel libère de l’inquiètude du lendemain.
La confiance en Dieu dispose à la béatitude des pauvres.”
Mt.5.3 : “Bienheureux les pauvres
en esprit”
Jean-Paul
II : “Les dix commandements (...) ont été écrits
dans le coeur de l’homme comme la loi morale universelle, valable
en tout temps et en tout lieu. Aujourd’hui comme toujours,
les dix Paroles de la loi fournissent les seules véritables
bases pour la vie des personnes, des sociétés et des
nations. Aujourd’hui comme toujours, elles constituent le seul
avenir pour la Famille humaine (,,,)” (Homélie au Mont
Sinaï, 26.02.00).
St.Thomas d’Aquin : “ La
loi humaine a pour but d’amener
les hommes à la vertu, non d’un seul coup, mais progressivement.
C’est pourquoi elle n’impose pas tout de suite à la
foule des gens imparfaits ce qui est l’apanage des hommes déjà parfaits:
s’abstenir de tout mal. Autrement les gens imparfaits, n’ayant
pas la force d’accomplir des préceptes de ce genre,
tomberaient en des maux plus graves, selon les Proverbes (30.33).
Et il est dit dans St.Matthieu (9.17) que ‘si le vin nouveau’, c’est-à-dire
les préceptes d’une vie parfaite, ‘est mis dans
de vielles outres’, c’est-à-dire en des hommes
imparfaits, ‘les outres se rompent et le vin se répand’,
c’est-à-dire que les préceptes tombent dans le
mépris, et par le mépris les hommes tombent en des
maux plus graves.” (S.T.IIa.2.2)
Sagesse et discernement-discrétion sont nécessaires
pour veiller sur la croissance de l’homme spirituel en nous. “Les
anciens moines ont été remarquablement sensibles à la
diversité des voies de Dieu, à la liberté de
l’Esprit qui souffle où Il veut, et, partant, à la
nécessité de respecter souverainement la personnalité spirituelle
d’autrui. Aussi, ont-ils mis au coeur de leur doctrine, la
vertu de discrétion (‘modératrice des vertus’ selon
la Règle du Carmel), c’est-à-dire ce tact surnaturel
qui sait discerner les exigences concrètes de la grâce
en chaque cas et proportionner les comportements extérieurs
aux possibilités naturelles et surnaturelles de chacun.”(Archimandrite
Placide Deseille, in l’Evangile au Désert).
Jean-Paul II : “ Selon la foi chrétienne et la doctrine
de l’Eglise, seule la liberté qui se soumet à la
vérité conduit la personne humaine à son vrai
bien. Le bien de la personne est d’être dans la Vérité et
de faire la Vérité. (...). Cf.Jn.8.32.
C’est
la vérité qui rend libre face au pouvoir et qui donne
la force du martyre. Il en est ainsi pour Jésus devant Pilate
: ‘ Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde
que pour rendre témoignage à la vérité (Jn.18.37)
. . . Un tel témoignage (...) contribue, non seulement dans
la société civile, mais aussi à l’intérieur
des communautés ecclésiales elles-mêmes, à éviter
que l’on sombre dans la crise la plus dangereuse qui puisse
affecter l’homme: la confusion du bien et du mal,
qui rend impossible d’établir et de maintenir l’ordre moral
des individus et des communautés.” (Enc. Veritatis
Splendor, 1993).
Lettre encyclique “Evangelium Vitae” de
Jean-Paul II (25.03.95 ; extraits):
L’homme est appelé à une plénitude de
vie qui va bien au-delà des dimensions de son existence sur
Terre, puisqu’elle est la participation à la vie même
de Dieu. (...) L’Evangile de l’Amour de Dieu pour l’homme,
l’Evangile de la dignité de la personne et l’Evangile
de la vie sont un Evangile unique et indivisible.
Faisant miennes les paroles du Concile Vatican II,
je déplore
ces maux encore une fois et avec la même force au nom de l’Eglise
tout entière, certain d’être l’interprête
du sentiment authentique de toute conscience droite : “ Tout
ce qui s’oppose à la vie elle-même, comme toute
espèce d’homicide, le génocide, l’avortement,
l’euthanasie et même le suicide délibéré;
tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de
la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou
morale, les tentations de contraintes psychiques; tout ce qui est
offense à la dignité de l’homme, comme les conditions
de vie infra-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations,
l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des
jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui
réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de
rapport, sans égard pour leur personnalité libre et
responsable: toutes ces pratiques et d’autres analogues sont,
en vérité, infâmes. Tandis qu’elles corrompent
la civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent
plus encore que ceux qui les subissent, et elles insultent gravement à l’honneur
du Créateur.”(Gaudium et Spes,27)
Le résultat auquel on parvient ((suite au grave effondrement
moral de notre ‘civilisation’)) est dramatique: s’il
est particulièrement grave et inquiétant de voir le
phénomène de l’élimination de tant de
vies humaines naissantes ou sur le chemin de leur déclin,
il n’est pas moins grave et inquiétant que la conscience
elle-même, comme obscurcie par d’aussi profonds conditionnements
(notre pseudo-liberté inconditionnelle,..., les médias,
y compris les responsables politiques nationaux et internationaux),
ait toujours plus de difficultés à percevoir
la distinction entre le bien et le mal sur les points qui concernent
la valeur fondamentale
de la vie humaine.(...) Le problème
se pose aussi sur les plans culturel, social
et politique, et c’est là qu’apparaît son
aspect le plus subversif et le plus troublant, en raison de la tendance,
toujours plus largement admise, à interprêter les crimes
en question contre la vie comme des expressions légitimes
de la liberté individuelle, que l’on devrait reconnaître
et défendre comme de véritables droits. (...) Ainsi,
la démocratie s’achemine vers un totalitarisme caractérisé (celui
d’une majorité aveuglée, sans conscience, ne
distinguant plus le bien et le mal ).(...) Revendiquer le droit à l’avortement, à l’infanticide, à l’euthanasie,
et le reconnaître légalement, cela revient à attribuer à la
liberté humaine un sens pervers et injuste, celui d’un
pouvoir absolu sur les autres et contre les autres. Mais, c’est
la mort de la vraie liberté! Cf.Jn.8.34.
(...) La conscience morale, individuelle et sociale, est aujourd’hui exposée,
ne serait-ce qu’à cause de l’influence envahissante
de nombreux moyens de communication sociale, à un danger très
grave et mortel, celui de la confusion entre le bien et le mal en
ce qui concerne justement le droit fondamental à la vie.
Avec l’autorité conférée par le Christ à Pierre
et à Ses successeurs, en communion avec tous les évêques
de l’Eglise catholique, je confirme que tuer directement et
volontairement un être humain innocent est toujours gravement
immoral. Cette doctrine, fondée sur la loi non écrite
que tout homme découvre dans son coeur à la lumière
de la raison (cf.Rm.2.14-15), est réaffirmée par la
Sainte Ecriture, transmise par la Tradition de l’Eglise et
enseignée par le Magistère ordinaire et universel (Lumen
Gentium,25). (...). L’avortement provoqué est le meurtre
délibéré et direct, quelle que soit la façon
dont il est effectué, d’un être humain dans la
phase initiale de son existence, située entre la conception
et la naissance.(...) L’être humain doit être respecté et
traité comme une personne dès sa conception,
et donc dès ce moment on doit lui reconnaître les droits de
la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de
tout être humain innocent à la vie. (...). A travers
son histoire déjà bimillénaire, cette même
doctrine a été constamment enseignée par les
Pères de l’Eglise et par les Pasteurs et les Docteurs.
Même les discussions de caractère scientifique et philosophique à propos
du moment précis de l’infusion de l’âme
spirituelle n’ont jamais comporté la moindre hésitation
quant à la condamnation morale de l’avortement. (...).
On doit affirmer que l’utilisation des embryons ou des foetus
humains comme objets d’expérimentation constitue un
crime contre leur dignité d’êtres humains, qui
ont droit à un respect égal à celui dû à l’enfant
déjà né et à toute personne. (...). En
réalité, tuer des créatures humaines innocentes,
même si c’est à l’avantage d’autres,
constitue un acte absolument inacceptable.
Ces distinctions étant faites (cf.65), en
conformité avec
le Magistère de mes Prédécesseurs, et en communion
avec les Evêques de l’Eglise catholique, je confirme
que l’Euthanasie ( une action ou
une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute
douleur) est une grave violation
de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré moralement inacceptable d’une
personne humaine. Cette doctrine est fondée sur la loi naturelle
et sur la Parole de Dieu écrite; elle est transmise par la
Tradition de l’Eglise et enseignée par le Magistère
ordinaire et universel. De fait, si l’on peut juger digne d’éloge
la personne qui accepte volontairement de souffrir en renonçant à des
interventions anti-douleur pour garder toute sa lucidité et,
si elle est croyante, pour participer de manière consciente à la
Passion du Seigneur, un tel comportement ‘héroïque’ ne
peut être considéré comme un devoir pour tous.
(...). A l’approche de la mort, les hommes doivent être
en mesure de pouvoir satisfaire à leurs obligations morales
et familiales, et ils doivent surtout pouvoir se préparer
en pleine conscience à leur rencontre définitive avec
Dieu.
Que l’on soit le maître du monde ou le dernier des ‘misérables’ sur
la face de la Terre, cela ne fait aucune différence: devant
les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux.
LES CONSEILS EVANGELIQUES : CHASTETE-OBEISSANCE-PAUVRETE :
Les conseils évangéliques sont à pratiquer,
proportionnellement, selon les conditions de vie, par toute âme
chrétienne! Ils ne sont pas l’apanage des religieux(ses)
au sens canonique; la consécration religieuse, canonique,
est dans la ligne de la grâce baptismale, et , ne relève
pas d’un sacrement particulier; c’est pourquoi tous
sont appelés à la sainteté! C’est une grande
grâce que Vatican II nous a rappelé ... comment espérer
un Peuple de chrétiens forts, fidèles, si ‘on’ leur
dit que les ‘sommets’ de la grâce ne sont pas pour
eux , mais seulement pour ceux qui sont au Monastère! Le Magistère
ecclésiastique a gravement négligé d’offrir
aux fidèles des saint(e)s dans le monde, y compris des saint(e)s
engagés dans le mariage ... Comment s’étonner
alors que le mariage soit en pleine décomposition (
même
dans les pays dits chrétiens), et, par
ailleurs, qu’il
y ait si peu de fidèles pratiquants, et, si peu de vocations
religieuses (cette ouverture à tous, bien sûr, ne s’oppose
pas aux vocations religieuses proprement dites).
Thérèse de Jésus : “Croyez-moi, la question
n’est pas de porter un habit religieux ou non, mais de s’exercer
dans la pratique des vertus, de soumettre notre volonté à Celle
de Dieu en tout, de régler notre vie sur ce que Sa Majesté réclame
de nous, et de ne pas vouloir que notre volonté s’accomplisse,
mais la Sienne.”(Dem.III.2) St.Josémaria
Escriva le
confirme :”Sanctifier le travail, se sanctifier dans le travail,
sanctifier les autres par le travail” ... l’accomplissement
de son ‘devoir d’état’ d’homme adulte
et de chrétien au jour le jour ... la
sainteté ‘incarnée’ dans
le quotidien (dont
le modèle archétype est la Sainte
Famille, St.Joseph ‘père’ et époux, Marie,
Mère ‘au foyer’ et épouse) ...
c’est
la grâce des chrétiens de l’Eglise primitive et
des chrétiens de l’Eglise de la Fin des temps !! G.de.Montfort
affirme : “ Jésus-Christ a plus donné de gloire à Dieu
son Père par la soumission qu’Il a eue à Sa Mère
pendant trente années, qu’il ne Lui en eût donné en
convertissant toute le Terre par l’opération des plus
grandes merveilles.”(V.D. 18) N.B. La
grâce sacerdotale,
liée au Sacrement de l’Ordre, est ‘originale-spécifique’;
si, le prêtre-sacerdote est strictement ‘mis à part’,
il demeure cependant lié aux exigences de la pratique des
Conseils et de sainteté propre à tous les chrétiens.
CHASTETÉ: La vertu de
chasteté, sous la mouvance de
la vertu cardinale de tempérance, épanouit la personne
dans un juste équilibre de l’affectivité sensible
et de l’affectivité volontaire-spirituelle naturelle,
et permet de goûter de véritables amitiés, qui
sont autant de rencontres d’âmes-esprits. Surélevée
par la grâce, elle s’approfondit et prend une dimension
plénière ... sans ‘tuer’ l’affectivité sensible
(faire d’un coeur de chair, un coeur de pierre ... à la ‘force
du poignet’!), mais en lui conférant un juste épanouissement
( pensons à Marie et Joseph).
Son mode infus fait de la vertu de chasteté une grâce charismatique particulière.
CEC 2348 : “ Tout baptisé est appelé à la
chasteté. Le chrétien a ‘revêtu le Christ’ (Ga.3.27),
modèle de toute chasteté. Tous les fidèles du
Christ sont appelés à mener une vie chaste selon
leur état
de vie particulier. Au moment de son Baptême, le chrétien
s’est engagé à conduire dans la chasteté son
affectivité.” CEC 2362 : “Les actes qui réalisent
l’union intime et chaste des époux sont des actes honnêtes
et dignes. (...)”
La séduction de la chair ramollit l’esprit et englue
l’âme. Ne pas se laisser prendre par les ‘premiers
mouvements’ qui éclosent en le Sens (connaissance
et appétits sensibles), mais pratiquer
les ‘mouvements
anagogiques’ qui élèvent l’âme au-dessus
du champ de bataille : “Chaque fois que l’Adversaire
attaque, je lui tourne le dos (ne
pas lutter contre) et
je dis à Dieu
que je L’aime.” (Thérèse
de l’Enfant
Jésus). Deux spiritualités
typiques ont marqués
l’Occident: pratique des ‘mouvements anagogiques (qui élèvent)’ ou ‘lutter
contre’ (exercices de St.Ignace
de Loyola) ...
spiritualités
carmélitaine (proche de l’Orient) et
ignatienne.
OBÉISSANCE: trois
modalités distinctes sont à exercer
en harmonie : (a) Obéissance à la
vérité;
tout particulièrement à la vérité qui
nous est révélée; Rm.1.5 : “(...) l’obéissance
de la foi (...)”; Rm.16.26 : “(...)
pour les amener à l’obéissance
de la foi.”. (b) Obéissance
de pure volonté:
agir-marcher en (dans) la vérité ( 1
P.1.22) ; à l’extrême:
cf. Lc.22.42 : “ Père,
si tu veux, éloigne de Moi cette coupe! Cependant que ce ne
soit pas ma volonté, mais la Tienne qui se fasse!”.
(c) Obéissance ‘civique’ (de
for externe), à ceux
qui ont autorité sur nous dans les divers milieux de vie (famille,
professionnel, religieux,...); cette forme d’obéissance
regarde un bien commun; ces exigences peuvent aller loin - 1
P 2.13 :”Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute
institution humaine (même aux païens
romains) ...” -
et n’ont d’autre limite que l’obéissance à la
vérité : cf. Act.5.29 : “Pierre répondit
alors, avec les Apôtres: “Il faut obéir à Dieu
plutôt qu’aux hommes.” Ces trois modalités
d’obéissance sont en affinité avec les vertus
théologales de foi, de charité et d’espérance.
PAUVRETÉ: CEC
2545 : “Tous les fidèles du Christ
ont à régler comme il faut leurs affections pour que
l’usage des choses du monde et un attachement aux richesses
contraire à l’esprit de pauvreté évangélique
ne les détourne pas de poursuivre la perfection de la charité.” Cette ‘esprit
de pauvreté - esprit d’abandon et de confiance dans
la Divine Providence du Père (cf.Mt.6.25 et ss)
- nous fait user de ce que le Père nous accorde sans aucun esprit d’appropriation,
non seulement pour les biens matériels, mais aussi pour les
biens spirituels (ce qui est plus difficile); il ne nous rend propriétaire
ni de nos mérites, ni de ‘nos’ dons naturels ou
surnaturels; il réalise un profond dépouillement intérieur
et met en nos coeurs une sainte indifférence envers
tout bien qui n’est pas Dieu. Le vrai pauvre use sans y être attaché des
biens créés qui lui sont accordés, et ne désire
rien au-delà du nécessaire, ce désir même
n’étant. jamais véhément, mais toujours
abandonné et confiant.
Une affinité manifeste existe entre ces Conseils - chasteté,
obéissance, pauvreté,- et les vertus théologales
de charité, de foi et d’espérance (resp.).
SAINTETE
“
Tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition
et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun
dans sa route (d’où la variété-diversité des
saints, fondée dans l’histoire sainte de chacun), à une
sainteté dont la perfection est Celle même du Père.” (Vat.II,
L.G.11). Cet appel retentissait déjà dans l’Ancienne
Alliance: “Vous serez donc saints, parce que Je suis saint.” (Lv.11.45).
La sainteté implique purification-séparation de tout
ce qui est “esprit du monde” (cf.Jn.17.14-16)
- d’où chez
le saint un exercice profond, vrai, des vertus théologales,
des vertus infuses et morales, des conseils - et insertion dans le
Circulus d’Amour trinitaire, d’où le rayonnement
de lumière-vie-amour et miséricorde chez celui qui
est saint. La sainteté ‘achève’ (donne
leur perfection ‘ultime’) aux conseils évangéliques
et est le fruit parfait de l’humilité . L’Humilité est
la vertu-fondement, portant toute notre vie divine, se situant dans
le prolongement de cet ‘instinct divin’ (‘label’ de
notre Père et Créateur),
qui est en tout homme. Thérèse de Jésus nous dit : “L’humilité consiste à marcher
selon la vérité.”(Dem.VI.10) et
: “L’humilité est
le fondement de tout cet édifice et le Seigneur n’élévera
jamais bien haut une âme profondément humble; cela dans
l’intérêt de cette âme, de peur que l’édifice
ne s’écroule entièrement.” (Dem.VII.4).
Marthe Robin: “Toute sainteté est (fondée) dans
l’humilité” - “Toute perfection est (achevée)
dans l’amour”.
Jean-Paul II : “...je n’hésite pas à dire
que la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement
pastoral est celle de la sainteté.” (Lettre
apostolique, Nouveau Millénaire).
“
Saint, Saint, Saint est
, Dieu de l’Univers.” (Is.6.3).
VIE SPIRITUELLE SURNATURELLE : III
Méditation - Prière
- Oraison - Contemplation
Gn.1.26 : “Faisons
l’homme à notre Image, selon
(à, comme) notre
Ressemblance, et qu’il domine ...”.
Catéchèse Orthodoxe: “L’Image est donnée à l’homme,
lors de la Création. (Elle
est porteuse de la vie spirituelle naturelle) (...).
Alors que la Ressemblance doit être ‘acquise’ par
les saints; ceux-ci ont reçu le don de la grâce (source-fondement
de la vie spirituelle surnaturelle);
ils ont su le garder et le faire fructifier.” (cf. Vie
spirituelle duelle). L’homme-Image
de Dieu oriente sa vie vers Dieu-Trinité Sainte; il se laisse
(plus ou moins, proportionnellement) saisir
par le “Mystère
divin”: la Ressemblance divine naît et se développe
(progressivement) en lui. Ses opérations vitales sensibles
et spirituelles sont ‘ébranlées’; il s’instruit
(Catéchèse, lecture méditée des Pères,
des Saints, et surtout de la Parole de Dieu),
s’éduque
(Décalogue, Vie sacramentelle) et
est appelé au recueillement
intérieur (temps de silence,
de solitude (seul avec Dieu), d’adoration aimante), à la prière (prière
du matin, du soir, le ‘Notre Père’, le ‘Réjouis-Toi
Marie’, le Rosaire, la Louange,..., l’Office divin) sans
pour cela négliger son ‘devoir d’état’ d’Image
de Dieu vivant dans le monde. Cette RE-naissance ne signifie pas
que l’Image de Dieu en le croyant doit être ‘étouffée’,
mise sous le boisseau (!); bien au contraire : le croyant dans le
monde, tout en n’étant pas du monde, devrait être
un ‘honnête homme’, juste, équilibré, éclairé,
responsable. “Je leur ai donné Ta Parole et le monde
les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme Moi
Je ne suis pas du monde. Je ne Te prie pas de les enlever (retirer) du
monde, mais de les garder du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme
Moi Je ne suis pas du monde.(Jn.17.14-16)”.
La MÉDITATION (en
un sens général, ouvert) est oeuvre
du croyant , de l’Image-Ressemblance de Dieu, qui
s’oriente dans un climat de prière, de recueillement,
vers son Dieu et Père; elle est un exercice spirituel, (impliquant
les divers degrés de vie, y compris connaissances et appétits
sensibles), qui prépare à la Contemplation. CEC
2708 : “La méditation met en oeuvre la pensée, l’imagination,
l’émotion et le désir. Cette mobilisation est
nécessaire pour approfondir les convictions de foi, susciter
la conversion du coeur et fortifier la volonté de suivre le
Christ. La prière chrétienne s’applique de préférence à méditer ‘les
mystères du Christ’, comme dans la ‘lectio divina’ ou
le Rosaire. Cette forme de réflexion priante est de grande
valeur, mais la prière chrétienne doit tendre plus
loin: à la connaissance d’amour du Seigneur Jésus, à l’union
avec Lui”. Toute méditation doit être ordonnée
- ‘porte ouverte’ - à la Contemplation. Deux
dangers se présentent : s’enfermer dans les oeuvres de méditation
(qui ne sont que des moyens... (utiles,
même nécessaires)
... qu’il s’agisse des connaissances et appétits
sensibles ou du ‘discursus intellectuel’ excessif ou
de la surabondance des dévotions) ou
s’affranchir trop
vite des oeuvres méditatives (imaginatives,
dévotionnelles,
discursives); un juste équilibre doit exister (variable
selon notre histoire sainte) ... nous sommes
des ‘esprits incarnés’!
Une saine et sainte méditation implique un
ordre: la part
de la vie proprement spirituelle (mémoire-intelligence et
volonté s’exercent) est première; la part de
la vie sensible (imagination, affectivité sensible) est
seconde. Le ‘poids’ de la vie sensible, du ‘sens’,
doit demeurer très mesuré pour ne pas faire obstacle à l’épanouissement
de la dimension proprement spirituelle de la méditation. En
conséquence ‘méditer’ implique de justes
et saines purifications du ‘sens’:
(a) Les appétits
sensibles, qui orientent, ‘piégent’, notre volonté vers
des biens sensibles (tel oratoire,
telle image-icône, telle ‘présence’,
etc.) doivent être rectifiés, purifiés: “ (...)
pour que l’âme arrive à s’unir à Dieu
par l’amour et la volonté, elle doit d’abord s’affranchir
de tout appétit volontaire, si minime soit-il (donc,
même
orienté vers un bien sensible)(...) Peu
importe qu’un
oiseau soit retenu par un fil mince ou épais: tant qu’il
ne l’aura pas brisé, il sera incapable de voler.”(Jean
de la Croix, M.C.I,11). (b)
Les connaissances sensibles imaginaires (acquises) “doivent être évacuées de l’âme
(...) pour que celle-ci puisse parvenir à l’union divine
(...). La raison en est que l’imagination est incapable de
rien construire ou inventer en dehors de ce qu’elle a expérimenté par
les sens externes (...).Et comme les choses créées
ne peuvent avoir aucune proportion avec l’Etre de Dieu, il
s’ensuit que tout ce qu’elle s’imaginera à leur
ressemblance ne peut servir de proche moyen à l’Union
avec Lui”(M.C.II.12).
Cette Nuit du Sens (selon
le langage de Jean de la Croix) exige persévérance,
non découragement devant les difficultés --”Jésus
lui dit: ‘Quiconque a mis la main à la charrue et regarde
en arrière est impropre au Royaume de Dieu’!”(Lc.9.62)--
et se vit en communion étroite avec le développement
de la dimension proprement spirituelle de la vie méditative.
La Vie méditative dans sa
dimension proprement spirituelle exige : (A)
la pratique des exigences de la Loi naturelle, du Décalogue,
de la prière et de la Vie sacramentelle (pour
le croyant qui se veut vivant) ... de
même qu’il existe une foi morte,
il existe un cheminement méditatif ‘mort’, qui ‘tourne
en rond’ ... ; cette éducation profonde, divine, déifie
notre âme (cf 2 P.1.4)
et épanouit en nous un vrai fils
de Dieu. (B)
de nourrir notre foi, d’éclairer notre
vie théologale : méditation priante-recueillie de la
Parole de Dieu, Catéchèse (en
notre civilisation hyperintellectualisée,
le croyant livré à tous les ‘médias’ ne
peut négliger cette formation de base au risque d’être
en état permanent de ‘survie’ ... la Divine Providence
y a pourvu en nous donnant le Catéchisme
de l’Eglise
Catholique) et
lectures d’écrits de saint(e)s, de docteurs
selon nos affinités et les circonstances. Deux écueils
sont à éviter : (1) Vouloir être au courant de ‘tout’,
soif de culture excessive; l’âme est toujours en recherche
d’un ‘acquis’. (2) Devenir ‘propriétaire’ de
nos connaissances spirituelles (même
fondées, légitimes)....se
rappeler que: “Nul ne
peut rien s’attribuer qui ne lui
soit donné du Ciel” (Jn.3.27).
Dans les deux cas, on se trouve en présence d’une forme
d’orgueil (intellectuel) et,
donc, d’un manque d’abandon (théologal),
d’humilité,
de disponibilité à la Motion de l’Esprit Saint
(à l’intime de notre âme-esprit);
toute une éducation
divine, profonde, doit se faire et, comme toute éducation,
elle implique des purifications, des ‘épreuves’.
Sous la conduite de l’Esprit Saint, l’âme-esprit
se ‘simplifie’, s’appauvrit -- “Heureux
les pauvres en esprit...”(Mt.5.3)
--; sa vie théologale
se divinise-déifie : foi pure,
dépouillée du ‘superflu’,
ferme quant à la substance de son contenu; espérance pauvre
libérée des désirs mal éclairés
ou mal orientés concernant notre pélerinage sur Terre,
--”Quand on a prié la Sainte Vierge et qu’Elle
ne nous exauce pas, c’est signe qu’Elle ne veut pas.
Alors il faut la laisser faire à son idée et ne pas
se tourmenter”(Thérèse
de l’Enfant-Jésus)--,
véritablement eschatologique, libérée de tout
ce qui peut la dérouter (des ‘comment’ regardant
le Retour en Gloire du Christ); charité ardente, éclairée,
qui doit être prête à supporter toutes les trahisons
-” Jésus lui dit: ‘Judas, c’est par un baiser
que tu livres le Fils de l’homme.’(Lc.22.48)-.” Cette
croissance théologale introduit l’âme-esprit dans
la Nuit de l’Esprit (selon
le langage de Jean de la Croix) et exige,
elle aussi, persévérance, non découragement
devant les difficultés ... (cf. Lc.9.62)
... “Quiconque
ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière Moi ne peut être
Mon disciple.” (Lc.14.27).
Jean de la Croix : “...Les trois vertus théologales,
qui sont les objets surnaturels de nos trois puissances (intelligence-mémoire
et volonté) et servent à l’âme pour s’unir à Dieu
, font chacune le vide et l’obscurité dans la puissance à laquelle
chacune de ces vertus a rapport: la foi dans l’intelligence,
l’espérance dans la mémoire, la charité dans
la volonté. ... L’intelligence se perfectionne dans
les ténèbres de la foi, la mémoire dans le vide
de l’espérance, et la volonté doit entrer dans
la privation et le dénuement de toutes les affections pour être
en état de s’approcher de Dieu. “(M.C.II.6) Cette
croissance-approfondissement de notre Vie théologale est un
chemin sûr, ‘royal’, ouvrant l’âme à la
Contemplation mystique. Jean-Paul
II: “L’un des apports
les plus précieux de St.Jean de la Croix à la spiritualité chrétienne
est sa doctrine concernant le développement de la Vie théologale”,
( Lettre apostolique pour le 4ème centenaire de la mort de
St.Jean de la Croix, 14.12.1990)
Ces purifications nécessaires du ‘sens’, ces purifications-croissances
de la vie spirituelle-théologale, doivent se faire avec discernement-discrétion.
Toute vie spirituelle implique une croissance très variable
d’une personne à l’autre: conditionnements du
caractère-tempérament, de l’éducation,
du milieu de vie; il ne faut pas que l’âme ‘retourne
en arrière’ , abandonne son orientation, sa croissance
spirituelle! Maintenir le cap ‘vers le Haut’ et vers
le ‘Large’, quelles que soient les circonstances!
Toute méditation est, doit être, porte ouverte à la
Contemplation. La Contemplation mystique,
divine, est Contemplation théologale se donnant dans la pureté, la pauvreté d’une
Vie de foi, d’espérance et de charité; contemplation ‘à l’obscur’, ‘générale’ (ne
se donnant pas dans des connaissances particulières-déterminées),
un ‘repos’ dans l’Esprit,
fruit d’une co-union
d’amour entre l’âme-esprit et Dieu-Trinité ...
l’âme-esprit contemple dans la mesure de son amour surnaturel!
(ce qui est fort différent de la contemplation philosophique,
métaphysique, où l’âme contemple dans la
mesure de son intelligence métaphysique! ).
Jn.14.23: “Si quelqu’un M’aime, il gardera Ma parole,
et Mon Père l’aimera et Nous viendrons en lui et nous
ferons chez lui notre Demeure.” Jean de
la Croix: “Sachons-le
bien, le Verbe, Fils de Dieu, réside par essence et par présence,
en compagnie du Père et de l’Esprit Saint, dans l’essence
même (au coeur le plus intime) de
l’âme, et Il
y est caché. L’âme qui aspire à Le trouver
doit donc sortir, selon l’affection et la volonté, de
tout le créé (n’avoir pour le créé aucune
attache volontaire, ce qui est pauvreté d’esprit);(
... ) Dieu est donc caché dans notre âme et c’est
là que le vrai contemplatif doit Le chercher.”(C.S.1)
Selon le Bon Plaisir Divin et la grâce particulière
de telle ou telle âme, ‘avancée en sainteté’,
Dieu peut appeler cette âme à entrer et vivre dans une
profonde et douloureuse nuit de la foi --”Jésus sait
bien que tout en n’ayant pas la jouissance de la foi, je tâche
au moins d’en faire les oeuvres. Je crois avoir fait plus d’actes
de foi depuis un an que pendant toute ma vie.”(Thérèse
de l’Enfant-Jésus)-- et aussi dans
une profonde et douloureuse nuit de l’espérance --”Tu rêves la Lumière,
une Patrie embaumée des plus suaves parfums; tu rêves
la possession éternelle du Créateur, de toutes ses
merveilles; tu crois sortir un jour des brouillards qui t’environnent!
Avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera non
ce que tu espères, mais une nuit plus profonde encore, la
nuit du néant!”(Thérèse de l’Enfant-Jésus)--
qui représentent comme le ‘coeur’, le sommet,
de la Nuit de l’Esprit. ‘Nuit de réparation’ pour
tous ceux qui ne croient pas et/ou qui désespèrent
du secours divin; ‘nuit de réparation’ pour
tous ceux qui n’aiment plus, qui rejettent tout amour divin, tout
amour d’En-Haut qui élève l’âme-esprit.
Thérèse de l’Enfant-Jésus : “La
route que je suis n’est d’aucune consolation pour moi
et poutant elle m’apporte toutes les consolations, puisque
c’est Jésus qui l’a choisie, et que je désire
Le consoler tout seul, tout seul!”
ADDENDA - grâces particulières
extra-ordinaires .
La Toute-Puissance divine, souverainement libre, n’est aucunement
limitée par notre condition de créature vivant notre
pélerinage terrestre; à tous les niveaux de notre vie
humaine , Dieu peut agir selon Sa Sagesse, par des voies extraordinaires
- c’est-à-dire hors du conditionnement naturel de l’agir
de l’homme-Image de Dieu et hors du conditionnement normal-théologal
de l’agir de l’homme-Ressemblance de Dieu - pour éduquer-conforter
l’âme, la guider selon la Mission particulière à laquelle
elle peut être appelée: grâces charismatiques
. . . visions, paroles, révélations (messages), ‘sentiments
spirituels’, songes, . . . . Les lieux sont nombreux dans l’A.T.
et dans le N.T. (Gn.36.5 ... Ap.21.1).
Au niveau de la vie sensible, du ‘sens’, des connaissances ‘infuses’ (donc
non acquises par notre propre ’industrie’) peuvent
se présenter à nos sens internes et externes; la conduite à tenir
est celle que nous enseigne Jean de la Croix, ‘Docteur mystique’ :
(a) ”De même que les cinq sens externes présentent
aux sens internes les images et les espèces des objets qu’ils
perçoivent, de même surnaturellement
et sans le concours des sens externes, Dieu peut représenter aux sens internes
des images et des espèces semblables aux images et aux espèces
naturelles et de beaucoup plus belles et plus achevées. Le
démon le peut aussi.(!) (...)
L’entendement (l’intelligence,
la connaissance et donc la volonté) ne
doit pas davantage se laisser entraver par les visions bonnes dans
sa marche vers l’Union à la
Divine Sagesse (en s’y attachant et les désirant), qu’il
ne doit se laisser tromper par les visions fausses.”(M.C.II.16).
(b) Il en est de même pour des connaissances infuses, surnaturelles,
reçues directement dans les sens corporels-externes (visions,
paroles, parfums, saveurs, touchers): “Bien que ces jouissances
répandues dans les sens corporels puissent venir de Dieu,
on ne doit jamais s’y fier ni les admettre: ceci est bien à noter.
Tout au contraire, il faut les fuir, absolument, sans examiner si
elles procédent du bon ou du mauvais esprit. Plus elles sont
extérieures et corporelles, plus il est douteux que Dieu en
soit l’auteur.”(M.C.II.11)
Au niveau de la Vie spirituelle proprement
dite, de telles connaissances (infuses)
peuvent se présenter : “... quatre (types
de) connaissances purement spirituelles peuvent s’offrir à l’intelligence
... sans passer par les sens externes ou internes ...
elles s’offrent à l’intelligence
d’une manière claire et distincte par voie surnaturelle
... à savoir: les visions, les révélations,
les paroles, les sentiments spirituels ...”(M.C.II.23). Vision
de Dieu : “Nul ne peut Me voir et conserver la vie.”(Ex.33.20);
ce n’est que dans la Vision béatifique que nous verrons
Dieu tel qu’Il est.(cf.I Jn.3.2).
Jean de la Croix nous avertit : “Il faut savoir que l’Adversaire par ses astuces peut
s’entremettre jusqu’à ce niveau et causer de grands
dommages à l’âme. “(M.C.II.24 ) (cf. Gn.3.1-5
... Mt.4.8 .. Mt.7.22-23). Ce qui justifie la prudence du Magistère
ecclésial en ce domaine.
Ces ‘grâces extraordinaires’, qui sont d’une
qualité supérieure aux connaissances infuses sensibles,
ne doivent pas arrêter l’âme dans son ‘ascension’ spirituelle;
l’âme ne doit ni les mépriser, ni s’en encombrer,
s’y attacher, les désirer ... que l’âme
se tienne en pauvreté d’esprit (en
réfère
avec soin à un directeur-théologien compétent) et
demeure dans la Paix. Si elles sont de
Dieu, elles porterons des fruits d’humilité pour l’âme (respect
de la Loi naturelle, du Décalogue, de la Vérité Révélée
... obéissance de foi); elles produirons
ce que Dieu veut pour le bien de l’âme et sa Mission auprès des âmes
(cf. Gn.17.1 ... 2 Co.12.1-4). Si elles
sont de l’Adversaire,
elles conduiront l’âme à s’estimer elle-même
... ce qui lui cause un grand dommage et ouvre la porte à l’orgueil,
aux mensonges et aux égarements. Mt.7.16
: “C’est à leurs
fruits que vous les reconnaîtrez.” “Heureux ceux
qui n’ont pas vu et qui ont cru.” (Jn.20.29)
Pourquoi Dieu donne-t-il ces grâces
extraordinaires ? “Dieu,
voulant élever l’âme à une connaissance
sublime (celle qui se donne dans la contemplation mystique) et voulant
le faire suavement, commence par toucher l’extrémité inférieure
de l’âme, c’est-à-dire les sens, afin de
la conduire, suivant son mode à elle (suivant sa nature de
créature incarnée enracinée dans le sensible),
jusqu’à l’extrémité de la sagesse
spirituelle, qui ne tombe point sous le sens”(M.C.II.17); cette
croissance se fera d’autant plus aisément que l’âme
ne s’attachera pas à ces grâces sensibles extraordinaires
(cf.M.C.II.11). Quant aux grâces spirituelles extraordinaires,
Dieu les donne à ceux qu’Il a choisi pour une Mission
auprès des âmes (cf.Ac.10.3),
car Dieu veut se faire de toute âme ‘avancée en sainteté ’ une
coopératrice de Son oeuvre de Rédemption (d’où l’acharnement
de l’Adversaire à s’entremettre par ses astuces
jusqu’à ce niveau proprement spirituel) .
. . mais il ne faut pas lier ‘grâces extraordinaires’ et coopération éminente à l’oeuvre
rédemptrice : beaucoup de saint(e)s et docteurs n’ont été que
peu ou pas l’objet de grâces extraordinaires (Thomas
d’Aquin, Jean de la Croix, Thérèse de l’Enfant
Jésus, Catherine de Gênes, ...)...
les vocations divines sont les plus diverses!
ANNEXE : quelques principes utiles : cf.Jean
de la Croix, M.C.II.21.22.
* “Nous devons tellement nous servir de l’intelligence
et de la Doctrine évangélique, qu’encore que
maintenant, le voulant ou non, on nous dise quelque chose surnaturellement,
nous n’en devons recevoir que ce qui est bien conforme à l’intellignce
(loi naturelle, sagesse naturelle) et à la Loi évangélique
(doctrine de foi).” Ce principe n’exclut pas l’approfondissement
de certaines vérités de foi (par
exemple: l’Immaculée
Conception, l’Assomption) sous la motion
de l’Esprit
Saint (cf.Jn.16.13) pouvant orienter,
donner des signes, en se servant de ‘prophètes’!
* “Tout ce qui se peut faire par l’industrie et le conseil
humain, Dieu ne le fait, ni ne le dit, encore qu’Il traite
longtemps très familièrement avec l’âme.” ... “Le
Seigneur reprendra aussi pour leur compte, les élus, Ses amis,
auxquels Il s’est ici communiqué familièrement
(cf.Mt.7.22-23), de leurs défauts et paresses, dont Il ne
devait pas les avertir Lui-même, puisque par la Loi et la raison
naturelles, qu’Il leur avait données, Il les reprenait
assez.”
* “Touchant les visions et les paroles de Dieu, Dieu n’a
pas coutume de les révéler, parce qu’Il veut
toujours qu’on se serve de l’intelligence et du jugement
humain autant que l’on pourra, et toutes doivent être
réglées par eux, sauf en ce qui est de la foi, qui
surpasse tout jugement et raison, encore que ses mystères
n’y soient nullement contraires.”
PRIERE ET ORAISON : “ Au début de mon pontificat, j’ai
dit que la prière est pour moi la première des tâches
et quasi la première annonce, de même qu’elle
est la première condition de mon service dans l’Eglise
et dans le monde. Il faut réaffirmer que toute personne consacrée
au sacerdoce ou à la vie religieuse et de même tout
croyant, devront toujours considérer la prière comme
l’oeuvre essentielle et irremplaçable de leur propre
vocation, l’Opus divinum qui précède - comme
au zénith de toute leur vie, de toute leur action - n’importe
quel autre engagement. Nous savons parfaitement que la fidélité à la
prière ou son abandon sont la preuve de la vitalité ou
de la décadence de la vie religieuse, de l’apostolat,
de la vie chrétienne.” (Jean-Paul
II, Osservatore
romano, 1985-I; citation du 24.11.84)
Marthe Robin d’affirmer : “ Si le monde désaxé court à la
dérive, c’est en grande partie parce qu’il y a
trop de mouvements, pas assez de prières, trop d’actions
et pas assez d’adoration, trop d’oeuvres et pas assez
de vie intérieure. Toutes les oeuvres extérieures,
toutes les activités ne sont efficaces que dans la mesure
où Dieu en est l’Animateur. Une âme ne donne que
du trop-plein d’elle-même. Pour vivre avec Dieu, il faut
vivre au-dedans de soi; ce qui ne signifie pas vivre pour soi, renfermé,
rétréci ! Non ! L’union à Dieu , au contraire,
agrandit le coeur et dilate l’esprit. La divinisation de notre
vie s’obtient en approfondissant et non pas en s’éparpillant.
Les heures ne sont sanctifiées que si nous gardons le ‘sentiment’ de
la Présence réelle de Dieu.”
Comment demeurer en présence de Dieu (théologalement),
disponible ‘nuit et jour’ au Souffle de l’Esprit
, qui doit conduire-guider notre ‘ascension spirituelle’ ? Priez
sans cesse! (1Th.5.17;
Lc.18.1).
La prière doit être à l’âme
ce que la respiration est au corps ... cette permanence-continuité n’est
possible en toute circonstance (en ville, en prison, en voyage,...) que
si notre prière s’appuie sur une oraison courte,
répétée (oraison jaculatoire),
telle (par exemple) la simple invocation
des noms de Jésus et Marie. Dans son
Traité de l’Amour de Dieu, St.François
de Sales nous dit : “En cet exercice de la retraite spirituelle (se
retirer intérieurement du bruit, de l’agitation) et
des oraisons jaculatoires gît la grande oeuvre de la dévotion;
il peut suppléer aux défauts de toutes les autres oraisons
(les multiples dévotions,
louanges, litanies, etc.),
mais le manquement de celui-ci ne peut presque point être réparé par
aucun autre moyen. Sans celui-ci, on ne peut pas bien faire la vie
contemplative et on ne saurait que mal faire la vie active; sans
celui-ci, le repos n’est qu’oisiveté et le travail
qu’embarrassement.” C’est là l’enseignement-clef
des Pères du Désert -- ce pourquoi cette pratique est
appelée ‘secret des Pères’ ...
voir ‘Conférences’ de
St.Jean Cassien, entretien avec l’abbé Isaac : “Que
le sommeil vous ferme les yeux sur cette invocation jaculatoire,
tant qu’à force de la redire, vous preniez l’habitude
de la répéter même en dormant.” -- que
l’on retrouve dans les ‘Récits du pélerin
russe’, dans la Philocalie, dans la ‘prière de
Jésus’ par un moine de l’Eglise d’Orient,
et beaucoup d’autres écrits.
C’est l’enseignement de l’Evangile: Mt.6.6 : “Pour
toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée
(au plus intime de ton âme),
verrouille la porte (les sens,
qui sont portes ouvertes aux bruits du monde ... exigence de silence
intérieur et extérieur) et
adresse ta prière à ton
Père, qui est là dans le secret (Jn.14.23
: le Père
et le Fils et le Saint Esprit sont cachés au coeur de notre âme);
et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra (recevra,
accueillera ta prière si pauvre, si simple, qu’elle
ne s’opposera jamais à Sa Volonté).” Cette
pratique de la prière intérieure, courte, répétée, évite
l’écueil des ‘discours’, des ‘multiples
demandes’, que nous pourrions faire à Dieu (cf.Mt.6.7-13);
cette pratique doit s’allier, bien évidemment, à une
juste pratique des exigences du Décalogue! (cf.Mt.7.21).
CEC 2668: “L’invocation du saint nom de Jésus
est le chemin le plus simple de la prière continuelle. Souvent
répétée par un coeur humblement attentif, elle
ne se disperse pas dans un ‘flot de paroles’(Mt.6.7),
mais ‘garde la Parole et produit du fruit par la constance’.
Elle est possible ‘en tout temps’, car elle n’est
pas une occupation à côté d’une autre,
mais l’unique occupation, celle d’aimer Dieu, qui anime
et transfigure toute action dans le Christ Jésus.”
CEC 2667 : “ Cette invocation de foi toute simple a été développée
dans la tradition de la prière sous maintes formes en Orient
et en Occident. La formulation la plus habituelle, transmise par
les spirituels du Sinaï, de Syrie et de l’Athos est l’invocation
: ‘Jésus-Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie pitié de
nous, pécheurs! ‘.”
Cette pratique d’ascèse intellectuelle (humilité et
appauvrissement de l’intellect ... qui aime à faire
des discours variés) par volonté libre (toute
abandonnée à la
Volonté divine) est un puissant levier
pour introduire l’âme-esprit
dans l’intimité de la Vie divine trinitaire ... “Oratio
pusilli penetrabit nubes”(Si.35.17): la
prière courte,
pulsante, ‘rythmée’ pénétre les
Cieux!
Thérèse de Jésus nous dit: “Dieu
nous donne nos facultés spirituelles pour que nous nous en
servions (théologalement) et
chacune d’elles aura sa récompense;
il ne faut donc pas chercher à les tenir dans une sorte d’enchantement
(les mettre en repos-sommeil par
nous-même),
mais les laisser accomplir leur office (la
prière persévérante),
jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de les appeler à un état
plus élevé (l’oraison d’union,
le sommeil spirituel).”(
Demeures, IV.3). Et Thérèse de
Jésus de nous encourager: “Tâchons de nous éclairer
- le savoir et la doctrine sont en tout d’un grand secours
- afin de ne pas rendre notre âme responsable de ce qui ne
vient que de la faiblesse de l’imagination - laissons aller
ce traquet de moulin et occupons-nous de moudre notre farine en faisant
agir notre volonté et notre intelligence - ou de l’infirmité de
la nature ou des ruses du démon - ne nous troublons pas et
n’abandonnons pas notre entreprise comme le voudrait le démon
- .”(id.). C’est que : “Tout l’enfer se ligue
pour séduire, dérouter, une âme qui se livre à l’oraison
(la prière continue), car l’Adversaire et ses suppôts
savent qu’une telle âme leur cause beaucoup plus de torts
que ‘ des centaines d’âmes médiocres’.”(id.)
Jean de la Croix confirme : “Le moindre tort fait à une âme
d’oraison importe beaucoup plus au démon que des dommages
bien plus considérables causés à beaucoup d’autres.”(V.F.3)
CEC 2713: “L’oraison est l’expression la plus
simple du mystère de la prière. L’oraison est
un don, une grâce; elle ne peut être accueillie que dans
l’humilité et la pauvreté. L’oraison est
une relation d’alliance établie par Dieu au fond de
notre être. L’oraison est communion: la Trinité Sainte
y conforme l’homme, Image de Dieu, ‘ à Sa ressemblance’.”
En l’oraison (dite
vocale, si les paroles de la prière
sont prononcées extérieurement; dite mentale si les
paroles ne sont prononcées qu’intérieurement),
l’âme-esprit est, de plus en plus profondément
livrée, à l’opération du Saint Esprit
en elle. Les facultés spirituelles sont (peu à peu) fixées en Dieu : oraison de quiètude où la volonté est
fixée en Dieu (mais: l’imagination interfère
plus ou moins et la durée se fait sentir),
oraison de contemplation infuse (volonté et intelligence fixées en Dieu ...
l’imagination n’a plus de part, mais la durée
se fait sentir), oraison d’union (les
trois facultés
spirituelles sont fixées en Dieu). Les
grâces d’oraison
d’union , typiques des cinquièmes demeures thérésiennes
(et des Demeures VI et VII) , plongent
l’âme-esprit ,
pour une durée variable (d’une quinzaine de minutes à une
heure et plus), dans un véritable sommeil spirituel (extase
dans la ténébre, grand oubli).
Le Saint Esprit opère,
suaviter et fortiter, à l’intime de l’âme-esprit,
mise en sommeil spirituel (à l’extrême opposé du
faux quiètisme, où ce sommeil est atteint par soi-même);
l’esprit de l’Orant reçoit des lumières
confuses et générales, subit des purifications (sous
anesthésie!) et est enté -greffé de plus en
plus profondément en le Mystère de la Très Sainte
Trinité.
Thérèse de Jésus affirme
: ” On est absolument
mort au monde pour vivre davantage en Dieu. C’est là une
mort délicieuse. Une mort, parce que l’âme y est
soustraite à toutes les opérations qu’elle peut
produire, tandis qu’elle est unie au corps; délicieuse,
parce que si l’âme paraît réellement se
séparer du corps, c’est pour mieux vivre en Dieu (...)
elle est plus unie à Dieu qu’à son propre corps!” (Demeures
V.1). Cette affirmation se comprend mieux si
l’on se rappelle
que “L’âme vit bien plus en l’objet de son
amour que dans le corps qu’elle anime, car elle ne tire pas
sa vie du corps; elle donne vie au corps, et, elle-même vit
par l’amour en l’objet qu’elle aime.”(Jean
de la Croix,C.S.8). A Catherine
de Gênes (1447-1510), Jésus
dit : “O âme bien-aimée, sais-tu qui trouve mon
Amour ? C’est celui qui a le coeur pur et net de tout autre
amour. Quand il l’a trouvé, il se tient content et satisfait
quoiqu’il ne sache ni comment J’opère, ni où il
en est, puisque l’Amour opère
dans le secret,
subtilement, sans rien qui apparaisse à l’extèrieur. Un tel
homme demeure continuellement envahi sans envahissement; il reste
lié et il ne sait pas Qui le tient (,,,) L’âme
ne peut se servir d’aucune faculté spirituelle; elle
paraît être une chose sans discernement, muette et aveugle.
Le Divin Amour a vaincu et lié tous les sentiments de l’âme
et du corps.”(Dialogues).
St.Antoine (patron
des ermites, IVème siècle) nous
dit : “La prière d’un religieux n’est point
parfaite, lorsqu’en la faisant, il connaît et il s’aperçoit,
lui-même, qu’il prie.” (Beaucoup
d’âmes
priantes tirent une vaine gloire de leur temps de prière et
de leurs multiples dévotions ...).
Thérèse de Jésus de dire à ses soeurs
: “ Il n’y a qu’un chemin, c’est l’oraison. Si
on vous en indique un autre, on vous trompe!” Marthe Robin
de dire : “ Ma vie vaudra ce que vaudra mon oraison!”.
Le ‘secret des Pères du désert’ est la
voie royale de l’Ascension mystique: un
chemin aisé (praticable
par les plus pauvres-ignorants), court (qui élève rapidement
l’âme vers l’Union divine),
parfait (car l’âme
ne peut ‘se glorifier’ que de son humilité et
non de son acquis), assuré (car,
l’Adversaire ne peut
s’y entremettre : “Oh! l’heureux état que
celui où ce maudit ne peut nous nuire!”(Thérèse
de Jésus, Demeures.V.1) ). Ce chemin
est un chemin parmi d’autres
... puisqu’il demeure un moyen ... même s’il représente
la voie royale !
En et par cette vie d’oraison,
l’âme-esprit vit
en profondeur l’Amour de Dieu et l’amour-charité envers
toutes les âmes sorties de la Main de Dieu; elle est élevée à la
Contemplation mystique, infuse.
Cette Contemplation ne l’enferme
aucunement sur elle-même; les oeuvres de Miséricorde
s’ouvrent devant elle (selon
la grâce particulière
de chaque âme): consoler (ne
pas laisser seul), adorer et prier (pour
ceux qui ne prient plus et n’adorent plus),
pardonner, enseigner-éduquer, nourrir-vêtir-soigner
les corps, ... . L’âme vit cette exigence divine: “Montrez-vous
miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.” (Lc.6.36)
Marthe et Marie (Lc.6.38-42 ) ne s’opposent pas ! Elles sont
complémentaires: “ Croyez-moi, Marthe et Marie doivent
aller ensemble pour donner l’hospitalité à Notre
Seigneur, l’avoir toujours en leur compagnie (‘Marie’ ...
contemplation, adoration aimante), et ne pas
Lui réserver
un mauvais accueil, en ne Lui donnant point à manger (‘Marthe’ ...
les oeuvres de miséricorde).” (Ste.Thérèse
de Jésus, Demeures VII.4). Sans oublier
que ‘ Marie
a choisi la meilleure part; elle ne lui sera pas enlevée’.
Tout notre ‘agir de croyant’ doit être enveloppé par
la Contemplation!
CEC 2679: “MARIE EST L’ORANTE
PARFAITE,
figure de l’Eglise.
Quand nous La prions, nous adhérons avec Elle au dessein du
Père, qui envoie Son Fils pour sauver tous les hommes. Comme
le disciple bien-aimé, nous accueillons chez nous la Mère
de Jésus, devenue la Mère de tous les vivants. Nous
pouvons prier avec Elle et La prier. La prière de l’Eglise
est comme portée par la prière de Marie. Elle lui est
unie dams l’espérance.”
Le ‘secret’ de Marie : La
Dévotion (exercice de
la vertu de religion) mariale (qui ‘regarde’ Marie) est
un chemin aisé (même si les croix sont présentes
... ‘confiture des croix’), court
(on ne s’y égare
pas, on chemine avec joie et facilité),
parfait (c’est
le chemin que Jésus a pris pour venir jusqu’à nous),
assuré (Jésus Lui-même nous l’a indiqué:
Jn.19.27). (cf.Grignon
de Montfort, Traité de la vraie dévotion .
. . la ‘vraie’ dévotion doit être portée
par la foi, la Vie théologale, nourrie de la Parole divine
et de l’enseignement du Magistère!).
A Jésus par Marie dans l’Esprit d’amour du Père
Au Père par Jésus dans l’Esprit d’amour
du Fils !
ANNEXE: Au terme de son ‘ascension mystique’, l’âme-esprit
reçoit la grâce de l’Union transformante scellée
par une vision intellectuelle de la Très Sainte Trinité (pouvant
revêtir des modalités particulières différentes) ... ‘union’: sa volonté est ‘substantiellement’ unie à la
Volonté divine ... “Les Trois Personnes Divines se montrent à l’âme
par une vision intellectuelle ... à la lumière d’une
flamme qui éclaire son esprit ... elle reçoit l’intelligence
de Jn.14.23 ...”(Dem.VII.1). L’âme, fiançée,
devient épouse et entre dans les VIIèmes Demeures.
L’âme-épouse est appelée à une fécondité apostolique
(fort diverses suivant l’élection
divine);
l’U.T.
, ‘sommet’, est en fait un nouveau point de départ! Le
Mariage spirituel (le FH en Son
humanité glorifiée ‘s’unit’ à la
personne-épouse) et la Vive Flamme (qui
brûle délicieusement
toute la personne ... suaviter et fortiter) sont
des grâces
typiques ‘post-U.T.
QUELQUES REFLEXIONS SUR LE “NOTRE PERE”
CEC 2763: “L’Oraison dominicale (c’est-à-dire ‘prière
du Seigneur’) est la plus parfaite des prières (...)
En elle non seulement nous demandons tout ce que nous pouvons désirer
avec rectitude, mais encore selon l’ordre où il convient
de le désirer. De sorte que cette prière non seulement
nous enseigne à demander, mais elle forme aussi toute notre
affectivité (citation de
S.Thomas d’Aquin).”
Nous proposons ci-dessous la traduction de Mgr.Léonard (cf.Ed.de
l’Emmanuel).
NOTRE PERE DU CIEL : “du
ciel” manifeste la Transcendance
de la Paternité de Dieu par rapport à toute paternité humaine
... le ‘qui es aux Cieux’ est moins adéquat, car
cette expression introduit une idée de localisation.
“
Père”: Filiation divine pour Jésus, adoptive
pour nous (cf. Jn.20.17... les deux filiations sont bien distinguées).
CEC 2784: “Ce don gratuit de l’adoption exige de notre
part une conversion continuelle et une vie nouvelle. Prier notre
Père doit développer en nous deux dispositions fondamentales:
le désir et la volonté de
Lui ressembler.
Créés à Son
Image, c’est par grâce que la Ressemblance nous est rendue
et nous avons à y répondre...”; CEC 2785: “Un
coeur humble et confiant qui nous fait ‘retourner à l’état
des enfants’(Mt.18.3); car c’est aux ‘tout-petits’ que
le Père se révèle (Mt.11.25).... (1) Il nous
communique la vie et l’exister en créant notre âme
avec ses facultés par où nous sommes à Son Image-Ressemblance.
(2) Il nous assure le nécessaire pour l’exercice de
notre vie végétative (Mt.6.25-34), humaine et spirituelle
(Jn.6.51;Mt.4.4;Jn.4.34). (3) Il nous éduque au travers des événements
de notre vie, ce qui implique de notre part une attitude d’abandon-confiance
ordonnée à notre épanouissement divin. (4) Il
nous pardonne nos fautes-péchés, nos égarements,
nos aveuglements (cf.Pierre, Mt.16.23; Jn.18.17 et ss; voir aussi:
Marie de Lazare, Lc.7.38,47). (cf. la demande spécifique du ‘Notre
Père’). (5) Il nous aime et nous rend participant de
Son Amour, de Sa Lumière-Vérité, de Sa Vie et
nous enveloppe de Sa Miséricorde (cf.Lc.15...la brebis perdue,
l’enfant prodigue). (6) Il nous donne Son Verbe-Fils, Son Esprit
de vérité et de sainteté, nous introduisant
dans Son Circulus d’Amour trinitaire. (7) Il nous donne Marie
l’Immaculée, ‘Complément de la Très
Sainte Trinité’ (Père Max.Kolbe), pour Mère
(Jn.19.26-27) et Mère de l’Eglise (Paul VI, 21.11.64).
“ Notre”: tout homme est fils, créature du même
Père ... tout homme est notre frère ...exigence de
justice et de charité ... CEC 2790: “... En priant ‘Notre
Père’, chaque baptisé prie dans cette communion: ‘La
multitude des croyants n’avait qu’un seul coeur et qu’une
seule âme’.(Act.4.32).
QUE, SUR LA TERRE COMME AU CIEL : ceci se rapporte aux trois demandes
qui suivent (et non à la seule volonté); “au
Ciel”: choeur des anges et des saints.
TON NOM SOIT SANCTIFIE-GLORIFIE : le Nom -
- manifeste
le Mystère de Dieu-Trinité Sainte
... que ce Mystère
soit connu, vécu, glorifié par toute créature...
CEC 2858: “En demandant ‘Que Ton Nom soit sanctifié’ nous
entrons dans le dessein de Dieu, la sanctification de Son Nom - révélé à Moïse,
puis en Jésus - par nous et en nous, de même qu’en
toute nation et en chaque homme.” (Cf.Jn.17.11).
TON REGNE ARRIVE-VIENNE : ce Règne est déjà proportionnellement
venu ... nous attendons sa réalisation plénière...
il se manifeste (en particulier) en notre intelligence éclairée
par la lumière de la foi et en notre coeur-volonté gouvernée
par la Charité-amour ...CEC 2859 :”Par la deuxième
demande, l’Eglise a principalement en vue le Retour du Christ
et la Venue finale du Règne de Dieu. Elle prie aussi pour
la croissance du Royaume de Dieu dans l’aujourd’hui de
nos vies.” (Ap.22.20).
TA VOLONTE SOIT FAITE : notre volonté humaine soumise -harmonisée,
consciemment et librement, à la Volonté divine ...
cf.Jn.8.31-32;Jn.18.37; ‘marcher dans la lumière’ (1
Jn.1.7); se garder des antichrists et du père du mensonge
(Jn.8.44) ... être enfant de Dieu(1 Jn.3.1); témoin
de l’Amour (1 Jn.4.8); garder les commandements (1 Jn.5.2)
... . CEC 2860:”Dans la troisième demande, nous prions
Notre Père d’unir notre volonté à celle
de Son Fils pour accomplir son dessein de salut dans la vie du monde.”...cf.Mc.14.36;
Lc.22.42.
DONNE-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN EUCHARISTIQUE (‘epiousios’ - ‘supersubstantialem’ ...
plus que substantiel, donc ‘divin’). CEC 2861: “Dans
la quatrième demande, en disant ‘donne-nous’,
nous exprimons, en communion avec nos frères, notre confiance
filiale envers notre Père des cieux. ‘Notre pain’ désigne
la nourriture terrestre nécessaire à notre subsistance à tous
et signifie aussi le Pain de Vie: Parole de Dieu et Corps
du Christ.” Cf.Jn.6.51. ‘Mt.6.25-34’ manifeste
clairement qu’il y a un ordre de sagesse dans dans les demandes
que nous faisons à Dieu! ((‘Pain’ : toute Nourriture
divine ! ))
PARDONNE-NOUS NOS OFFENSES, COMME NOUS PARDONNONS AUSSI A CEUX QUI
NOUS ONT OFFENSES : le péché défigure l’Image
et la Ressemblance de Dieu qui est en nous ... soyons plus affligés
de ‘peiner’ Dieu notre Père par nos péchés,
que de ne pas être aussi parfait que nous le voudrions! “Comme”:
le refus du pardon à mon frère endurcit mon coeur et
me rend moins capable de recevoir le pardon de Dieu (cf.Mt.6.14-15);
mais, le pardon divin est souverainement gratuit, au-delà de
toute mesure! CEC 2862: “La cinquième demande implore
pour nos offenses la miséricorde
de Dieu,
laquelle ne peut pénétrer dans notre coeur que si nous avons su pardonner à nos
ennemis, à l’exemple et avec l’aide du Christ.”
ET NE NOUS LAISSE PAS SUCCOMBER A LA TENTATION : “C’est
Moi qui les permet, par amour et non par haine; pour que l’âme
triomphe et non pour qu’elle soit vaincue; pour qu’elle
parvienne à cette connaissance parfaite de Moi-même
et d’elle-même; pour que sa vertu soit éprouvée,
et elle ne peut l’être que par son contraire.”(Jésus à Catherine
de Sienne). Les tentations sont au service de notre éducation
profonde, divine ... une école de maturité spirituelle.
Nous ne demandons pas à Dieu de supprimer toute tentation
sur notre chemin - Dieu a permis que Jésus Lui-même
soit tenté (Mt.4.1-11) - mais de ne pas succomber à la
tentation! CEC 2848 : “ ... ‘Aucune tentation ne vous
est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle;
Il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de
vos forces. Avec la tentation, Il vous donnera le moyen d’en
sortir et la force de la supporter.’(1 Co.10.13)”
MAIS, DELIVRE-NOUS DU MAL (DU MALIN) : L’Adversaire veut faire de nous
des esclaves du péché, du mensonge, de la haine. CEC 2851: “Dans
cette demande, la mal n’est pas une abstraction, mais il désigne
une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu.
Le ‘diable’ est celui qui ‘se jette en travers’ du
dessein de Dieu et de son Oeuvre de salut accomplie dans le Christ.” ...
cf.Jn.17.15.
AMEN : CEC 2865: “Par l’ Amen final nous exprimons notre ‘fiat’ concernant
les sept demandes: ‘Qu’il en soit ainsi’.”